Presence of soul, 28 janvier 2010, Le Saint Ex, Bordeaux.

C'est dans une cave délabrée, mais cependant accueillante, que les japonais de la jeune formation Post-Rock Presence of soul se sont produits ce jeudi soir devant un public restreint mais connaisseur.

Une ambiance particulière

Pour retranscrire le plus fidèlement ce concert, il nous faudra l'aborder sous différents aspects. Et le premier concernera la prestation scénique effectué par la tête d'affiche de cette soirée, Presence of soul. Après avoir attendu le passage des deux premiers groupes, bébés locaux bordelais, il est minuit et les quatre membres de Presence of soul se fraient nonchalamment un chemin jusqu'à la scène pour installer leur matériel. Pour les avoir entendu discuter près du comptoir entre le passage du premier et du second groupe, je peux dire qu'ils étaient très décontractés et à l'aise au milieu de ce public français très probablement aussi aléatoirement composé que le contenu d'un panier garni.
Pendant les réglages on aura droit à une petite démonstration de la part du batteur qui, après avoir monté tout son attirail seul, fait patienter le public le temps que le guitariste accorde et configure ses pédales à effets. Bien sûr, le public présent constitué d'une trentaine de personnes, apprécie la chose et montre son enthousiasme bruyamment. Fin prêts, le concert peut enfin commencer, il est minuit et quart.
Ainsi, le concert commence finalement de façon très molle et dans un brouhaha assez dérangeant. Pendant que le guitariste Yoshi accorde sa guitare avant le début du show, les gens commencent à s'agiter, trouvant l'attente et la préparation quelque peu longue, ce qui fut le cas, portant l'agitation régnant dans la salle à son comble. Il est vrai que l'alcool y est pour beaucoup, car entre les habitués du bar, curieux et descendant dans la cave pour voir de quoi il s'agissait et puis les spectateurs éméchés venus pour un des groupes précédents, l'attention portée à Presence of soul semblait minime. De plus, comme on le sait tous, le post-rock a besoin d'un environnement calme pour pouvoir prendre toute sa puissance, et malheureusement ce soir là, ce n'était pas le cas.

Une performance étonnante

Malgré le bruit ambiant, la première chanson commence quasiment sans transition entre les derniers réglages du guitariste et l'arpège introductif du morceau, et cela de telle façon que peu de gens se rendent compte que le concert à démarré. Cependant on voit déjà quelques têtes battre le rythme timidement, comme la mienne, cherchant à se plonger dans l'univers du groupe malgré l'agitation qui règne dans la cave. Le concert commence donc, et dès les premières notes les membres du groupe semblent déjà possédés par la musique, commençant à bouger leurs corps comme s'ils étaient ballottés par une houle imaginaire, les yeux fermés. Ceci aidant cela, j'ai commencé à me mettre dans l'ambiance, et je ne saurais dire si c'est un bien ou un mal car même en essayant de faire abstraction de ce qui se trouvait autour, j'étais sans cesse bousculé par quelqu'un de bien éméché ou dérangé par le bruit général, les rires et les cris. Cependant, sur scène, la performance des musiciens était au rendez vous, le très souriant batteur Mitsugu nous gratifiait de changements de rythmes bienvenus et le bassiste Masamune de quelques solos plus ou moins spontanés, ayant au moins pour mérite d'être bien construits et surtout de mettre l'ambiance. Car malgré la taille réduite de la scène il n'hésitait pas à s'avancer de quelques pas pour faire face au public et l'encourager. En ce sens là, on peut dire que le concert en valait la peine, car il est évident que même si l'on n'avait pas affaire au concert du siècle, la performance scénique de Presence of soul fut chaleureuse et de bon goût.

Un contenu musical bancal et peu convaincant

Venons en maintenant à l'aspect purement musical du concert de Presence of soul, sans quoi la critique serait incomplète. En effet, en mettant de coté l'acoustique horrible de la salle, les réglages sons minables et les amplis cradingues à en avoir des douleurs aux tympans, les morceaux en eux même n'étaient pas vraiment de la plus belle facture eux non plus. Tout d'abord, le son qui sortait des enceintes était, en plus d'être inaudible, fort et agressif, très mal réglé. En effet, si la basse était parfaitement réglée, on ne pouvait pas en dire autant de la batterie et des guitares qui étaient trop amplifiées, couvrant la plupart du temps voire à chaque fois, le chant sensé être envoutant, de Yuki. Malheureusement, on ne captait que de rares fois sa voix se mêlant de temps à autre avec les notes aiguës de la guitare lors de solo lyriques et subjectivement ennuyeux, chose assez frustrante je dois dire au final. Et puis le crachat sortant des amplis lors des passages rythmiques intenses, couvrait le plus souvent tout autre son, ne laissant qu'un grésillement dans lequel on pouvait distinguer parfois, un léger changement de note si on suivait en même temps le mouvement des doigts du guitariste.
De plus, tout au long du concert j'ai eu la sensation récurrente que chaque morceau était bâti quasiment de la même façon, tant au niveau de sa structure que dans sa façon d'être joué sur scène. Un joli arpège lent en guise d'intro, puis la mise en place de tous les instruments au fur et à mesure, un crescendo amenant à une partie démente et puissante, retombant pour finir sur une outro en arpège à nouveau, ou bien s'arrêtant subitement.
Quand la chanteuse annonça la dernière chanson, je ne fus pas déçu, presque soulagé en vérité et quand le concert pris fin, je partis très rapidement pour rentrer chez moi, les oreilles douloureuses. En somme donc, ce fut un concert assez frustrant sur tous les plans, où il aura été difficile de prendre son pied, et lors duquel trop d'éléments externes comme internes, ont fait que le concert ne fut pas une réussite. En attendant bien sûr qu'ils prouvent le contraire lors d'un futur retour en France, j'espère.