Interview

Interview avec lecca

06/12/2008 2008-12-06 12:00:00 JaME Auteur : Kay Traducteur : Amelitha

Interview avec lecca

JaME s'est entretenu avec lecca, jeune artiste reggae/dancehall, après la sortie de son quatrième album, intitulé "City Caravan".


© Avex Entertainment Inc.
Doucement mais sûrement, la talentueuse lecca, auteur-compositeur-interprète, est en train de s'imposer sur la scène reggae/dancehall japonaise avec sa musique accrocheuse et sa voix puissante. Son impressionnant nouvel album, City Caravan, sorti l'été dernier, a apporté du renouveau. Nous en avons profité pour apprendre à mieux connaître cette artiste et lui poser des questions à propos de son dernier album.


Merci beaucoup de nous avoir accordée cette interview. Pouvez-vous vous présenter pour ceux qui ne vous connaîtraient pas ?

lecca : Enchantée, je m'appele lecca. Je suis auteur-compositeur-interprète.

Qu'est-ce qui vous a décidé à tenter de faire carrière dans la musique ? Est-ce que cette décision est dûe à une certaine personne ou bien à un évènement particulier ?

lecca : J'en rêvais vaguement lorsque j'avais 19 ou 20 ans. Ce qui m'a vraiment incité à le faire, c'est le fait d'avoir rencontré de nombreuses personnes, je pense. Je faisais partie d'un club de chant, et j'ai souvent rencontré des organisateurs, des chanteurs, des rappeurs, des DJs, des personnes plus âgées que moi, des amis, et même des professeurs. J'ai également fait de nouvelles rencontres au Canada et aux Etats-Unis. C'est grâce à toutes ces personnes que je suis celle que je suis aujourd'hui.

Qu'est-ce qui vous plaît dans le reggae ? En général, ce n'est pas un style très courant au Japon, alors qu'est-ce qui vous a fait prendre cette direction ?

lecca : Hein ? Je pense que le reggae est très populaire au Japon. La country, qui est un autre genre musical que j'apprécie, est plutôt minoritaire... Je pense que mon attirance pour le reggae est dûe à un rastaman au Canada qui m'a dit : "Le reggae est libre, alors chante comme tu veux." Peu importe le style ou la langue. J'ai adoré cette ouverture d'esprit, pouvoir exprimer tout ce que je voulais.

Comment composez-vous vos chansons ?

lecca : Je fais partie de la génération des années 90, qui écoutait des disques, alors, à la base, j'écris un morceau (riddim). Ensuite, je me concentre sur la partie instrumentale, tout en pensant au style de la chanson. Je préfère commencer par le refrain plutôt que par les couplets.

Quelles sont vos influences musicales ?

lecca : Je ne pourrai jamais faire ce qu'il fait, mais je pense que personne n'égale Ludacris avec ses textes, son flow et le message sincère qu'il transmet. Il est convaincaint, et ses sons sont excellents. Mary J. Blige exprime des sentiments qui s'adressent aux femmes en particulier. Côté reggae, Chevelle Franklyn ; certains ont cru qu'elle était la soeur d'Aretha. Et en ce qui concerne le dancehall, Sean Paul, qui a une façon de chanter bien à lui, Buju qui peut changer d'expression comme il veut, Lady Saw avec ses chansons agressives, et RYO THE SKYWALKER pour les messages chaleureux qu'il transmet. Je m'inspire aussi du hip hop pour composer.

Est-ce que vous avez des thèmes particuliers, ou des messages que vous voulez faire passer à travers vos chansons ?

lecca : Je veux dire qu'il n'y a pas qu'une seule solution. Il n'y a pas de règle. Si vous n'abandonnez pas, que vous continuez, alors vous trouverez un moyen. Ne dites pas du mal des autres, mais ayez une bonne opinion de vous-même. Ne rabaissez jamais ni attaquez les autres, mais essayez de travailler dur pour devenir quelqu'un de meilleur.

Il paraît que vous écrivez vos chansons comme si vous écriviez dans votre journal intime. Ne vous êtes-vous jamais sentie mal à l'aise à l'idée de dévoiler vos sentiments à un public ?

lecca : Cela ne m'a jamais été difficile d'écrire des chansons. Je veux me dévoiler encore plus. Ce serait plus dur que l'on ne se souvienne de moi qu'à travers une seule chanson, que l'on dise "lecca, c'est ça." En tant qu'être humain, j'ai plusieurs facettes. J'ai des faiblesses, mais je suis forte par moments. Si l'on ne voit que le côté fort de ma personnalité, et que l'on me dise "Ne montre jamais tes faiblesses parce que tu es une femme forte !", je protesterai. Je dirai "Ne savez-vous donc pas que le coeur d'une femme est changeant comme le ciel d'automne ?!" J'écris comme dans un journal intime, mais récemment, il m'arrive d'écrire à propos d'histoires que des amis m'ont raconté, etc. Comme dans un drama, j'aime mettre en place le décor et exprimer les sentiments du personnage principal. Je me dis toujours que je ferai mieux d'être auteur plutôt que chanteuse, parce que j'ai trop de facettes différentes.

Sur vos albums Otaku girls no Utage et Urban Pirates, certaines chansons, What a Girl Can Do par exemple, sont destinées à donner confiance et courage aux femmes. Avez-vous rencontré certaines difficultés dans la mesure où vous êtes une femme alors que l'industrie musicale japonaise est dominée par les hommes ?

lecca : Avant d'être dans la musique, oui, beaucoup. Que ce soit au Japon, au Canada, ou à New York, quand une artiste se produit dans un club, il se peut qu'elle entre en contact avec quelqu'un d'important et gravisse les échelons du succès. Il y a des fois où, en allant à des soirées, elle puisse trouver le moyen de réussir plus rapidement qu'une autre, qui travaille tous les jours sur ses chansons. Et aussi, il y a beaucoup d'hommes qui ne racontent que des histoires, qui disent avoir des contacts, ou qui proposent soit-disant des opportunités, afin d'attirer l'attention de ces filles. J'ai écrit cette chanson pour encourager ces filles, et leur dire de ne pas laisser ces hommes les blesser, parce que je sais qu'il y en a beaucoup comme ça.

Après avoir obtenu votre diplôme, vous avez vécu à New York et à Toronto pendant presque six mois, où vous vous êtes produites dans des clubs. Comment cela s'est-il passé ? Pensez-vous que, en ayant expérimenté la scène musicale américaine, vous avez appris quelque chose que vous n'auriez pas pu apprendre au Japon ?

lecca : Je n'ai jamais été douée pour la scène, mais je le faisais pour mon entourage. Je pense que je chantais en y mettant tout mon coeur et toute mon âme. Mais en y repensant, je suis un peu embarassée. Tous les jours, on me demandait de chanter, que ce soit dans un club, un café, un studio, une pièce, ou une voiture ; je me disais juste que les Américains (ou les Canadiens) étaient des gens supers. Après avoir chanté, on me demandait souvent de me produire sur scène. Cela se faisait très naturellement. J'ai beaucoup appris de leur façon d'être.

En parlant d'autres pays, voudriez-vous vous produire à l'étranger ? Si oui, dans quels pays, et pourquoi ?

lecca : J'aimerai aller en Afrique, en Inde, en Asie, ou au Maroc, là où la musique traditionnelle est née. J'aimerai jouer avec des gens là-bas, de participer à des festivals, etc.

Vous avez sorti votre quatrième album, intitulé City Caravan fin juillet. Aviez-vous un concept en tête avant de commencer à travailler sur cet album ? Si oui, lequel ?

lecca : Comme le titre le suggère, le concept est la vie quotidienne lors d'un voyage en caravane. A la base, j'avais eu cette idée il y a quatre ans, avec une ancienne version de la chanson City Caravan. Je pensais au fait que l'on ait tout à Tokyo, mais que c'était comme le désert, difficile à y vivre.

A l'écoute de cet album, on se rend compte qu'il est plus "calme" que les précédents. Est-ce que c'était voulu, ou bien est-ce que cela s'est fait tout seul ?

lecca : Je pense que c'est dû à mon âge... Je suis moins nerveuse que lorsque j'avais vingt ans. Désormais, je ne peux plus attaquer la société, ou d'autres personnes, parce que j'ai découvert que j'avais, moi aussi, des points faibles. La musique que j'écoute maintenant, les paroles sortent plus de l'ordinaire. Il y a cinq ans, j'écoutais tout le temps du dancehall, mais cette année, j'ai découvert des artistes comme jah cure, daville, alaine, kevin micheal, kevin lyttle... J'aime toujours le dancehall, mais c'est moins fort maintenant. Je veux me ressourcer et faire se ressourcer les autres. (rires)

Le design de la pochette de l'album, ainsi que le titre, City Caravan, donnent un certain côté nomade. Quelle est l'histoire derrière ce titre ?

lecca : C'était plus le titre d'une chanson que celui d'un album. Et c'était aussi le coeur du concept. Je pensais aux nomades, aux Bédouins en particulier, qui vivent toujours dans le désert. Ils chérissent leur famille, leur vie, respectent les anciens, et enseignent à leurs enfants ce qui est précieux. J'aime ma famille, et je veux écouter les enseignements de mes respectables aînés. Je ne veux pas transmettre de mauvaises choses aux enfants.

La chanson CIRCUIT BUS a été produite par le producteur Jamaïcain Christopher Birch, en collaboration avec le groupe Voicemail. Pouvez-vous nous en dire un peu plus ?

lecca : A la base, je voulais faire une chanson avec Voicemail; je suis entrée en contact avec eux l'année dernière. Quand je leur ai demandé si on pouvait travailler ensemble, et quel riddim leur conviendrait le mieux, oniel m'a parlé de Birch et m'a dit qu'il n'y avait aucun problème. Le "Military riddim", très populaire à l'époque, avait été produit par Birch, alors j'ai demandé à oniel s'il pensait qu'il accepterait de travailler avec nous. Il m'a dit que oui, parce que c'était quelqu'un de bien. C'est comme ça que cela s'est décidé !

Le clip de ai&lie&wine, qui figure également sur l'album, est très différent de vos précédentes vidéos. Pourquoi avoir choisi ce genre de clip, avec beaucoup de danseurs, au lieu de faire un clip qui raconte une histoire, ce que vous faisiez d'habitude ?

lecca : J'aime les clips qui ont une histoire, mais avec ai&lie&wine, c'est grâce aux danseurs de mes amis que cette vidéo a pu se faire. Quand j'ai composé cette chanson, j'avais une image en tête, je les voyais tous en train de provoquer la caméra. Je voulais essayer certaines choses, mais je ne suis pas directrice artistique. J'essaierai un jour...

La chanson City Caravan III est en deux parties : Ieji hajime et Ieji Owari. Pouvez-vous nous dire quelle est la signification de ces chansons, et pourquoi y'a-t-il deucx parties ?

lecca : Hmm, cela m'avait été suggéré par mon producteur, alors il n'y a pas de raison particulière.

La chanson BELLE EPOQUE est un featuring avec Diggy-MO' du groupe SOUL'd OUT. Comment était-ce de travailler avec lui ? Qui s'est occupé de quoi ?

lecca : Je me disais que je ne devrais pas travailler avec des personnes que je respecte énormément. Je plaisante. J'ai un profond respect pour Diggy, alors j'ai passé bien plus de temps que d'ordinaire sur cette chanson. Cela m'a pris beaucoup de temps, parce que... Je me disais "Je ne peux pas faire chanter Diggy sur un mauvais son". Je voulais aussi que la chanson plaise aux fans de Diggy. J'ai passé un mois sur la partie instrumentale, et un autre mois à écrire les paroles. Diggy a aimé le riddim que j'avais fait; ensuite, nous avons écrit les paroles chacun de notre côté. C'était très difficile, surtout que nous n'avions décidé que vaguement du thème. Et quand nous sommes passés à l'enregistrement, les paroles n'étaient pas très naturelles, alors j'ai réécrit ma partie. Le deuxième jour d'enregistrement, nous étions dans le même studio. C'était très stimulant; Diggy me donnait des conseils, comme un professeur. Ce sont les paroles de Diggy qui font l'âme de cette chanson !

De toutes les chansons, quelle a été la plus difficile à composer ? Et la plus facile ? Pourquoi ?

lecca : Belle époque a été de loin la plus difficile. La plus facile... En fait, toutes les autres chansons étaient plus faciles, je pense, même si ça n'a pas été simple pour autant...

Que préférez-vous, travailler en studio, ou bien donner un concert ? Pourquoi ?

lecca : J'aime travailler en studio, bien sûr. Si je pouvais, je ne voudrai faire que de la musique, tous les jours. Je suis sérieuse. Si quelqu'un pouvait monter sur scène à ma place, cela ne me dérangerait pas.

Vous avez participé à plusieurs grands évènements en été. Qu'est-ce que ça fait de se produire lors d'un festival, plutôt que de donner un concert ?

lecca : Bien que je ne monte pas souvent sur scène, c'est amusant de participer à un festival. Mais quelque part, ça fait bizarre, parce que le public est différent de celui des clubs.

Quels sont vos projets pour l'avenir ? Avez-vous déjà des idées pour de nouvelles chansons ?

lecca : Tant que j'en ai le temps, j'écris des chansons tous les jours. Mais, malheureusement, je dois me fixer des limites parce qu'en travaillant si dur, je me fais mal à la gorge. Je peux faire deux chansons par jour, cinquante par mois. Hier, je me suis fait mal à la gorge, alors j'ai dû m'arrêter. Et ces prochains mois, je serai en concert tous les week-ends, alors j'essaye de composer un maximum de chansons. Comme je l'ai déjà dit, je pense que je serai heureuse si je pouvais me concentrer uniquement sur ma musique.

Avez-vous un message pour nos lecteurs ?

lecca : Je recherche quelqu'un pour chanter mes chansons ! (rires) Merci beaucoup d'avoir lu cette interview. Si cela vous a intéressé, écoutez ma musique.

Merci d'avoir pris le temps de répondre à nos questions !


JaME tient à remercier lecca et Avex pour avoir rendue cette interview possible.









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