Chronique

Dragon Ash - Independiente

15/10/2008 2008-10-15 12:00:00 JaME Auteur : Jerriel

Dragon Ash - Independiente

Olà Brasil ! Samba e carnaval! - 8,5/10

Dix mois après la sortie du génial Rio de emocion qui permettait de dévoiler une toute nouvelle facette du groupe, Dragon Ash revient en juillet 2006 avec le single Ivory, toujours dans cette même veine latino pour laquelle ils venaient de s'enticher. Puis few lights till night et Yume de aetara, deux autres très bons singles, se succèdent en moins de six mois. Les sonorités latines inspirent manifestement beaucoup le groupe, et c'est à travers elles que leur musique gagne un nouveau souffle. Dragon Ash bénéficie maintenant d'une toute nouvelle vitesse de croisière. Ils travaillent vite, très vite, et c'est finalement en février 2007 - moins d'un an et demi après Rio de emocion - que sort leur tout nouvel album, Independiente.

L'Intro nous plonge directement dans une ambiance festive, où percussions chaudes sont tapées avec entrain. Puis le deuxième titre, Develop the music, déboule avec ses chars colorés, ses plumes et ses paillettes, et écrase littéralement tout sur son passage. Percussions brésiliennes, sifflets, maracas, la grosse artillerie samba est lancée, et nous immerge au milieu des frictions bouillantes des corps parés du carnaval de Rio de Janeiro. Dragon Ash ne se contente dorénavant plus des sonorités hispaniques, et c'est à juste titre en embrassant toute la culture sud-américaine qu'ils considèrent le terme "latino" dans leur approche de la musique. Et comme toujours, chaque tentative de marquer se retrouve en essai transformé.

Nous nous retrouvons ainsi avec énormément de samba d'une réelle qualité dans cet album, et de quelques titres aux sonorités plus hispaniques comme la très enlevée stir ou l'indispensable El Alma, pour laquelle Shinji Takeda revient s'époumoner dans son saxophone. Le genre proposé dans Rio de emocion était déjà largement abouti, mais ici il atteint une maîtrise qu'il sera peut-être très très difficile d'égaler (ou pas).

Ce qui frappe le plus dans Independiente est la quasi-disparition du rap, comme si le groupe assumait maintenant pleinement sa nouvelle identité musicale. A l'exception de quelques éléments présents dans la superbe Beautiful, qui renoue légèrement avec le type de ballade que signait le groupe pendant la période Mustang !, et la très surprenante Luz del sol à laquelle participe Daizô du populaire groupe de pop-rap Ketsumeishi, titre qui mélange allégrement sonorités samba et calypso sur fond de guitares rock et agrémentée de phrasés rap, Dragon Ash s'est débarrassé des tics HARVEST-iens qui demeuraient encore dans Rio de emocion. Si BOTS continue d'user du scratch avec maestria, il le fait dorénavant plus pour habiller le fond sonore que pour développer de véritables sonorités hip-hop. Et finalement, cela ne choque pas plus que ça. Quoique ce soit, tout un pan de l'identité du groupe s'effrite, la nouvelle musique qu'ils composent est si cohérente qu'il est difficile d'éprouver un quelconque sentiment de deuil.

Mais nous savons que Dragon Ash est un groupe qui, même s'il continue sans cesse d'aller de l'avant, ne tourne jamais complètement le dos aux musiques avec lesquelles il s'est illustré par le passé. Et c'est ainsi avec une ballade résolument hip-hop, Wipe your eyes, chantée en duo avec Kaori Mochida du groupe ELT, que le groupe revient pour la promotion du best-of lancé pour l’anniversaire de leurs dix ans de carrière.

Cependant, c'est sans grande surprise que nous découvrons que le dernier single en date du groupe, Velvet Touch, sorti en juin dernier et utilisé par la chaîne de télévision japonaise TBS pour la retransmission des matchs de la UEFA, continue allégrement de baigner dans les musiques latines, avec notamment la reprise du traditionnel mexicain La Bamba en face B.

Dragon Ash n'a maintenant absolument plus rien à prouver dans le domaine des musiques sud-américaines, tout comme il l'avait fait quelques années auparavant avec le rock puis le hip-hop. Le groupe fait de la bonne musique latine. Soit! Mais nous ne demandons absolument pas à ce qu'il réutilise cette formule maintes fois car le principal plaisir que l'on éprouve à écouter Dragon Ash est celui de se sentir explorateur. Celui de se rendre sur des terrains déjà connus, mais de les considérer à nouveau avec le groupe comme GPS, si bien qu'ils en paraissent encore vierges et forcément plus éclatants.

Il est à gager que Dragon Ash ne s'arrêtera pas en si bon chemin et continuera de nous impressionner encore et toujours avec l'adjonction de nouvelles sonorités à leur musique. Pas de soucis, de telles capacités de synthèse et d'évolution pertinentes ne devraient pas se perdre si facilement.
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