MONO : concert au Glaz'Art le 27 Mars 2009

Il est nombre de groupes dont la musique prend au coeur en CD. Bien moins nombreux sont ceux qui transcendent leurs notes pour faire de leurs concerts une expérience unique. MONO est de cette race rare dont les lives sont attendus avec joie et fébrilité par leur public. En effet, le post-rock du groupe sied au mieux à devenir une véritable baffe sonore mélodique et émotive qui ne laisse pas indifférent. Dans le cadre de sa tournée européenne, MONO passait avec les lyonnais d'One Second Riot dans un Glaz'Art refait à neuf.

Ceux-ci se présentent sous la forme d'un duo basse-batterie des plus simplistes, qui pourtant recèle de nombreuses de richesses. Proche du post-core d'un groupe tel qu'Isis, le groupe joue durant 45 minutes d'une musique endiablée, violente, et pourtant extrêmement sensible. One Second Riot prépare avec joie le public à l'arrivée du Bulldozer MONO.

C'est simple, avec le quatuor japonais, pas de demies mesures. En effet, l'univers très puissant du groupe est soit apprécié, soit détesté. Très codifié, les musiques se rapprochent des schémas à l'apparence simple et balisée que pouvaient délivrer des groupes comme Godspeed You Black Emperor!.

Avouons le, cela n'est pas qu'une apparence, mais la musique du groupe de Takaakira "Taka" Goto fait oublier cette ombre vivace que certains lui collent pour évoluer et sublimer cet état de fait. Ainsi le live commence par Ashes In The Snow, longue complainte mélancolique de près d'un quart d'heure où la bassiste Tamaki commence par jouer du xylophone avant de reprendre son instrument principal.

Ainsi les guitares s'assemblent pour jouer des accords, tandis que la batterie et la basse montent crescendo dans la violence jusqu'à lâcher une salve rock où les saturations deviennent émotions, plongeant au plus profond pour transmettre le monde unique de MONO. Les chansons du dernier album font la part belle à cette émotion, comme pour montrer, tel que le laisse imaginer le titre du disque, que leurs compositions sont un hymne à la terre, au vent, immortel, qui restera là toujours après nous.

Ainsi six chansons sur les huit de ce soir seront tirées du dernier album. Pas un mot de la part du groupe et pourtant on sent le plaisir d'être là, immense, au détour de sourires discrets. Le groupe est silencieux, pas là pour parler mais uniquement jouer leur musique, ou plutôt transmettre leur univers.

Car comme dit plus haut, MONO en live, c'est une explosion pleine gueule parfaitement mise en oeuvre dans un Glaz'Art plein à ras bord. La salle, pleine, profite d'une acoustique excellente qui met parfaitement en valeur les instruments de chacun. Les guitares de Taka et de Yoda se mélangent à merveille, s'assemblent parfois au détour d'accords ou d'harmoniques doublées du plus bel effet. La moindre frappe de Yasunori Takada implose dans la salle, surpassant d'un coup brutal ou doux les mélodies des deux guitaristes six cordes. Quant à Tamaki, celle-ci pénètre la salle de sa présence, charismatique en diable dans son rôle de bassiste endiablée au milieu des autres membres. Qu'elle soit la seule debout n'est pas chose étonnante, tant sa vivacité s'emporte lors des longues envolées mélodiques de MONO. Celle-ci aussi joue au piano quand besoin est, apportant une touche de douceur dans un monde noir, où la moindre lueur d'espoir entendue au milieu des notes envahi la salle tel un boulet de canon.

Plus encore en live qu'en CD, MONO montre simplement au détour de sa musique leur vision du monde, triste, apocalyptique, mais sujet à changement et à l'espoir. Si belle, si sensible, comme au détour de Yearning ou de Halcyon (Beautiful Days) et pourtant violente et nerveuse, la musique de ce groupe est unique, et ne laissera jamais de marbre. Un tel live est une véritable gageure, le post-rock de ce groupe étant toujours une grande claque dans la face des différents auditeurs, que l'on voit à la sortie souriants, ou pleurants (comme pouvait l'être votre reporter), mais trop peu déçus. Une heure trente de musique instrumentale, un grand concert, qui restera un grand moment, tout simplement.


Setlist:


1. Ashes in the snow
2. Burial At Sea
3. Follow The Map
4. Pure As Snow
5. Yearning
6. The Battle To Heaven
7. Halcyon
8. Everlasting Light


PS : Un grand merci à Antoine Sanchez qui a pris les photos du concert, dont je tiens à donner le lien de ses galeries ICI.