Interview

Interview avec mouse on the keys

29/10/2010 2010-10-29 05:00:00 JaME Auteur : Martyna "Gin" Wyleciał, Katzukuro, Aurore

Interview avec mouse on the keys

JaME a eu la chance de parler avec mouse on the keys de sa philosophe, ses sorties et sa tournée européenne.


© Denovali Records - Creative Eclipse - mouse on the keys
mouse on the keys, un groupe post-rock non sans intérêt influencé par le jazz, était en tournée européenne pour la première fois au printemps. Après avoir visité l'Allemagne, la France et la Pologne, le groupe nous a accordé une interview afin de nous parler de sa création, l'inspiration de ses chansons, ses plans futurs et plus encore. Découvrons donc sans plus attendre ce groupe qui prévoit de revenir sous peu en Europe pour visiter encore plus de pays.


Pouvez-vous présenter votre groupe et ses membres ?

Akira Kawasaki : Je suis Akira Kawasaki, batteur compositeur. J'ai créé mouse on the keys en 2006 avec le pianiste/claviériste Atsushi Kiyota. Un nouveau claviériste, Daisuke Niitome, nous à rejoint en tant que membre de session juste avant l'enregistrement de sezession en 2007, puis est devenu membre permanent lors de la tournée promotionnelle ce même album en 2008.


Comment vous êtes-vous rencontrés et comment vous est venue l'idée de former ce groupe ?

Akira Kawasaki : Atsushi et moi étions les membres originels de NINE DAYS WONDER, je l'avais rencontré dans un club. Bien que nous ne soyons pas du même âge, Daisuke était dans la même université que moi et nous nous connaissions grâce à notre intérêt commun pour la musique. Ce groupe a débuté pour donner corps à mes idées. L'idée principale était de mixer un style de batterie agressif que j'ai développé en créant des groupes hardcore pendant de nombreuses années ; à un son de piano sérieux. J'avais aussi en tête de créer un groupe qui aurait la sensibilité d'une installation vidéo artistique.


D'où vient l'idée de votre nom ?

Akira Kawasaki : Cela vient d'une chanson appelée Kitten on the keys, écrite par Zez Confrey, un auteur-compositeur de novelty rag* (un genre musical nommé communément ragtime et souvent caractérisé comme une musique de saloon ou de films muets).


Akira Kawasaki, avant que Daisuke Niitome ne rejoigne le groupe ; vous jouiez à la fois piano et batterie. Est-ce bien vrai ? Comment faisiez-vous ?

Akira Kawasaki : Oui, c'est la vérité. Je savais qu'il n'y avait que quelques rares musiciens qui jouaient des deux instruments en même temps, mais malgré cela, ils ne sont pas devenus populaires. J'ai donc voulu créer une façon de jouer les deux ensemble. C'est alors que j'ai commencé par exemple à écrire des lignes de piano pour la main gauche et des tablatures pour la batterie pour la main et le pied droit dans une même chanson. Diviser un vers en seize, vérifier que le doigt de la main gauche, la baguette de la main droite et la pédale du pied droit sont correctement reliés. Puis je commence à m'exercer sur un tempo très lent jusqu'à arriver au nombre correct de battement à la minute, encore et encore et encore... Comme vous pouvez l'imaginer, j'ai eu besoin de beaucoup plus de temps et de patience que pour un jeu classique de batterie. J'ai donc arrêté de jouer ainsi. Mais un jour je réessaierai.


Pouvez-vous nous parler de votre processus de composition ? Et de vos inspirations musicales ?

Akira Kawasaki : Je compose presque la totalité de mes démos sur un piano électrique et sur PC, puis je répète la chanson avec le groupe sur la base de la démo. Chaque membre arrange sa propre partie pour se l'approprier confortablement ou pour l'améliorer. Puis, nous la jouons en concert encore et encore tout en modifiant les arrangements et la faisant mûrir, lentement mais de manière enrichissante.

Je pioche souvent l'inspiration de mes chansons dans l'architecture moderne et l'art contemporain. Cela provient parfois d'ouvrages sur les fondements historiques de la société moderne ou des idées. Je suis très intéressé par le fait d'être engagé dans la période contemporaine car je veux savoir qui je suis. On pourrait dire que nos chansons sont la bande originale du monde dans lequel nous vivons.

mouse on the keys possède une variété d'inspirations musicales mais si nous nous concentrons sur la musique japonaise, je suis principalement inspiré par Akira Ifukube, le compositeur le la bande originale du film “Godzilla” et Ryuichi Sakamoto. Ce sont de grands compositeurs qui ont créé une musique sans genre basée sur la musique classique contemporaine comme Stravinsky ou Debussy, mélangée à la musique folk traditionnelle asiatique et accomplie comme culture pop. Si vous considérez Ifukube comme un grand-père et Sakamoto comme un père, nous en serions les enfants.


Vous semblez porter attention à l'aspect visuel notamment avec l'intégration de vidéos dans vos performances. Quelle est la relation entre votre musique et les images choisies ?

Akira Kawasaki : Nous sommes tous trois Japonais et c'est un fait que nous vivons à Tokyo. C'est la réalité. Notre but et d'envoyer ce que nous pensons et ressentons tandis que nous vivons dans ce lieu, à travers le groupe. Non seulement la musique, mais aussi d'autres éléments tels que projections vidéo, œuvres d'art ou mode, sont connectés à certaines images qui symbolisent le Tokyo et Japon actuels tel que nous les voyons. J'ai commencé à penser de cette manière alors que nous préparions an anxious object. Avant cela, même lorsque nous enregistrions sezession, l'image que j'avais du groupe était vague.


Comment avez-vous rencontré Denovali Records? Comment êtes-vous venus à travailler ensemble ?

Daisuke Niitome : Courant 2008, un jour, ils nous ont envoyé un message sur MySpace. Nous ne leur avons pas répondu sur le coup car nous ne savions pas qui ils étaient. Mais après qu'ils nous aient envoyé plusieurs autres messages passionnés pendant trois mois, nous avons finalement répondu. C'était le début de cette relation. Par la suite nous avons échangé des tonnes d'email et décidé de sortir nos CD/EP en Europe. Ils ont fait du bon travail et grâce à notre tournée européenne et le travail que nous avons partagé, ils sont maintenant de bons amis à nous.


Denovali présente votre concept avec l'idée du mot allemand "Raumkrankheit" qui se rapporte au „mal de l'espace“ Pouvez-vous nous expliquer ce que signifie ce "mal de l'espace".

Akira Kawasaki : Comme je vous le disais plus tôt, comparé à aujourd'hui, je ne pensais pas tant en terme de concept à l'époque lorsque j'ai écrit cette chanson. J'ai choisi ce titre à cause d'une vague image que me renvoyait sa sonorité. La base de cette chanson a été écrite en 23/8 temps. Lorsque les gens l'écoutent pour la première fois, la plupart sont confus et disent "Comment puis-je groover sur cette chanson ?“, l'un d'entre eux m'a même dit "Je deviens ivre en écoutant cette chanson !“ Et l'image que j'avais de cette chanson était comme un vaisseau spatial dérivant dans l'espace noir. Alors j'ai mélangé ces quelques images et les ai nommées Raumkrankeit. La raison de ce nom allemand ne vient pas de Denovali. C'est mon idée, j'ai cherché le mot dans de nombreux langages sur wikipédia et le mot allemand correspondait le mieux à l'image que j'avais.


Pouvez-vous nous parler de votre relation avec toe et le label Machupicchu Industrials?

Akira Kawasaki : Ce sont de bons amis. Machupicchu Industrials est un label entièrement dirigé par les membres de toe. Dès le début, ils avaient l'intention de créer ce label pour sortir uniquement les CD de leur groupe. Mais lorsqu'ils ont entendu nos chansons, ils nous ont dit qu'ils les aimaient et aimeraient bien les distribuer. Je me suis senti honoré et j'ai accepté. Nos deux CD ont été mixés et masterisés par Takaaki Mino, guitariste et ingénieur du son de toe. Le batteur, Takashi Kashikura, s'est occupé de la technique de la batterie pour les deux enregistrements.


Dans votre livret, vous introduisez l'idée d'“an anxious object“. Pourquoi avoir choisi un tel concept ? En quoi est-il connecté avec les chansons de l'album ?

Akira Kawasaki : Cet album est un travail documentaire qui se concentre sur le Tokyo actuel et sur une partie des sentiments de ses habitants. Chaque chanson dans cet album a un titre particulier qui est connecté au concept comme une scène le serait à un film.

an anxious object parle de Tokyo. Lorsque j'ai commencé à penser à ce concept, j'ai remarqué ne considérer Tokyo que vaguement, comme une enseigne, et je ne savais pas grand chose de sa situation actuelle ou comment c'en est arrivé là. Lorsque je vois les rues, les villes et la vie ici, je vois des bâtiments de toutes sortes mélangés les uns aux autres, des habitudes culinaires qui tiennent des fast food et de la pénétration d'une pop culture américaine malformée... Toutes ces choses particulières me donnent le sentiment de ne pas comprendre quel genre d'être je suis.

Quand la ville s'est développée rapidement durant la période de l'après-guerre, la rationalisation est devenue la priorité première. Et c'est ce qui a rendu la vie des gens rentable, standardisée et homogénéisée. Cela a détruit une vieille classe de la société et formé une société de masse dans laquelle les gens peuvent acheter de manière équitable, mais cela a également détruit la culture traditionnelle. Globalement, les autres villes modernisées du monde doivent avoir subies le même phénomène que Tokyo, mais le sens historique de séparation est trop profond entre les Japonais d'aujourd'hui et ceux d'avant la seconde Guerre Mondiale ou d'avant la période de restauration de l'ère Meiji. C'est pourquoi je ne me comprends pas moi-même en tant qu'habitant de Tokyo.

A ce moment, alors que je lisais un livre sur la définition de l'art, je suis tombé sur la phrase, "An anxious object". Cette phrase était écrite par un critique d'art, Harold Rosenberg. Celui-ci pointait le fait que dans cette ère d'inondation artistique des années 60, il ne pouvait plus juger de la valeur des travaux, et différencier les chef-d'œuvres de ceux bons pour la poubelle. Pour ce genre d'œuvres, il utilisait le terme "an anxious object“. J'ai mélangé cette phrase avec le Tokyo dans lequel nous vivons.

Je parle beaucoup de ce concept, mais si vous appréciez l'album, la manière dont vous saisissez ou dont vous écoutez ce discours n'a pas d'importance.


Le titre "Spectre de mouse" est un parallèle à “Spectres de Marx” du philosophe français Jaques Derrida. Pouvez-vous nous parler un peu de cette relation particulière ?

Akira Kawasaki : Ce titre est inspiré par le livre, mais il n'y a pas vraiment de relation avec son contenu. Lorsque je cherchais un titre pour cette chanson, j'ai essayé de le développer à partir des mots du concept de l'album : Nous, résidents de Tokyo, ne savons plus qui nous sommes.

"Que dirait-on de nous, qui ne nous connaissons pas nous-mêmes ? Déjà, ce doit être une étrange créature, pas un humain. C'est un alien de l'espace ? Non, c'est un fantôme !" J'étais perdu dans mes illusions comme ci-dessus et, tandis que j'écoutais cette chanson, j'ai tout a coup eu la vision d'un visage pâle fantomatique, celui des gens de Tokyo, suspendus entre les buildings entassés les uns sur les autres. A cette période je lisais Spectre de Marx de Derrida et, l'image qui m'est apparue et les fantômes du livre me semblaient similaires. J'ai donc décidé du titre de la chanson en transformant le "Marx" en "Mouse".

Donc, Spectres de Mouse signifie "les fantôme dont parle mouse on the keys“ ou tout simplement, "les gens de Tokyo sont des fantômes“. D'ailleurs, le livre était un peu difficile à comprendre et j'ai arrêté la lecture à mi-chemin. Mais j'aimais énormément le titre.


Avez-vous prévu de nouvelles sorties ? Pensez-vous utiliser d'autres instruments ?

Daisuke Niitome : Nous espérons sortir un nouveau mini-album fin 2010 début 2011. D'autres instruments ? Peut-être, peut-être pas. (Rires)


Pourquoi avez-vous choisi de faire une tournée européenne ?

Daisuke Niitome : Nous avons d'abord décidé de sortir nos deux CD en Europe via Denovali Records, puis nous avons pensé en faire la promotion via une tournée européenne. En fait, nous avions déjà exprimé notre envie de le faire depuis des années. C'était donc une grande opportunité pour nous.


Vous avez joué quatre concerts en Pologne. Avez-vous aimé vous produire ici ?

Akira Kawasaki : Oui, nous avons beaucoup apprécié. Le public dans chaque salle en Pologne a été génial. Toutes les salles et tout le reste étaient simplement génial pour nous aussi, vraiment !


Y a t-il une différence entre le public japonais et européen ? Quelque chose qui vous a surpris ?

Daisuke Niitome: Oui. Les publics en Europe et au Japon sont différents. Les fans japonais sont plus calmes mais je pense qu'ils écoutent et regardent nos performances avec beaucoup d'attention. Le public européen est plus excité et nous encourage bruyamment lorsque nous jouons. Nous avons vraiment pu apprécier jouer grâce à eux durant cette première tournée en Europe. C'était vraiment incroyable.


Avez-vous eu des incidents étranges ou amusants durant votre tournée européenne ? S'il y avait quelque chose dont vous vous souviendriez toujours, que serait-ce ?

Daisuke Niitome : Nous avons mangé beaucoup de Kebab.


Prévoyez-vous de retourner en Europe ? Quel autre lieu aimeriez-vous visiter la prochaine fois ?

Daisuke Niitome: Oui, nous reviendrons en Europe à nouveau fin septembre. Il y a tellement de pays différents en Europe que chaque lieu me paraît nouveau. Je veux simplement visiter de nombreux endroits, autant que je le peux, peu importe que ce soit grand ou petit.


Pour finir, pourriez-vous laisser un message à nos lecteurs ?

Tous : Nous voulons que vous veniez voir nos concerts ! Nous y jouerons de nouvelles chansons. Merci de votre soutien !


JaME souhaite remercier Anna Juraszek et Jakub Oratowski pour les photo du concert à Kraków, Pologne.
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