Interview

Entrevue avec MARUOSA

20/05/2009 2009-05-20 22:00:00 JaME Auteur : Jerriel & Shadow-X

Entrevue avec MARUOSA

JaME a eu l'opportunité de s'entretenir avec le musicien cybergrind MARUOSA lors du festival L'Expérience japonaise '09.


© Eric Bossick
Bonjour. Pouvez-vous s'il-vous-plaît vous présenter à nos lecteurs qui ne vous connaîtraient pas encore ?

MARUOSA : Bonjour, je suis MARUOSA, je viens de Tôkyô. De tous les artistes présents au festival, je suis sans doute celui qui interprète la musique la plus bruyante. Mais la plus bruyante ne veut pas forcément dire la plus terrifiante. Je veux juste faire la musique la plus énergique qu'il soit. Si vous en avez la possibilité, venez me voir jouer.

Nous viendrons (rires) ! Comment avez-vous découvert le cybergrind et qu'est-ce qui vous a poussé à en faire ?

MARUOSA : C'est un peu par hasard que j'en suis arrivé là. J'ai au départ rassemblé plusieurs types de musique que j'appréciais. Le fait que je fasse maintenant du cybergrind est le fruit d'une démarche plutôt inconsciente.

Avez-vous des influences particulières ?

MARUOSA : Je suis très influencé par les musiques rapides et bruyantes, telles que le hardcore ou le grindcore. Mais je pense recevoir également une influence non négligeable de la part des mangas, et plus particulièrement des anciens.

Qu'est-ce qui vous a poussé à créer votre propre label Rendarec ? Etait-ce l'envie de réunir quelques amis ou aviez-vous une réelle démarche artistique ? Eprouviez-vous par exemple des frustrations créatrices auprès d'autres labels ?

MARUOSA : Il est vrai qu'en créant Rendarec, mon désir premier était de diffuser ma musique dans le monde. Comme je n'ai pas eu l'occasion d'être signé sur d'autres labels, je me suis dit que je pouvais très bien faire le mien, afin de produire et diffuser ma propre musique.

Le style musical de vos débuts semble complètement différent de ce que vous faîtes actuellement. Lorsque vous réécoutez vos anciennes compositions, quel est votre ressenti ?

MARUOSA : J'en ai honte maintenant (rires).

Comment expliquez-vous cette évolution musicale ?

MARUOSA : (réfléchit) Ca a été une mutation soudaine (rires).

Pourquoi avez-vous honte de ce que vous composiez dans le passé ?

MARUOSA : Parce que je faisais de la musique pop plutôt mignonne, c'est complètement à l'opposé de ce que je fais maintenant (rires).

Pouvez-vous nous dire comment se déroule la composition de vos morceaux actuellement ? Cette démarche a-t-elle évolué au fil des années ?

MARUOSA : Ma façon de composer n'a pas vraiment évolué avec le temps. La différence est que maintenant je crie.

Vous collaborez avec Bong-Ra sur le projet DEATHSTORM. Comment avez-vous été amené à travailler ensemble, alors que vous jouez chacun sur un terrain finalement assez différent et que vous êtes géographiquement éloignés ?

MARUOSA : Nous nous sommes rencontrés lorsqu'il est venu faire une tournée au Japon. Nous avons joué plusieurs fois ensemble au cours de différentes soirées et il est venu me dire que ce que je faisais l'inspirait beaucoup. Nous avons discuté et nous nous sommes aperçus que nous écoutions les mêmes choses. C'est ainsi que nous avons décidé de travailler ensemble.

Lors de vos concerts, vous chantez sur une bande enregistrée. Pourquoi privilégiez-vous la spontanéité vocale plutôt que la manipulation instrumentale ?

MARUOSA : Je ne joue d'aucun instrument, je me trouve donc dépendant d'un ordinateur pour composer. En live, la plupart des musiciens qui utilisent un ordinateur ne bougent pas. Ils n'ont pas à le faire. C'est quelque chose que je trouvais plutôt ennuyeux, et c'est ainsi que j'ai commencé à faire des performances en me retrouvant à hurler sur scène.

Votre musique est assez excessive alors que dans la vie vous avez, semble-t-il, un tempérament plutôt posé. La violence est-elle l'exutoire d'une énergie qui aurait peine à être catalysée en société ?

MARUOSA : Il y a sûrement une part de vérité dans ce que vous dîtes. Mais il n'est pas question de haine dans ma musique. J'essaie juste de remonter le moral des gens, de les encourager à aller toujours de l'avant.

Avez-vous une opinion sur la musique dite commerciale au Japon ? Etes-vous contre ses principes qui tendraient plutôt à fournir une culture de masse ?

MARUOSA : C'est difficile à dire (rires). Comme je n'ai aucun lien avec les musiques commerciales, je ne sais pas trop quoi en penser. Mais des personnes comme DODDODO ou moi-même, qui ont une grosse activité à l'étranger, sont totalement ignorées au Japon. Dans un certain sens, nous ne serions pas contre vendre un peu plus sur notre propre territoire.

Au Japon, comment se porte la scène dans laquelle vous opérez ? Pouvez-vous nous en dire plus à ce sujet ?

MARUOSA : Le milieu du cybergrind est très important au niveau international, spécialement en Europe. Mais au Japon, il y a tellement peu d'artistes qui en font que je ne suis même pas sûr que l'on puisse parler d'une scène spécifique.

Quels groupes japonais ou internationaux conseilleriez-vous à quelqu'un qui est étranger à ce milieu ?

MARUOSA : (réfléchit) Je ne connais personne qui fasse exactement le type de musique que j'interprète. Le mieux c'est de venir m'écouter (rires).

Vous êtes passé en France en juillet, à l'occasion de la tournée Osaka Invasion. Etait-ce la première fois que vous tourniez en Europe ?

MARUOSA : C'était en fait la deuxième fois.

Quelles ont été vos impressions sur vos concerts en France ?

MARUOSA : Je suis venu jouer à Paris et à Marseille. Et je dois dire que j'ai été particulièrement frappé par le public marseillais, complètement fou et réceptif à ce que je faisais (rires). Ca a été une très bonne expérience, j'adore Marseille.

Vous êtes aujourd'hui au programme du Lex à Nîmes. Comment avez-vous obtenu cette opportunité ?

MARUOSA : Franck Stofer, le directeur artistique du festival, habite près de chez moi à Tôkyô. Nous nous sommes rencontrés il y a environ un an et nous avons discuté à propos de la biennale. Nous pensions que ça pouvait être intéressant que j'y participe, et me voilà ici aujourd'hui.

Pour finir, que conseilleriez-vous à quelqu'un qui voudrait se lancer dans la folle aventure qu'est la création musicale expérimentale et complètement barrée ?

MARUOSA : N'hésitez pas à mélanger les genres, à vous imprégnez de tout ce que vous aimez.



JaME remercie chaleureusement Franck Stofer, le directeur du label Sonore et directeur artistique du Lex, Antoine Chosson, l'attaché de presse du Théâtre de Nîmes, Satoko Fujimoto, notre interprète, et bien sûr MARUOSA.


Pour plus d'informations concernant les artistes du Lex, n'hésitez pas à consulter le site de Sonore ici.
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