Live Report

Live Report - Plastic Tree à Lyon 11 Octobre 2008

23/10/2008 2008-10-23 12:00:00 JaME Auteur : FoX

Live Report - Plastic Tree à Lyon 11 Octobre 2008

Retour sur un grand concert. Tout simplement.


© Adeline Muller - JaME
11 Octobre 2008. Pour la première fois en trois tournées françaises, Plastic Tree passe en province, plus précisément à Lyon. On sait que la
formation aime la France, mais on pouvait se poser la question de l'inverse. En effet, depuis sa première venue un soir de finale de coupe du monde, dans une salle à moitié remplie (faut dire que c'était une bonne idée...), le groupe était passé par la Maroquinerie, puis pour cette année voguait vers la Scène Bastille. On se demandait donc légitimement si le groupe pouvait remplir deux salles, deux soirs de suite, dont une en province. Lyon pour cela était un bon choix, carrefour du sud de la France où tout le monde a accès. Reste à savoir si la sauce prenait dans une période creuse, mais qui avait l'avantage d'être un samedi. Ne tergiversons pas, la réponse est oui, cent fois oui, et c'est un Plastic Tree habité qui a livré une prestation enflammée devant un Lyon enchanté ce soir là.


AIRWAVES


L'attente, comme d'habitude pour ce genre de concert, a commencé très tôt pour certains spectateurs. Il ne faut pas s'étonner de voir des gens debout depuis 6 heures du matin. Enfin, l'avantage de Lyon, c'est qu'il y fait meilleur qu'à Paris, on patiente aussi longtemps, mais plus chaudement sans aucun doute.

Après une ouverture des portes à 20 heures, c'est donc quelques deux cents personnes qui commencent à s'installer à droite et à gauche. La salle, petite, promet un spectacle intimiste au plus près des membres, et le public ne s'y trompe pas, faisant tout son possible pour être au plus près de la scène.

Les Dandy Freaks lancent la soirée sur les chapeaux de roue. Difficile d'imaginer plus originale comme concert pour contrebalancer avec Plastic Tree. Car le groupe japonais est aux stéphanois ce qu'est Johnny à Varg Vikernes. La formation propose en effet un cocktail unique, aussi bien visuel que sonore. Dandy Freaks, c'est comme si l'on avait mélangé dans un quintet du rock, de l'electro, et qu'on saupoudrait le tout d'humour mais aussi d'Arturo Bracchetti. Car les cinq membres jouent sur la science du déguisement pour changer de thème et de chansons, souvent d'ailleurs plus subtiles qu'elles en ont l'air au premier abord. Ainsi on rigole beaucoup avec le groupe, mais ceci n'empêche pas celui-ci de parler des drogues sur les Brocolis (distribution de chewing gums à l'appui), voire même de transsexualisme sur Texas Tom Boy (la chanson des transsexuels texans car ils ont des chapeaux).

L'énergie déborde de la bande, portée par ses deux chanteurs Rodolphe et Manu. Ceux-ci mettent l'ambiance comme ils le peuvent devant un public.... dubitatif. Effectivement, il est à craindre que beaucoup de monde présent a frôlé la crise d'épilepsie devant un groupe qu'ils n'attendaient sûrement pas. Mais au final, les Dandy Freaks s'en sont plus que correctement sortis, chauffant la salle avec brio, et finissant par un service de champagne pour les premiers rangs, qui aura fait de nombreux heureux.

La pression monte d'un cran dans la salle pendant que fébrilement la plupart des gens commencent à attendre Plastic Tree.


Fantômes d'un instant


15 minutes après, les lumières s'éteignent, le public retient son souffle et commence à pousser pour tenter d'être au plus près de la scène. Le public crie, les membres arrivent les uns après les autres. D'abord Akira, suivi d'Hiroshi, puis de Tadashi. Les musiciens s'installent puis Ryutarou arrive, tel un pantin désarticulé. Regard ailleurs, vide, la présence du chanteur envahit la salle avant même sa première note. Débute alors Nemureru mori, extraite de l'album Nega To Posi. Magnifique introduction posant les bases d'un concert à la fois mélancolique, doux, violent, et rock.

Autant la musique de Plastic Tree peut paraître plate en CD, autant en live celle-ci est tout simplement magnifique. En effet, rares sont les groupes qui arrivent à transcender leur chansons pour en faire d'inoubliables moments en concert. La formation va encore plus loin et métamorphose ses chansons, les passant dans une autre dimension où les défauts du groupe deviennent ses plus improbables qualités.

Car qui dit Plastic Tree, dit bien sûr Arimura Ryutarou. Une voix, une présence, un charisme tout bonnement unique. On ne sort pas indemne de sa rencontre avec la bande, encore moins avec celle de son chanteur. Derrière ses allures de Pierrot ou de pantomime désarticulé, où chaque mouvement semble être le prix d'un terrible effort, s'expriment musique, pensées, paroles et traumas cachés. Effectivement celui-ci ne chante pas toujours juste, effectivement son timbre est particulier, mais c'est ce qui fait tout son charme. Sa voix est un numéro funambulesque qui essaierait de ne jamais tomber entre les murmures et la fausse note. Le spectateur ainsi se rend compte que des fois, il chante faux, mais n'en a cure, aspiré par les sentiments que transportent la musique, et la voix du groupe.

Le résultat est tout simplement une explosion d'émotivité. On sourit, on bouge, on crie, on pleure même pour certains. Les chansons se suspendent aux notes vocales, le public suit avec attention les mouvements de lèvres, les chants et les complaintes de Ryutarou. Sa voix est indispensable à Plastic Tree. Sans lui le groupe ne serait rien et ses défauts sont autant de qualités en live pour transmettre l'émotion. L'émotion est humaine et l'homme est imparfait.

Mais, il faut dire aussi que le chanteur est plus qu'aidé par ses musiciens, quand il ne vient pas en plus leur prêter main forte, guitare à la main. On assiste donc à un quatuor totalement déchainé, où Akira exulte, n'hésite pas à headbanguer voire même à sauter, tandis que Tadashi, lui, chante avec Ryutarou, se retourne par terre basse à la main, laissant s'exploser et s'exposer de tout son être au gré des morceaux. Hiroshi, lui, reste en retrait, derrière sa batterie, rendant une copie parfaite sans aucune fausse note, quelle que soit la vitesse du morceau, mais profitera de la fin du live pour longuement se rapprocher du public.

Mais on ne pourra pas dire que Plastic Tree, sur cette tournée, ne nous a pas donné une set list variée. Piochant allègrement à droite et à gauche de sa discographie, la bande a aussi tenu à proposer une setlist à la fois mélancolique et énergique. En bref, un choix de chansons qui représentent parfaitement la mixture du groupe, entre shoegaze et rock. Entre Ruisen Kairo, Kuchu Buranko, Melancholic ou Hate red, Dip it, les musiques de ce soir ravissent la grande majorité du public.

Un petit mot d'ailleurs sur celui-ci tant le comportement dans les concerts va de mal en pis. Déjà nous étions habitués à ce qu'on appellera "la guerre du premier rang". Mais ajoutez à ça 150 personnes qui rentrent dans le jeu, qui crient dès qu'une chanson est finie, qui crient dès que Ryutarou tend une main, et qui pousse, frappe et insulte, vous obtenez une mixture insupportable. En espérant que les mentalités évoluent car nous arrivons à un point de non-retour assez terrifiant, où le simple fait d'être japonais provoquent moult évanouissements.

Il faut dire aussi que le groupe est véritablement proche de son public et fait le maximum d'efforts pour se faire comprendre. Ainsi ne voit-on pas les membres s'avancer au plus proche de la scène quitte à déclencher une hystérie collective, ou Ryutarou alpaguer le public en français avec des "Allez! Allez Allez!". Ou encore sur Hate red, Dip it, où le refrain se transforme en un "Haro, Bonjour, Merci" assez amusant. On voit même la formation s'aventurer à questionner le public en japonais pour un résultat assez comique.

Le son de la salle, parfait, permet de profiter de toutes les chansons sans même l'usage de boules quies. On critique quand le son est mauvais, tirons notre chapeau pour une fois que celui-ci est excellent. Les basses sont graves, chaudes et les cordes de Tadashi retranscrivent les sonorités uniques de son instrument, tandis que les amplis d'Akira crachent distorsions sans que cela n'empiète sur la voix de Ryutarou, tout comme les martèlements d'Hiroshi.

Après plus d'une heure et demie de concert, le groupe finit sur Makkana ito et ame ni utaeba. Le public en redemande et appelle Plastic Tree de longues minutes durant, se chauffant comme il peut. Et on assiste à une madeleine de Proust quand l'on entend un "Vous êtes fatigués" que tout amateur de centre aéré connaît, sur lequel les spectateurs répondent en choeur. Une dizaine de minutes d'attente plus tard, on ne peut pas dire que la formation revient pour rien et réapparait pour jouer quatre chansons... Puis finit sur Ghost, magnifique conclusion d'un concert énorme, où la mélancolie, la tristesse explosent au creux des cordes vocales de Ryutarou, dans un tourbillon d'émotion à la hauteur de ce qui l'a précédé.

Le groupe salue alors les spectateurs de longues minutes, d'une façon chaleureuse, ne donnant l'impression de vouloir quitter la salle. Poignées de mains à tout va, distribution de médiators et de baguettes, sourire aux lèvres, les membres qui, sans micro, crient merci jusqu'à s'en casser la voix le moment est intense et prouve la proximité du groupe avec son public.

Au final Plastic Tree est le genre de groupe que, même si l'on apprécie peu en CD, on apprend à aimer en live. De par sa présence, son envie d'être là, son envie de jouer devant le plus de spectateurs, la formation s'est mise le public dans sa poche. Mais c'est surtout une monumentale prestation qui restera en mémoire pour nombre de personnes présentes ce soir-là. Intimité et émotivité étaient au rendez vous à Lyon le 11 octobre. Il ne reste plus qu'une seule chose à attendre, leur retour pour l'an prochain, leurs passages en France étant d'une précision quasi métronomique depuis 2006, encore une fois dans le sud de la France.


Setlist

1.Nemureru mori
2.Irogoto
3.Elegy
4.Replay
5.Alone again, wonderful world
6.Kûchû buranko
7.Yuki hotaru
8.Himitsu no carnival
9.Hate red, Dip it
10.Kaibutsu-kun
11.Ruisen kairo
12.Melancholic
13.Makkana ito
14.Ame ni utaeba

-En1-

Harienju
Ghost
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