Live Report

GEKIROCK FES vol.4 avec GARI

26/01/2011 2011-01-26 05:00:00 JaME Auteur : matto

GEKIROCK FES vol.4 avec GARI

Quand métal et électro se côtoient au Club Asia


© GARI
Japon : véritable laboratoire des nouvelles technologies, des évolutions sociales, de la mode, mais également de la musique. Se jouant des styles, les musiciens nippons sont reconnus parmi les plus créatifs. Aujourd'hui encore se joue peut-être l'émergence d'un nouveau rock au son très nippon, sorte de mix entre métal, rock, pop et clubbing qui fleure bon les quartiers de Shibuya ou d'Akihabara. C'est avec cette idée en tête que JaME se rendait au GEKIROCK Festival du 25 juillet 2010 qui rassemblait des artistes locaux encore peu connus, malgré la présence de GARI, véritable chef de file de la fusion électro rock au Japon.

Le Club Asia est sans aucune doute l'un des clubs les plus réputés de Shibuya, et donc de la jeunesse tokyoïte. Electro, hip-hop, ou encore rock à ses heures, la salle accueillait ainsi cet event organisé par le portail des musiques hard au Japon, fort de ses magazines kiosques et online. Parmi les invités, deux groupes américains, Before their eyes et Watch Out There's Ghost, se partageaient la tête d'affiche pour célébrer les dix ans d'activités du média (une célébration qui se déroule en plusieurs volumes au cours de l'année 2010). Au rayon nippon, GARI, Fear and Loathing in Las Vegas ou encore Coldrain étaient présents. Si le premier est bien connu de notre cher public français grâce au travail de Soundlicious, les autres groupes le sont moins. Et pourtant...

Ce soir là, une foule plutôt impressionnante est réunie dans un club connu pour ses soirées hip-hop. Tous sont amateurs de musiques extrêmes dont le hardcore (punk et électro) et ses variantes. Avant que l'événement ne commence, les extraits de clips, choisis par le DJ estampillé GEKIROCK, sont diffusés sur un écran géant placé au dessus de la scène. Se côtoient ainsi des formations comme Rage Against The Machine ou Limp Bizkit pour les plus connues, mais encore Skindred, A Static Lullaby, ou bien Eighteen Visions. Mais, plus surprenant, l'électro est aussi représentée par Sydney Samson pour la house, nos français de Black Strobe, ou encore Basement Jaxx du côté anglais. Inutile de dire que le public est connaisseur.

C'est alors qu'un annonceur lance ce show qui s'annonce des plus stimulants, en présentant le premier groupe de la soirée :

1. New Breed

New Breed, bien que bénéficiant d'une fan base qui se fait entendre, n'était pas vraiment la formation attendue de la soirée. Car dans le style fusion électro métal, les Fear, and Loathing in Las Vegas sont la référence actuelle comme on le verra plus tard. Mais la générosité du chanteur permettra au public de se mettre tout de suite dans l'ambiance. Avec ses cheveux longs et son allure élancée, Toyo en fait un peu trop, prenant parfois la pause, ou repoussant systématiquement en arrière les côtés de son gilet de façon compulsive. Mais le chant est bon, les morceaux sont catchys, et c'est un peu ce que l'on recherche ici. Le guitariste assure les growls et chœurs en back avec réussite, et fait tourner sa guitare à plusieurs reprises. La recette tant attendue de la soirée est présente dès ce premier groupe : riffs métal accrocheurs, cris à la métalcore, éléments d'électro house/clubbing/techno catchys, chant pop. New Breed est définitivement un groupe à surveiller.

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2. Fear from the Hate

Le second groupe de la soirée est bien plus extrême que New Breed. Ce sont cinq jeunes au look émo qui entrent sur scène. La musique est immédiatement plus sombre et les growls et screams sont orientés black ou brutal. Cependant, la voix claire est moins bien assurée que précédemment et l'électronique, moins présente, n'est pas aussi catchie, affichant alors un certain côté inquiétant. Mais les passages les plus violents, assez délectables, sont l'occasion pour le public de lancer les premiers mosh pits de la soirée. D'ailleurs, l'une des guitares affiche un « Let's Mosh » provocateur en guise de décoration. Le groupe est certes prometteur, mais encore jeune. Il forme, avec New Breed, la partie chauffe de la salle. Et le public, conscient que ces jeunes groupes sont peut-être l'avenir du métal nippon, soutient ceux qui représentent peut-être le futur de cette scène. Et l'on apprécie le comportement japonais pour cela.

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3. Fear, and Loathing in Las Vegas

Et voilà le groupe nippon le plus attendu de la soirée. Bien sûr, GARI reste la référence, mais ce jeune groupe est le plus prometteur de cette scène en plein essor. Première impression en les voyant arriver : les Fear, and Loathing in Las Vegas sont jeunes. Très jeunes même, avec une petite vingtaine d'années au compteur. C'est dire si l'on est vraiment en face de l'avenir de cette scène métal tokyoïte. Le groupe est armé de deux chanteurs dont l'un se spécialise dans les growls et screams et l'autre dans le chant bionique. Mais attention, quand les deux jeunes se mettent à hurler ensembles, en twin vocals, la puissance dégagée par le groupe est ravageuse. Le côté chant façon auto-tune donne un côté clubbing à leur métal assez basique dans sa structure. Le chanteur à la voix glutturale joue aussi du synthé, ce qui rend l'électronique plus « live » que pour les autres groupes qui se contentent d'une bande préenregistrée. Ce soir là, la formation jouera quelques titres de son répertoire très appréciés par le public, tels que Hey Girl!!! Why Not Party Like A Bitch ou encore Burn the Discofloor with you 2-Step. Même les titres du groupe reflètent cet esprit club qui fait la force de ces six jeunes. Fear and Loathing in Las Vegas (titre anglophone du film Las Vegas Parano) est LA sensation métal tokyoïote actuelle, faisant preuve d'une maturité très précoce. Ce groupe est à découvrir de toute urgence si ce n'est pas encore fait !

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4. GARI

Comme un symbole, les jeunes de Fear, and Loathing in Las Vegas laissent leur place aux « pros » de la fusion électro métal nippone. L'on rappellera que GARI est également un groupe formé dans la capitale, un point commun qui n'est pas sans intérêt. L'installation du groupe est longue, avec un changement de configuration de scène. La basse (et également une contrebasse électrique qui servira pour next,CRIME) se met au centre, la batterie sur la gauche, la guitare avec son pupitre couvert d'effets sons et allumé par un néon sur la droite. Aucun détail n'est délaissé et l'on sent déjà que le groupe qui va arriver ne fait pas les choses comme les autres. Les GARI sont en quelque sorte les intellectuels de l'électro rock, ce qui explique peut-être que la salle soit un peu moins remplie. Mais peu importe, les membres du groupe arrivent enfin sur scène et le show peut commencer avec F.A.M.E, tiré de l'album Neo Radio Station. C'est un morceau emblématique du groupe, qui contraste avec les suivants. En effet, c'est ici le GARI à l'ancienne que l'on retrouve : la musique est expérimentale, la voix est un rap à la RATM, les turntables sont de sortie, la base rock surfe entre néo et alternatif et se mélange à des éléments d'électro futuriste. Mais ce qui nous intéresse vraiment ce soir vient avec le titre Nu=DANCE, extrait de leur dernier album Colorful Talk. C'est aussi ce qui leur vaut d'être là ce soir au milieu de ces jeunes artistes. Car GARI a remis sa recette au goût du jour avec un chant plus pop et une musique orientée clubbing. Le refrain est ultra catchy avec une électro qui fleure bon les quartiers d'Akihabara. Puis vient DISCO PANiC'87 marquée, en live, par sa grosse basse, et son solo aux sonorités d'un rock'n'roll d'un autre âge. Le morceau est assez déjanté, avec une voix distordue. La recette ressemble presque à du Shakaponk de chez nous. Sur scène, Yutaka Dokko à la guitare est emporté par la folie de son morceau et martèle son ampli de ses poings. C'est alors qu'arrive le morceau STARCADE, sorte de voyage spatial mené par une guitare façon rock des seventies. YOW-ROW (chant), habillé d'un tee-shirt marqué d'un logo du groupe qui s'allume, rentre bien dans ce morceau atmosphérique. Le set se termine sur deux nouvelles compositions du dernier album, dont la première, OVER THE SUNRISE, avait fait l'objet d'un clip. C'est la chanson la plus catchie de leur dernier album. Voir YOW-ROW chanter de cette façon, assez niaise, plus féminine, pourrait choquer les habitués de longue date qui aiment son flow acéré. Mais pour ceux-là, les GARI nous quittent sur Hey Now !, qui débute à la Daft Punk (on croirait presque entendre Harder, Better, Faster, Stronger) pour révéler un morceau avec une basse puissante et un chant redevenu tranchant. Contrairement aux autres groupes, le ressenti se dégageant de cette performance, et surtout de celle de Yutaka Dokko, paraît plus mature, plus professionnelle. Ce guitariste, toujours impressionnant avec sa Steinberger à deux manches, est un véritable perfectionniste, modifiant régulièrement les réglages sons de son instrument, preuve de la complexité des arrangements sonores des chansons. Le groupe GARI nous a montré ce soir qu'il a évolué conformément à cette scène tout en gardant son image de musique technique et son charisme qui font la marque des grands.

Voir Myspace - Site officiel - Page Soundlicious

5. coldrain

Le groupe qui arrive ensuite n'est pas du tout dans la même veine que les autres, et il vient de Nagoya. Finie ici l'électro, bonjour le métal aux accents émo et core américains. Dans ce genre, Coldrain fut la révélation comme nous vous le révélions lors de notre chronique (voir ici). Et ce qui est encore plus impressionnant avec Coldrain, c'est que le groupe est ultra carré, malgré un chant qui s'essouffle rapidement sur les parties chantées. D'ailleurs Masato (chant) impressionne aussi par sa hargne sur scène, cette façon qu'il a de tourner comme un lion en cage près à bouffer le public, tel un boxeur entrant sur le ring. Il n'hésite pas à demander les moshs en dessinant dans le vide des ronds avec son doigt. Avec Someday, mais également Final Destination et The Youth, le groupe aura rapidement couvert ses deux opus. Le seul point négatif ce soir était au niveau du chant, manquant de souffle, ce qui est assez contraire aux échos que l'on peut entendre par-ci par-là sur ce groupe. Mais Masato ne paraissait pas vraiment en forme, alors laissons lui le préjudice du doute quant à ses performances.

Voir Myspace - Site officiel

6. Puis du côté américain avec Before their eyes et Watch Out! Theres Ghost

GEKIROCK avait frappé fort en invitant SONIC SYNDICATE lors de leur première édition 2010. Mais pour la troisième, c'est un groupe du nom de Before their eyes qui est présent. BTE est une formation qui, il y a quelques temps déjà, faisait figure de jeune groupe post hardcore possiblement prometteur. Mais cela ne s'est jamais vérifié. De plus, peu de temps avant ce live, le chanteur du groupe décidait de quitter ses compères (les départs étant assez fréquents chez eux), laissant ainsi au guitariste la place de lead vocal à occuper en plus de son instrument. Décidant de ne pas annuler sa tournée, le groupe se rend au Japon pour offrir un show tout simplement nullissime. Les compositions n'ont certes jamais été excellentes, mais les prestations vocales du chanteur/guitariste du soir resteront dans les annales des bides. Son chant death aurait pu passer en chœur, mais se révèle insuffisant pour un lead. Et la voix claire est tout simplement fausse. Bien que la volonté d'honorer les dates soit louable, le groupe est à oublier car, en plus de cet échec, la communication du chanteur est un ramassis de clichés. Demander à la salle s'il y a des ninjas ou des geishas présents est tout simplement risible. La tête d'affiche s'est un peu couverte de ridicule, et nous lui souhaitons bon vent.

Vient alors Watch Out! Theres Ghost qui, contrairement aux BTE, s'inscrit bien plus dans l'esprit de la soirée avec leur clubbing rock californien clairsemé de screams. L'esprit est assez proche des Fear, and Loathing in Las Vegas. Le chanteur est totalement décalé, se couchant sur scène à plusieurs reprises, et affichant sa joie de jouer au Japon, un pays qu'il dit être une source d'inspiration pour lui. Le groupe a beaucoup de choses en commun avec les Fear, and Loathing in Las Vegas, hormis le fait qu'ils ne sont que deux sur scène : un guitariste programmateur et le chanteur. C'est ainsi que les limites du groupe se font ressentir, avec une bande sonore préenregistrée pour la section rythmique lorsque celle-ci n'est pas remplacée par les beats électro. Mais l'énergie dégagée et la musique proche du jeune groupe tendance de la soirée auront conquis sans aucun doute le public nippon.

Il est d'ailleurs étrange de voir l'accueil que réservent les Japonais aux groupes étrangers lors de ce genre d'événements. Adulés, les musiciens étrangers occulteraient même leurs homologues locaux. Même les membres de jeunes groupes, se mélangeant à la foule, se comportent comme des gamins qui découvriraient quelque chose de fabuleux. Néanmoins, comme dans cette soirée à Shibuya, ce sont pourtant les Japonais qui, musicalement, ont survolé le live, portés par une créativité et une fougue à l'image de l'effervescence de la capitale. Que l'on prenne GARI ou Fear, and Loathing in Las Vegas, voire encore Coldrain dans ses meilleurs moments, les formations nipponnes n'avaient rien à envier à leurs homologues propulsés au rang de têtes d'affiche. Et l'hospitalité toute nippone n'explique pas tout. Reste malheureusement ce sentiment que ce qui se passe au-delà de l'océan est ce qu'il se fait de mieux. Mais, qu'ils se le disent, Tokyo tient bel et bien quelque chose de grand dans cette vague de groupes mélangeant musique électronique et métal. Alors merci GEKIROCK de promouvoir ce nouvel élan.


Set list de GARI :

F.A.M.E
Nu=DANCE
DISCO PANiC'87
STARCADE
next,CRIME
OVER THE SUNRISE
Hey Now !


Pour aller plus loin :

Site officiel de l'événement : http://gekirock.com/fes/vol4/
Autres groupes à découvrir dans la catégorie métal électro : UZUMAKI, FACT (pour leur morceau A Fact Of Life).
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