Fin février dernier se déroulait la troisième édition de la Japan Expo Sud à Marseille. Retour sur les différents concerts qui ont eu lieu là-bas.
C'est du 25 au 27 février que se déroulait la petite sœur de la convention Japan Expo dans le sud de la France. Comme son aînée, celle-ci a pour but de présenter les prestations live de groupes japonais. Les spectacles de cette année furent modestes mais pas inintéressants, notamment avec les jeunes mais expérimentés TarO&JirO, le plus vieux mais tout aussi doué Daisuke Tsutsui avec son projet Galaxy7, la vue et revue Yuuki, et surtout une tête d'affiche métal au nom de HEAD PHONES PRESIDENT. Retour rapide sur le déroulement musical de ces trois jours.
HEAD PHONES PRESIDENT - Showcase acoustique - :
À l'inverse de bien des groupes présents à la Japan Expo depuis des années, HEAD PHONES PRESIDENT proposait à ses fans et aux spectateurs deux concerts différents sur la durée de la convention. Le premier eut lieu le vendredi, et était tout simplement un showcase acoustique.
C'est donc quarante minutes durant que le groupe nous a bercés de sa musique qui supporte parfaitement cette transformation, la violence se transformant en une certaine beauté malsaine. Le set est principalement axé sur les deux derniers albums, PRODIGIUM, et bien sûr Pobl Lliw, qui est un enregistrement acoustique.
La bande d'ANZA, bien en place, prend un grand plaisir à jouer, avec une aisance et une réussite qui fait oublier que le groupe est à la base une formation de métal. La chanteuse, elle, délaisse sa schizophrénie vocale propre aux versions habituelles des chansons pour y faire ressentir un certain mal-être.
Un premier show exceptionnel, qui laisse espérer que ce ne soit pas la dernière fois que nous puissions voir HEAD PHONES PRESIDENT dans cette convention.
Yuuki :
Yuuki prend le relais juste après la performance incroyable de HEAD PHONES PRESIDENT, ce qui n'est pas forcément un avantage. La lumière la met en avant avec brio, mais la large scène semble bien vide dès le début. La jeune chanteuse paraît pourtant être une habituée des planches, assurant une bonne ambiance dès le premier titre. Elle sait sans aucun doute drainer la foule avec enthousiasme. Parmi ses effets, des gestes dynamiques à reproduire au son de ses chansons pop. La demoiselle va chercher son public, au sein duquel certaines personnes semblent déjà conquises d'avance par sa jeunesse, et harangue la foule éparpillée dans l'immense hall par de belles phrases travaillées en français. Elle s'avance d'un côté, puis de l'autre faisant voler ses jupons. Malheureusement, sa gaîté n'influe pas vraiment sur la qualité des compositions en elles-mêmes, qui restent répétitives et assez basiques. La jeune fille manque parfois de souffle, notamment quand elle se lâche sur un morceau plus rock et en perd de peu la justesse. Mais les chansons, bien que moyennes, s'enchaînent agréablement. Sans aucun doute, le fait qu'elle soit seule sur scène ne l'aide pas beaucoup. Le manque de musiciens ne relève pas le niveau de la performance musicale, celle-ci étant totalement absente, et la prestation vocale, loin d'être extraordinaire, ne la fait pas briller non plus. Son expressivité n'est pas non plus très impressionnante, d'autant plus en passant après ANZA aux mille facettes, elle ne peut être qu'écrasée sur ce terrain-là. Le genre dans lequel elle officie ayant souvent pour arme le nombre de jeunes filles, Yuuki part avec un boulet au pied dans cette bataille pop. Cependant, en s'investissant dans son jeu de scène, elle développe des qualités plaisantes qui arrivent à compenser ses quelques défaillances. En conclusion, la performance de Yuuki reste un bon divertissement, aidant à se changer les idées avec un peu de gaîté mais rien de particulièrement marquant musicalement.
Galaxy7 :
Changement d'ambiance avec Galaxy7, qui, à l'inverse des autres personnalités présentes, joue dans un style aux confins de la musique électronique. Le duo, dirigé par Daisuke Tsutsui, est en effet une formation qui s'inspire de groupes tels que Radiohead. Et pour ne pas mentir, cela s'entend sur scène ! Les morceaux oscillent entre passages dansants et d'autres plus mélancoliques, portés par la voix assez nasillarde de Daisuke, parfois proche de celle de Brian Molko. Mais question d'ambiance, ou de public, les compositions ont du mal à prendre devant le parterre, comme s'il manquait quelque chose pour rendre ce live plus que "simplement bien". Une musique parfaite pour jouer devant de nombreuses personnes en soirée, mais qui, devant le public très mou de la convention, a du mal à passer. Ce n'est donc pas la faute des compositions, qui d'ailleurs sont extrêmement bien faites. Attendons donc de voir Galaxy7 et son électro dansant dans d'autres conditions très vite, pour, on l'espère, contredire cet avis.
HEAD PHONES PRESIDENT - Showcase électrique - :
C'est le samedi qu'HEAD PHONES PRESIDENT revient, en formation électrique, pour nous livrer un concert cette fois-ci... électrique ! Et la surprise était grande pour ceux présents la veille qui ne connaissaient pas le groupe. En effet, HEAD PHONES PRESIDENT joue un néo-métal aux constructions et au son très proches de KoRn, ou encore Slipknot, sur lequel se place la voix féminine d'ANZA.
Classique, mais efficace : voici comment définir simplement la prestation de ce groupe qui prend toute son ampleur en concert, porté avant tout par le charisme de sa chanteuse qui livre, cette fois-ci, une véritable prestation torturée. Se roulant par terre, haranguant le public, exultant ses sentiments à la foule, cette dernière se déhanche avec force à l'entente des compositions du groupe. Cependant, les autres membres ne sont pas en reste ! Narumi, le bassiste, saute dans tous les sens tandis que Hiro, le guitariste, joue riffs percutants et solos endiablés !
Faisant le tour de tous ses albums, en faisant la part belle à PRODIGIUM et FOLIE A DEUX, le concert est une véritable réussite, qui conquiert le cœur des spectateurs, bien nombreux ce jour-là.
TarO et JirO :
Ces deux frères étaient en quelque sorte la surprise de la Japan Expo Sud ! Quasiment inconnus, sortis d'on ne sait où, les deux Japonais exilés à Londres et leur pop-rock acoustique ont fait rayonner le public de la convention ! Musicalement très proches d'un artiste comme MIYAVI, auquel les deux empruntent nombres de gimmicks, les frères jouent une musique très simple mais terriblement accrocheuse, qui donne une folle envie de danser ! Les morceaux s'enchaînent ainsi avec facilité, les refrains efficaces rentrent dans la tête, et c'est un parterre plein qu'ont conquis TarO et JirO. S'amusant avec le public, et en totale interaction avec lui, les deux guitaristes semblaient très heureux d'être là et leur musique, très joviale, seyait à merveille à leur humeur ! Un groupe que nous avons hâte de découvrir à nouveau en live !
Au final, de quoi espérer que la SEFA continuera dans cette voie-là pour nous proposer une sélection d'artistes toujours plus grande et éclectique.