Il était une fois le visual kei...
2012. Lorsqu'on me tend aujourd'hui un album de visual kei en me conseillant de l'écouter, je dis souvent que j'ai déjà donné et que je ne veux plus entendre les growls torturés d'un chanteur pourtant bon en chant clair et les riffs lourds d'un guitariste travesti pour cacher la médiocrité de son jeu. Mais qui n'a jamais rêvé de découvrir le visual kei à son apogée ? La vraie, pas celle des années 2000 et son lot de copy bands, mais celle des années 90, lorsque le genre rimait encore avec originalité.
Raphael s'inscrit dans cette époque et a su faire évoluer sa musique autour de différents styles et de vêtements kitsch de 1997 à 2001. Sick~XXX est son premier maxi single et malgré la pochette présentant un chanteur scarifié dans un hôpital glauque (sujet exploité des centaines de millions de fois par le genre), sa date de sortie, 1999, me donne envie de m'y plonger.
La première chanson, Synagogue zensoukyoku~dai-ni gakushou ~hen ho tanchou~ (Synagogue pour les intimes), débute par une introduction entre sonorités arabes et jeu vidéo. Le tout forme une sorte de musique religieuse et épique, loin, très loin des standards du visual kei.
Mais le groupe va se raccrocher à son style dès le deuxième titre, grâce à un pop-rock nerveux et à la voix typiquement japonaise, donc nasillarde, du chanteur. La mélodie et le rythme sont simples, mais les instruments sonnent crus et chacun semble avoir son importance, et, lorsque l'intro de la troisième chanson commence à résonner - des pas, une sonnerie de téléphone et un accordéon -, on comprend que le groupe cherche et réussit à créer une musique simple mais efficace. La chanson éponyme du single est elle aussi, bien ancrée dans les bases du genre, mais une certaine inspiration se dégage de ce morceau au tempo plutôt rapide qui diversifie sans cesse les instruments utilisés - guitare électrique, moment symphonique, etc. - créant la surprise.
La piste secrète est un bordel de guitare et de voix digne des plus grands groupes de nu métal de garage. Bref, c'est moche et mauvais, mais le but semble surtout de surprendre et faire rire. Enfin, je l'espère.
En écoutant Sick~XXX, mon but était de savoir si le visual kei pouvait se détacher de ses stéréotypes tout en gardant une base reconnaissable. Dans ce maxi, malgré une voix toujours nasillarde et un jeu simple à mi-chemin en pop, rock et punk, Raphael semble tirer profit de ces bases pour composer, autour, une diversité qui fait sa force.
Un album à écouter donc, si ce n'est pas déjà fait, même pour les allergiques du genre car, au risque de ne pas aimer, on peut au moins y découvrir la richesse oubliée d'un style de musique aujourd'hui trop commercial.