Interview avec Emiko Yamamoto

Après une longue expérience dans la comédie musicale, Emiko Yamamoto s'est lancée en tant que chanteuse indépendante et professeure de chant. Invitée à l'édition 2023 de Japan Expo, elle est venue en France accompagnée de son producteur et pianiste Hironori Ishazaki. Nous avons pu lui poser des questions sur sa trajectoire en tant qu'artiste, et aussi aborder le thème central de ses chansons : l'amour, tel qu'elle a pu le ressentir ici, en France, face à son nouveau public.

Bonjour et bienvenue en France. Qu'est-ce qui a motivé votre participation à Japan Expo ? 

Mon producteur Hironori Ishazaki a vécu en France donc il connaît beaucoup de musiciens français. Ça a aidé. J'ai été tout d'abord surprise à l'annonce puis surtout émue car c'est la première fois que je viens à Paris. Le parc des expositions est immense et il y a énormément de monde. J'ai été très touchée en voyant à quel point les gens sont passionnés par le Japon, les mangas et les séries animées. J'espère pouvoir avoir un impact sur les français grâce au chant. Puisqu'on vient me voir, j'aimerais les remercier, transmettre ma joie de chanter et ma fierté d'être japonaise. Je voudrais avant tout répondre aux attentes du public.

L'équipe dont vous vous entourez a elle-même beaucoup voyagé pour les études ou le travail. Est-ce que ça a une incidence sur votre vision de la musique ?

J'ai aussi voyagé quand j'étais petite, je suis allée dans plusieurs pays mais ce n'est rien comparé à mon entourage. D'un côté ça m'impressionne, mais de l'autre j'arrive à m'inspirer de leurs histoires et tout ça finit par rentrer dans mon propre univers et mon écriture.

Vous avez aussi de l'expérience dans le théâtre, diriez-vous que ça influence votre interprétation sur scène ?

Oui, bien sûr. Maintenant je fais surtout de la musique pop mais j'utilise quand même ce que j'ai appris sur scène, comme la façon de se tenir ou de parler au public.

Vous faites bien de parler de musique pop : comment décririez-vous votre style musical et quelles sont vos principales inspirations ?

Je vais essayer d'expliquer au mieux ! (rire) Ce qu'il faut savoir, c'est que j'ai commencé par l'opéra et la musique classique, puis je suis passée dans le registre de la comédie musicale, et à partir de là j'ai réussi à me faire une place dans la musique pop grâce à mon producteur et pianiste Hironori Ishazaki. En fin de compte, j'aimerais devenir une chanteuse qui touche à tous les genres.

Comment avez-vous eu envie de devenir chanteuse ?

Au lycée, je faisais partie du club de la chorale. Mon professeur m'a complimentée sur ma voix et m'a donné beaucoup de parties solo. Lorsque je me suis enfin produite devant un public, les gens m'ont dit qu'ils avaient été très émus. Ça m'a fait réfléchir et j'ai compris que je voulais faire de la musique pour soutenir les gens et leur apporter quelque chose en plus.

L'amour semble être un thème central dans vos chansons. Colorful parle d'amour maternel et Tokyo de l'attachement à une ville. Pourquoi ce thème vous inspire tant ?

Merci beaucoup d'avoir compris ce qui est au centre de ma musique ! (rire) Je suis entourée de gens qui m'aiment énormément, autant à Japan Expo qu'au Japon, ils me chérissent et c'est grâce à eux que je continue de chanter. Pour Colorful, je me suis inspirée de ma propre expérience car je suis devenue mère tout récemment… à l'heure où je vous parle, mon enfant n'a pas encore un an. L'amour que porte une mère à son enfant est très spécial et c'est mon producteur qui m'a proposé d'en faire une chanson.

Le titre Tokyo m'a été inspiré par mon emménagement à Tokyo alors que je vivais auparavant à la campagne, à Fukuoka. Je suis arrivée en plein printemps alors que les cerisiers étaient en fleurs et j'ai ressenti comme une vague de nostalgie. Cette idée de lien entre les deux villes m'est venue en écrivant les paroles puis au fur et à mesure c'est devenu de l'amour pour ma région natale mais aussi pour Tokyo. Je pense que la raison pour laquelle je chante tant sur l'amour c'est qu'il s'exprime sous beaucoup de formes différentes et je tiens à les exprimer à travers mes chansons.

Quelle est la chanson qui vous tient le plus à cœur et pourquoi ?

Il y en a deux ! Je pense tout d'abord à Colorful parce que mon enfant m'attend au Japon. Mais il y a aussi Imaging World car ce dont je parle dans cette chanson, je le ressens en ce moment même. Je dis qu'il faut poursuivre ses rêves et ne jamais abandonner. Or me voilà, à Japan Expo ! Tout est possible.

En 2018, vous vous êtes tournée vers les cours de chant : est-ce que c'était une suite logique pour vous, vis-à-vis de votre carrière ?

À vrai dire, je ne pensais pas pouvoir me trouver en position de professeure car je n'ai moi-même pas fini d'apprendre et d'ailleurs, j'ai toujours envie d'apprendre de nouvelles choses. Toutefois, comme j'ai fait carrière dans la comédie musicale avec la troupe Gekidan shiki, j'ai été sollicitée par des personnes qui voulaient apprendre à chanter. C'est une suite logique dans le sens où je veux répondre aux attentes des gens qui veulent se former.

Quels sont vos projets à court terme ?

Je veux revenir à Japan Expo ! (rire) Et maintenant que je vois de mes propres yeux la passion des fans français par rapport aux mangas et aux séries animées, je me dis que je pourrais peut-être faire des chansons qui s'en inspirent.

Auriez-vous un dernier mot à dire à nos lecteurs ?

La musique dépasse les frontières ! Je suis très contente de chanter ici en France. J'espère avoir réussi à transmettre mon soutien au public français de la même manière que je le fais au Japon. S'il-vous-plaît, écoutez notre musique ! (rire) Mais aussi, je me dis qu'en tant que fan de musique j'aimerais m'intéresser davantage à la musique du monde entier.

JaME aimerait remercier Emiko Yamamoto pour cet entretien.

Vous pouvez retrouver son EP Colors sur Spotify.