Inoue Yosui 井上陽水

玉置浩二

Inoue Yosui fait partie de la légende de la musique japonaise depuis près de 40 ans. Il est sûrement le plus grand maître de la musique folk et populaire au japon. Cette réputation est loin d'être juste une estime artistique. En effet il est toujours actuellement l'un des artistes solo ayant vendu le plus d'albums et singles sur le marché nippon ; Il comptabilise environ une quarantaine d'albums et de singles dans le top 5 de l'Oricon depuis 40 ans...
Ne se limitant pas qu'à ces simples chiffres, il est aussi connu comme le plus grand songwriter nippon de l'histoire avec les compositions de nombreux morceaux pour divers artistes nippons et internationaux. L'homme possède aussi de nombreux mystères et un charisme assez emblématique. C'est dans ce but que nous allons faire un dossier pour permettre de découvrir les aspects les plus marquants de l'artiste.

L'inspiration
Yosui est un enfant modèle issu d'une famille de classe bourgeoise de la préfecture de Fukuoka. Il suivra une scolarité exemplaire avec des résultats excellents. Mais pendant son adolescence, il sera immédiatement sensible à l'éclosion des Beatles dès 63. C'est ainsi que la vie parfaite de l'enfant prodige va prendre un virage irréversible. Il échouera à son premier examen en 66. Il réussira avec difficulté à se réorienter vers une pseudo option musique. Il échouera à l'examen malgré la pression de ces parents sur l'administration scolaire en 68. C'est ainsi qu'en 69 après avoir enfin eu son examen de fin d'étude, il aura le champ libre pour se lancer dans une carrière de chanteur compositeur, la voie de la liberté. Il refusera ainsi de continuer de prendre la même route menant à la carrière paternelle de dentiste.

70's : Les années folles 69-76
En Juin 69, il va participer à un show radio « Shash Eleven »sur la station RKB avec un pseudo anglo-saxon « André Mandore » . Il interprètera alors la chanson « Kandore Mandore » qui aura alors un énorme succès auprès des auditeurs. Deux mois plus tard, le 1er septembre, le studio CBS Sony s'empressera de le faire signer pour enregistrer un single qui portera le même nom.
Cet évènement restera et va fabriquer une partie de la légende de l'un des plus grands musiciens nippons du 20e siècle. Le titre de cette première chanson est toujours affilié à l'un des plus célèbres studios d'enregistrement de Tôkyô.
Fort de cette première expérience publique, le jeune chanteur mettra un certain temps avant de retrouver les chemins des studios pour enregistrer un premier album. C'est ainsi qu'il s'appuiera sur des artistes folk locaux, dont notamment Takuro Yoshida pour se construire. Mais fort de son admiration des artistes anglo-saxons, on va constater un mimétisme troublant avec un autre occidental qui connaît un fort aura (avec près d'un million d'albums vendus) au japon en ce début de décennie.
Il s'agit du troublant Michel Polnareff, et Yosui va devenir d'une certaine manière la copie parfaite de la star française. En effet, Inoue va se munir de lunettes noires qu'il ne quittera plus jamais pendant toute sa carrière. Il adoptera aussi une coiffure de cheveux mi-longue frisée. Musicalement, leur timbre de voix sont très similaires, et de plus le nippon tout comme le français vont construire leur légende sur leur talent de mélodiste exceptionnel...
C'est ainsi qu'un 1972, Inoue va alors écrire sa propre histoire en devenant une légende. Il sort alors le 1er juillet 1972 son premier album « kasa ga nair » ou « Rupture » en anglais. Il va alors être le principal instigateur du courant folk à la sauce nippon qui va alors avoir un succès critique et commercial immense. C'est ainsi que le japon va connaître, tels les Etats-Unis quelques années auparavant, la vague des Baby-boomers. Ce premier opus reste et restera la principale ligne de conduite d'Inoue pendant sa carrière. Pour le définir en quelques mots, son style qui fit école, il mit son journal intime en chansons évoquant doutes, interrogations et traumatismes. Tendre, délicat, mais toujours inventeur de mélodies inoubliables, il va s'attacher à écrire parmi les plus grands classiques de la chanson populaire nippon.
Ainsi, les deux premiers singles tirés de son premier album vont se vendre au total à environ un million d'exemplaires. Sa première tournée va alors provoquer une vraie hystérie auprès des fans. Il sera à l'époque accompagné par les groupes the Mopps et Happy end.
L'année 73 sera encore plus charnière pour le jeune compositeur avec la sortie du très attendu « Koori no sekai » (Ice World) qui va être un véritable carton en approchant les deux millions de ventes, singles compris. L'album et les singles resteront en tête des ventes pendant plus de six semaines. Mais plus encore, on notera que ce même opus restera dans les charts nippons pendant plus de deux ans et demi, un véritable tour de force et un record...
En 1974 il se marie, et fera alors un hommage à son épouse, car celle-ci sera sur la jacket de son 4e album fin '74.
Autre année importante dans cette décennie de succès pour l'artiste : 1975. En effet, avec l'apport de certains de ses proches (Izumiya Takuo, Komuro Shigeru, Yoshida Yousui), artistes et divers, il va fonder le conglomérat « Nakayashi Group ». Ce groupement va alors enchaîner sur la création du label et de la maison de disques : FOR LIFE MUSIC ENTERTAINMENT FLME.
FLME est actuellement l'une des plus grandes majors nippones.
Inoue va bien sûr quitter la maison de disques Polydore pour rallier ses nouvelles couleurs. Dès lors, grâce à son halo commercial il sera le principal instigateur du développement de FLME (plus tard un autre gros point lourd rejoindra les rangs du label : Nagabuchi Tsuyoshi).


La période noire : 76-84
Cette fin de décennie va commencer par l'annonce de son divorce en 76, seulement deux ans après son mariage, même si sont 5e album se vend correctement, cette séparation annonce un déclin pour l'artiste.
En 1977 il touche le fond, il alors être arrêté pour détention de Marijuana. De plus, ses proches collaborateurs et amis seront aussi arrêtés pour trafique de drogue impliquant une soixantaine de personnes. Cette affaire sera un véritable scandale au japon. Ils sont alors condamnés à huit mois de prison ferme (qu'il fera jusqu'au bout) et deux ans avec sursis.
Dès sa sortie de prison, il sortira un album qui sera un vrai fiasco, le plus grand de sa carrière. Son image s'est complètement assombrie auprès de son public, et de la conscience sociale très influente au japon. Petite anecdote, cet album, qui s'est vendu à moins de 5000 exemplaires, est aujourd'hui une pièce de collection.

Le 30 aout 78, il se marie avec sa seconde femme, Seri Ishikawa qui lui offrira son premier fils trois mois plus tard.
L'artiste va alors se concentrer à la reconquête de son public perdu. Une tâche qui va lui prendre pas loin de cinq ans. Il sortira pendant cette période certains albums cultes (SO & Much) avec un certain succès critique. Il commencera l'enregistrement de ses premiers morceaux exclusivement anglais. De plus, il écrira et enregistrera de nombreux morceaux avec des stars nipponnes de l'époque et aussi internationales. Certains de ces morceaux sont de purs chefs d'œuvre tels que : "Come to the Sea", "jealousy", "Pelican TOMADOU" ou encore "canary".
On notera que le titre « canary » sera la base du duo qu'il enregistra 22 ans après, en 2004, avec Jane Birkin pour l'album « rendez-vous » de l'anglaise.
Plus remarquable, pendant cette période de reconstruction, il va asseoir une totale maîtrise de sa voie unique avec ces mélodies se résumant par une atmosphère envoûtante et mélancolique.


La résurrection : 84

Même s'il avait bien repris en main sa carrière en ce début des années 80, c'est avec la sortie de l'album « 9. 5 karatto » qu'il va littéralement redevenir incontournable dans le paysage musicale nippon. L'album est culte et sublime, et le public ne s'y trompera pas avec plus d'un million de copie vendues ; les singles et les différentes versions de l'album se placeront à la deuxième place des plus grosses ventes mondiales de 1985. Bien sûr, l'industrie musicale nippon ne manquera pas de récompenser l'artiste avec de nombreux prix lors de la 27e cérémonie des awards dans cette année de tous les records.

En 1986, il va alors principalement se consacrer à son public avec des concerts géants avec des affluences de 60000 personnes dans les stades.


L'autre carrière : 88-99

Fort de son succès, il va mettre entre parenthèses d'une certaine manière sa carrière musicale, en se consacrant à l'écriture des génériques de dramas les plus populaires sur Fuji TV dès 1988 ; Une activité qui ne le quittera plus pendant 15 ans. Cette ouverture va alors lui permettre de toucher un plus large public. Il va aussi commencer en parallèle une carrière d'acteur dans des films en en composant le plus souvent la musique.
En 1990, il sortira l'album « hansamu booi » qui sera la suite logique cinq ans après de « 9. 5 karatto » avec un gros succès. Le single « shounen jidai » quand à lui sera véritable carton avec un million de ventes encore une fois.
1993, sera aussi une grande année de succès avec la sortie du titre « Make-up Shadow » qui est la musique du générique de la série numéro une au japon : « The Wonderful life ». Les ventes de ce titre seront amplifiées par la reprise de la mélodie pour une publicité de Toyota. Résultat, le single du même nom sera vendu à plus d'un million d'exemplaires. Cette même année, il fera l'inauguration dans sa ville natale, du Fukuoka Dôme devant plus de 70000 personnes.
En 1994, il va encore surprendre ses fans en s'orientant vers une collaboration assidue avec la jeune génération nippone musicale. C'est ainsi qu'il va travailler avec Tamio Okuda, ex chanteur du groupe à succès Unicorn , qui vient tout juste de se dissoudre en 1993. Le maître Inoue va alors aider son nouveau protégé à changer son registre musical de chanteur pop rock pour adolescentes en véritable chanteur folk. Yosui écrira et composera certains des titres du premier album (« 29&30 ») de Tamio Okuda. C'est ainsi qu'entre la sortie de son premier single solo et la sortie de ses deux premiers albums, l'élève Tamio vendra pas moins de trois millions d'albums et de singles confondus en l'espace d'une année.
Forts de cette complicité naissante, les deux chanteurs vont alors commencer, en parallèle à leur carrière respective, un duo. Ils vont alors sortir plusieurs albums (le premier en 1997) en duo avec un réel succès auprès de leur public respectif. (Cette collaboration est actuellement toujours d'actualité, puisqu'en effet, les deux hommes, après avoir sorti un album en 2006, sont partis en tournée en 2007 avec 28 prestations jusqu'en décembre de la même année.)

Inoue va alors profiter de cette exposition, pour apporter un coup de jeune à sa production, touchant ainsi un public plus jeune.
Mais en 1996, il va encore frapper un grand coup et surprendre tous ses fans en aidant deux jeunes petites idoles à sortir leurs premiers album (intitulé : « amiyumi ») et single avec l'aide de son compère Tamio Okuda...
Ces deux jeunes filles en question sont en effet Onuki Ami et Yoshimura Yumi du groupe PUFFY qui vont devenir des méga stars après la sortie de leur premier album.


The very best years

En 1999, à l'occasion de la commémoration des trente ans de la chanson « Kandore Mandore » qui lança la carrière du chanteur, Inoue sort : GOLDEN BEST.
C'est alors un raz-de-marée qui va inonder tout le japon pendant plusieurs mois voire même plusieurs années. En effet, en 2003 il y aura une réédition spéciale qui s'intitulera alors GOLDEN BEST SUPER.
Résultats : cet album ultime va trouver plus de deux millions d'acquéreurs et restera en tête du top Oricon pendant plusieurs semaines. Il amplifiera cette vague avec des tournées monstres de 1999 à 2002.
Pourquoi un tel plébiscite ?
Inoue fait tout simplement partie du paysage culturel nippon, il a sû dans cette compilation ultime faire le lien avec différant travaux de ses débuts, sa vie de compositeur de musiques de film, et ses derniers travaux récents. Il a sû ainsi réunir autour d'une même chaîne hifi près de trois générations de fans. De plus, loin d'être un simple patchwork, chaque titre fut retravaillé et réenregistré.

En 2001; il va profiter de cette embellie pour sortir l'album « UNITED COVER » qui va être un réel bain de jouvence pour les fans de la première heure avec des sonorités purement folk et mélodique typique de l'artiste. Les ventes de l'album seront encore une fois au rendez-vous avec près d'un million de ventes. La tournée qui en découle est à ce jour l'une des meilleures de sa carrière.


Inoue Yosui le gestionnaire : 2004-∞............

Après un début des années 2000 folles, Inoue Yosui a calmé très sérieusement sa production. Il est vrai, il est aujourd'hui l'un des dirigeants les plus actifs dans le label Major FLME qu'il a fondé. Un album hommage enregistré avec les meilleurs artistes pop a vu le jour il y a quelles années. Mais l'artiste de légende est loin d'avoir fini de livrer son message. En 2006, il sort un nouvel album original, « LOVE COMPLEX » , avec son ami Tamio Okuda qui aboutira en 2007 a une très bonne tournée acoustique en duo.
Même si depuis quelques années on attend un album de référence on sera peut être une nouvelle fois charmé en 2008 car l'artiste travaille sur un nouvel album solo.






Pour conclure ce dossier, Inoue est, et restera, le plus grand artiste pop&folk nippon, il a su rester populaire tout en gardant sa personnalité musicale ressemblant ainsi bientôt près de quatre générations de fans.