Interview

Interview d'Arai Akino

10/04/2009 2009-04-10 12:00:00 JaME Auteur : Ayou

Interview d'Arai Akino

La veille de son premier concert parisien depuis trois ans, Arai Akino répond à nos questions.


© Paris Visual Prod
JaME retrouve au premier étage d'un petit café parisien l'artiste japonaise qui se prête depuis un moment à de nombreuses interviews et qui va en enchaîner plusieurs autres après nous. Malgré tout, elle reste comme à son habitude, réservée mais très souriante. L'interview débute alors après les présentations d'usage.

Bonjour Arai-san
Arai Akino : Bonjour !

Pourriez-vous vous présenter à celles et ceux qui ne vous connaissent pas encore, si cela est possible ?
Arai Akino : Pour celles et ceux qui ne me connaissent pas ? C'est difficile pour moi vous savez ! (rires) Cela fait plus de vingt ans que je suis musicienne. Je n'aurai jamais pensé travailler autant dans le monde de la musique. En fait, c'est surtout grâce aux personnes qui écoutent ma musique et me soutiennent. C'est encore improbable pour moi aujourd'hui que de penser que je sois encore dans la musique.

Vous voilà de retour après trois ans en France. Comment ressentez-vous ce retour ?
Arai Akino : Lorsque je suis venue il y a trois ans de cela en France, je n'aurai pas pu imaginer qu'il m'était possible de revenir trois ans après à Paris.

Pourquoi avoir pensé cela ? Votre concert avait été un vrai succès auprès des fans ?
Arai Akino : L'organisation du dernier concert à Paris fut très difficile... Bien sûr le contact avec le public français fut fantastique pour moi et cela s'est très bien passé. Cependant, je dois dire que pour arriver à ce résultat, ce fut très compliqué à mettre en place. Il faut aussi savoir que je considère chaque concert comme ma dernière occasion de rencontrer "ce" public là. Chaque concert est unique pour moi. Donc comme je l'ai dit, ce concert parisien fut merveilleux donc je voulais retrouver ce contact avec le public mais le côté organisation du concert fut tellement éprouvant que ce n'était pas évident que de penser que je puisse revenir.

Est-ce que cette expérience européenne vous a fait changer dans l’élaboration de vos compositions ou dans votre vision des concerts ?
Arai Akino : Effectivement, l'influence de cette expérience est importante pour moi.
J'ai commencé à composer à l'âge de huit ans. Naturellement, je fredonnais surtout comme ça, chez moi. Mes auditeurs, c'était juste ma propre famille ! Je n'aurai jamais pu imaginer à l'époque que mes chansons pouvaient être écoutées par des personnes en dehors du Japon ! Déjà que de toucher le Japon c'était quelque chose pour moi, donc à plus forte raison en Europe. Ce concert parisien m'a donné je dirai, une sorte de "permission". Je me suis autorisée à partir de ce moment-là à chanter pour des personnes au Japon mais aussi en dehors de l'archipel. Et cette fois-ci, je viens entre autre avec un nouveau morceau qui s'intitule Mizu (qui signifie en français : eau). Cette chanson est le fruit d'une collaboration avec quelqu'un qui a écrit les paroles en français. Et je la chanterai en français pendant mes concerts !

D'ailleurs à propos de la chanson Mizu, comme dans certaines de vos précédentes chansons (comme par exemple : Kiniro no me, Siva ~Tatazumu Hito~, Reve), vous la chantez en français. Pourquoi la langue française vous intéresse-t-elle autant ?
Arai Akino : En fait j'aime la pop française tout simplement. Et puis je trouve que les sonorités de la langue française sont magnifiques. Cette musicalité me touche vraiment.

Vous allez sortir dans quelques jours un nouvel album, Sora no Sphere. Pourriez-vous nous présenter un peu plus cet album ?
Arai Akino : Après ces concerts européens, je me suis permis de transmettre mes chansons au travers du monde et non pas seulement au Japon. J'ai écrit cet album dans cet esprit. Ce n'est pas une démarche mentale cette fois-ci. Jusqu'à maintenant, je travaillais la structure de la musique avant tout en tenant compte de divers éléments japonais et des autres, de manière à ce que cela soit compréhensible pour les autres. Là, la démarche est différente dans le sens où, même si je respecte toujours autant le public, je m'exprime librement, telle que je suis de manière brute. Cela veut dire que je laisse parler ma vie, mon expérience. J'aimerai développer encore ce fruit qui sort de mon être. C'est une démarche très simple, sans me "prendre la tête" ! (rires)

Quels sont vos autres projets musicaux dans le futur après cet album ?
Arai Akino : Dans un futur proche, j'aimerai sortir un album avec des titres qui sont faits pour être joués en concert plus particulièrement. Ce sera autre chose que les morceaux que j'ai pu composer et jouer en studio. Il y aura un son plus "live". Puis avec la société orange collar (Site) avec qui je travaille pour tout ce qui est visuel scénique, comme ils filment mes concerts je pourrais faire un DVD avec un album. Il y a un autre projet qui me tient à coeur... que j'aimerais réaliser avant ma mort. Je voudrais parcourir le monde en faisant des concerts seulement avec ma voix et le piano.

Avez-vous songé aussi à produire de jeunes talents ?
Arai Akino : Il y aura un jeune violoniste qui jouera lors du live, c'est tout ce que je peux vous dire ! (rires)

Prévoyez-vous de sortir enfin un DVD juste avec un concert et un DVD de clips ?
Arai Akino : orange collar a déjà filmé certains lives donc c'est envisageable oui. Pour mes clips, c'est une autre histoire. En effet, ma maison de disque ne veut pas prendre de risque pour moi et ne souhaite pas que je le fasse. Si j'en ai la possibilité, je le ferai mais je ne sais pas encore.

Votre univers musical n’a pas de limite si on suit votre discographie, jonglant entre pop, ballade, lounge, électro, etc. Y a-t-il encore des genres musicaux dont vous aimeriez vous approprier le style ?
Arai Akino : En ce moment la seule chose qui m'importe, c'est d'utiliser seulement ma voix et le piano. Je pense aussi à faire quelque chose juste en français et en anglais.

De nombreuses chansons de vos albums incluent le mot Sora, qui signifie le ciel en français : Sora no uta, Sora no Sphere, Sora no Mori, Sora no Niwa. Quel est votre attrait pour ce mot en particulier ?
Arai Akino : Le premier morceau que j'ai composé avec le mot Sora est Sora no Mori (NDLR : ce qui signifie la forêt du ciel). Il faut savoir qu'il est possible de lier le caractère du ciel en japonais sora (空) pour le rattacher à l'imaginaire.

NDLR : attention, cette partie est quelque peu compliquée car elle fait appel à diverses notions d'écriture en japonais. Nous allons vous présenter succinctement une explication du caractère dont nous allons parler.
Le caractère du ciel, 空, peut être précédé du caractère 架 (signifiant montage, support, etc.) dont le kun'yomi, alias la lecture sémantique du caractère (on lit le caractère simplement, non accompagné d'autres caractères), est "ka".
Ce mot créé est 架空 qui se lit "kakuu". En effet, précédé d'un autre caractère, la lecture du caractère du ciel, 空, donne "kuu" (lecture dite on'yomi, à contrario de la lecture dite kun'yomi) et non plus "sora". Et la lecture on'yomi de 架 reste "ka".
"Kakuu" est un adjectif qui veut dire quelque chose de fictif, d'imaginaire. Arai Akino va donc parler de ce caractère dans la suite de sa réponse.
Fin de NDLR.


Mon approche initiale était donc de lier ce sens qui nous emporte vers l'imaginaire. J'ai moi-même grandi de cette vision imaginaire et peu à peu, le sens profond de cet imaginaire a évolué. Imaginez n'importe qui, même moi, parfois on tombe par terre et on se blesse (NDLR : Arai Akino mime de tomber et de se cogner la tête). Avant de relever son corps, on relève la tête. Et donc avant de regarder par terre, on regarde le ciel. Ce ciel est comme une métaphore de se relever. Quoiqu'il arrive, le ciel est toujours là. Quoiqu'il se passe, cela nous emmène vers le haut. Le matin, lorsque le ciel est bleu, cela nous "donne" de la vie. Le ciel m'a en quelque sorte sauvée de certaines choses de la vie, j'y suis fortement attachée. C'est un sens bien sûr universel, voire spirituel. C'est ma recherche de spiritualité.

En trois ans de nombreux artistes japonais de divers genres sont maintenant venus en Europe ou en Amérique. Comment voyez-vous l’évolution de la musique japonaise en dehors du Japon ?
Arai Akino : Je pense que c'est quelque chose de tout à fait souhaitable et qu'il faut que cela continue.

Quel est le CD que vous écoutez en ce moment ?
Arai Akino : Pour être honnête, j'écoute particulièrement en ce moment mon dernier album ! (rires) Mais sinon j'écoute aussi le CD de mon ami de Curly Giraffe (NDLR : Arai Akino a participé au dernier maxi single de cet artiste sur le titre Water On feat. Akino Arai).

Un message particulier à l’attention de vos fans ?
Arai Akino : Je suis très heureuse que le public français voire européen adhère à ma musique. Je leur en suis très reconnaissante. Je vais créer encore et encore de nombreux morceaux qui ont cette vision de s'envoler vers quelque chose de plus grand. Merci de suivre encore ma carrière dans le futur !

Merci à vous !
Arai Akino : Merci.

JaME tient à remercier Arai Akino pour sa gentillesse, Emiko pour sa traduction et JMusicLive.
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