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SUGIZO se produit en Irak dans un camp de réfugiés syriens

15/11/2019 2019-11-15 21:24:00 JaME Source : NKH World Auteur : Lucy C.H.

SUGIZO se produit en Irak dans un camp de réfugiés syriens

SUGIZO, guitariste de LUNA SEA, X JAPAN et musicien solo dont la carrière légendaire traverse plus de trois décennies a décidé de se rendre en Irak pour jouer un concert gratuit dans le camp de réfugiés de Darashakran.


© SUGIZO

SUGIZO, guitariste de LUNA SEA, X JAPAN et musicien solo dont la carrière légendaire traverse plus de trois décennies a décidé de se rendre en Irak pour jouer un concert gratuit dans le camp de réfugiés de Darashakran. Et ce n’est pas la première fois. Rétrospective sur l’activisme d’un artiste exceptionnel.

A 50 ans, SUGIZO peut s'enorgueillir de son parcours musical et philanthropique. Né en 1969 dans la petite ville de Hadano, dans la préfecture de Kanagawa de parents musiciens classiques, il commence par vouer son temps libre au violon, puis s’intéresse à la trompette, fasciné par le côté transgresseur de cet instrument emblématique de la scène jazz du début du XXe siècle. Ce n’est que plus tard, approchant la vingtaine, qu’il croisera le chemin de ceux qui deviendraient les membres de LUNA SEA, groupe au sein duquel il remplira la fonction de guitariste solo. Il est découvert par le célèbre instrumentiste hide (X JAPAN), en 1990, et son groupe signe l'année suivante avec le label indépendant Extasy Records, fondé par YOSHIKI, leader du même groupe. Le phénomène LUNA SEA devient par la suite l’un des plus notoires du genre visual kei et aussi l’un des premiers de ce mouvement à se produire à l’international.

Les tensions au sein du groupe mènent pourtant à l’interruption temporaire de leurs activités en 1997. Au cours des années qui suivent, ils se réuniront et se sépareront à maintes reprises, mais SUGIZO reste l’un des membres les plus actifs en solo. Il fonde son propre label, Cross, et lance ses premiers singles en même temps qu’il s’aventure dans de nombreuses collaborations avec des artistes d’origine nippone ou étrangère, parmi lesquels Mick Karn du groupe britannique Japan (éminence grise du genre glam rock qui servira d’inspiration au mouvement visual kei), Masami Tsuchiya, les londoniens Juno Reactor ou même Ryuichi Sakamoto. Son album solo Truth? atteint le numéro 12 des chartes et le guitariste est loin de vouloir se conformer aux codes parfois austères et spartiates du rock. Il expérimente avec des rythmes électroniques, dance, contemporains, avant garde ou encore psychédéliques, ses projets musicaux se multiplient et il fait preuve d’une adaptabilité caméléonique, faisant également ses premiers pas en tant qu’acteur, locuteur radio voire danseur dans Suichoku no Yume (de H. Art Chaos, projet pour lequel il produit également la musique).

C’est aussi au début des années 2000 que l’on commence à deviner en lui des préoccupations humanitaires et environnementales quelque peu hors du commun, sachant que la culture musicale nippone reste, dans son écrasante majorité, très peu politiquement engagé. Sugizo affirmera pourtant, à plusieurs reprises, qu’il ne se voit pas comme un artiste politisé : « C’est quelque chose qui ressort dans ma musique de façon indirecte », confie-t-il à la plume de Dan Grunebaum pour Metropolis.co.jp, en 2012. « Je respecte les artistes comme Bob Dylan ou John Lennon, mais je marche pas dans leurs pas. Je ne peux pas chanter tout simplement “pas de guerre”. Trop d’idéologie change la musique, c’est quelque chose que j’essaie d’éviter. » Le single No More Machineguns Play The Guitar, sorti en 2001 avec son projet Sugizo & The Spank Your Juice, est pourtant un hymne qui se dresse contre l’atmosphère tendue au lendemain des attaques terroristes du 11 septembre et à l’aube des guerres en Afghanistan et en Irak. C’est à ce moment-là aussi qu’il se joint à Ryuichi Sakamoto dans la campagne entreprise par ce dernier, No More Landmines (fin aux mines terrestres), ainsi qu’à Stop Rokkasho, campagne internationale qui veut sensibiliser le public pour les dangers de l'usine nucléaire éponyme.

En 2004 il joue à la Journée de la Terre (l'événement au Japon dédié à la paix et à la protection de l’environnement le plus important), à Tokyo, avec son nouveau projet Flare, une présence qu’il réitérera en 2006 aux côtés du trompettiste jazz expérimental Toshinori Kondo, avec qui il écrira plus tard la chanson Pray for Mother Earth. En 2008 il compose la chanson Enola Gay, nommée d’après l’avion bombardier qui a largué la bombe atomique sur Hiroshima. Sur scène, il se produit en compagnie de la chanteuse russe Origa Yakovleva et du batteur américain Greg Ellis. Ces derniers ne sont pourtant pas choisis à l’hasard et dépassent largement leur rôle de musiciens d’appui : SUGIZO souhaite démontrer sur scène que la coopération entre différents peuples est possible et que la création artistique en est témoin. Cela s’inscrit dans le même esprit des efforts d’expansion de la musique japonaise au-delà des frontières insulaires auxquels on assiste à la fin de la première décennie du nouveau siècle. Le rideau de fer serait-il bel et bien tombé ?

Ses participations à des événements à but non lucratif se multiplient par la suite et la conscience environnementale du virtuose en va de même ; en 2017 il s’affiche sur scène avec un système sonore alimenté par des piles à combustible à hydrogène peu polluantes, développées par Toyota et Honda. Appuyé par Greenpeace, il condamne fermement la chasse à la baleine et se porte volontaire dans les efforts d’aide aux populations dans la foulée du séisme et du tsunami de Tohoku. C’est aussi vers la fin de la décennie qu’il commence à voyager en Moyen Orient. En collaboration avec l’Agence des Nations Unies pour les réfugiés il se rendra d’abord en Jordanie, où il jouera gratuitement au camp de réfugiés de Aïda. Après Aïda on le reverra dans les camps de Zaatari, puis Azraq, où des réfugiés syriens s’entassent, parfois dans l’espoir de gagner l’Europe qui sommeille de l’autre côté de la méditerranée.

« [Avant] j’étais un rocker (...) je buvais, je fumais et j’étais bien capable de rentrer chez moi à quatre pattes, sans me rappeler de rien, le corps tout égratigné. Je me guidais par des pensées négatives, que le lendemain soit ou pas la fin du monde, je m’en fichais », se souvient-il dans un interview récent pour Kyodo News « (...) et puis ma fille est née en 1996. Peut-être que c’est un cliché, mais c’est là que ma façon égoïste de vivre a changé de 180 degrés. L’amour que j’avais pour elle englobait aussi les autres enfants du même âge, les enfants du reste du monde. Après m’être rendu compte du nombre de gens qui sont victimes de crimes de guerre et de menaces écologiques à l’échelle globale, j’ai décidé d’agir. »

 https://www.instagram.com/sugizo_official/
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