Chronique

The GazettE - Filth in the beauty -Auditory Impression-

07/12/2006 2006-12-07 12:00:00 JaME Auteur : Nataku D.

The GazettE - Filth in the beauty -Auditory Impression-

5e à l'Oricon

C'est sous ce titre, on ne peut plus explicite, que débute la chronique de cette sortie dont la -Optical impression- a su se faire une place dans les classements des singles les plus vendeurs, battant d'un rang Cassis qui avait pourtant eu l'avantage d'avoir servi de générique à une émission télé. Cette longue période de quasi silence discographique de la part du groupe n’a donc pas été vaine, d’autant plus que l'actualité avait été plutôt chargée pour les membres (Budôkan, une longue tournée japonaise de 33 dates, sortie d’un photobook, concerts allemands…) et que la seule chanson qu’on ait entendu de leur part depuis février était Kare Uta, incluse dans la « first press » de leur photobook, une ballade plutôt poussive sans même cette touche The GazettE si caractéristique. (Précisons qu'une autre chanson,Chigire, rassemblant furieusement à une réorchestration moins inspirée de Toguro, avait été distribuée durant un concert réservé au fanclub japonais.)

Mais au-delà des classements mercantiles, que penser de ce maxi-single ? Et bien à la fin de la toute première écoute, la première pensée qui vient probablement à l’esprit est : « C’est bien The GazettE, ça ? ». Après que le CD ait tourné pendant un bout de temps dans votre platine, on commence à retrouver peu à peu ses marques car après tout, l'amour du groupe pour les choeurs pop, limite R&B, les riffs de guitare lourds et gras, ainsi que les chants rappés de Ruki sont loin de constituer une nouveauté. Si auparavant ils apparaissaient sporadiquement dans les morceaux, artifices de l'ingé-son pour surprendre l'auditeur, ici... ils sont le morceau ! Passons à la revue en détail.

Beauty in the filth ?
Dès que vous insérez le CD dans la chaîne et appuyez sur le bouton Play, vous ne pouvez vous empêcher de jeter un premier coup d’oeil à la couverture du single pour vérifier le nom du groupe : après tout, vos haut-parleurs crachent du pur R&B japonais depuis tout à l’heure. Mais avant que vous n’ayez même le temps d’achever votre mouvement, les guitares arrivent enfin en trombe pour secouer tout ça, et... s'éclipsent aussitôt. Un mélange destructuré de méchants petits bouts de rock-métal et de passages pop font suite, un peu comme si on zappait hâtivement entre Fun Radio et le dernier CD de Slipknot. Tout au long du morceau, les deux styles vont se côtoyer, flirter l'un avec l'autre pour finir par se fondre et laisser place à un final à la guitare - The GazettE reste un groupe de rock, qu'on se le dise !! Le morceau est intéressant à plus d'un titre, d’abord par le mélange assez exotique de sonorités 100% pop et de guitares hurlantes, mais aussi parce qu'il ne se contente pas de suivre une construction couplet-refrain redondante, sa structure est basée sur l'évolution du son, de la progression de ce contraste voix féminines/guitares-hurlements bourrins. Des expériences semblables ont déjà été tentées par The GazettE, au hasard dans le titre Nausea&Shudder sur leur dernier album mais le succès le l’entreprise n’avait jamais été aussi flagrant, particulièrement à cause du soin apporté en studio au travail du son et à l’opposition saisissante entre les parties metal et celles R&B.
La deuxième piste de la galette, au titre charmant de Rich excrement - toute traduction me semble superflue - cède au piège, si nous pouvons l’appeler comme cela, du néo-metal que le morceau précèdent avait su éviter. Le ton est donné dès les premières secondes, les guitares seront vrombissantes et lourdes comme une chape de plomb, quelques effets rappelleront un Rage against the machine (uniquement au niveau du son, pas de la technique de guitare) mais ce qu’on retiendra principalement du morceau, c’est son groove irrésistible. Un nom comme Crazy Town pourrait venir à l’esprit, et le tout est décuplé par une ligne de basse nerveuse en diable et de loin plus intéressante que les parties de guitare. D’ailleurs adieu les riffs secs, sursaturés du morceau-titre, tout se fait avec plus de rondeur et plus de réverbération... mais sûrement pas plus de douceur ! La preuve définitive en est apportée par les vocalises de Ruki, si d’ailleurs on peut se permettre de donner un tel nom à des chants rappés et agressifs, avec en guise de choeurs des «Bounce» beuglés avec un enthousiasme dévastateur par les autres membres de The GazettE, un commandement qui d'ailleurs ne nous donne qu'une unique envie : obéir. Que vous aimiez ou n’aimiez pas ce morceau, il sera un moment incontournable pour vous défouler en live.
Après toutes ces émotions et pour clôturer le maxi, on est plutôt content de retrouver un morceau de The GazettE "normal" : guitare acoustique, refrain mélodique, le chant au timbre si particulier de Ruki, malgré des riffs de guitare sentant un peu comme le réchauffé du morceau précèdent. Les choeurs féminins et masculins signent encore une fois leur retour mais le concept de faire une chanson avec des riffs énergiques et un chant mélancolique ne semble pas prendre, cette fois-ci, peut-être parce que les riffs manquent de force, et pour une fois que Ruki bridait sa verve de parolier et nous laissait mieux apprécier la structure du morceau, c’est vraiment regrettable. Et malgré le refrain très bateau, le morceau peut plaire par ses variations : choeurs, riffs violents, voix féminines, guitare acoustique, breaks, samples… Rien ne manque à l'appel !

Avis
L'évolution post-NIL se fait nettement sentir, le groupe refuse de s'appesantir sur ce qu'il a déjà fait, dans ce maxi-single en tout cas, puisque REGRET est là pour les fans nostalgiques. Mais il pousse le concept de leur précédent album plus loin, il ose enfin expérimenter avec leur nouveau son, nous offrant à nouveau ces chanson à deux vitesses que Gazette savait si bien faire, des chansons mi-ballade mi-brûlot punk, dont on avait bien cru que The GazettE avait oublié la recette.
Le style du packaging est pour une fois superbe et reprend tout à fait les mêmes coloris et thèmes que celui de REGRET, jusqu’à cette rose à l’arrière du boîtier, non plus rouge mais noire encre. Pas de photos du groupe mais les paroles et des illustrations avec des branches d’arbres noires, des corbeaux noirs et des trucs bizarres noirs, également. Et en cadeau, un sticker « Explicit content Parental advisory » sur la pochette. Comment ça, ce n’est pas un bonus ?

Dans tous les cas, ce single ne vaut l'achat que si vous êtes sûr de ne pas avoir développé une grave allergie au métal moderne ou au chant rappé mais les plus légèrement atteints pourront facilement passer outre et se laisser emporter par les expérimentations du premier morceau, le groove du second ou le son si The GazettE du dernier. Et peut-être même préférer à l’achat la -Optical Impression- , celle avec le clip, car si vous ne rajoutez pas Crucify Sorrow à votre discographie, vous ne manquerez sûrement rien d’important. Et vous vous retrouverez à la tête d’une couverture plus esthétique, d’un clip beau mais quelconque et d’un portefeuille délesté de quelques euros supplémentaires.
Et finalement, est-ce que ce single mérite sa cinquième place ? Oui, trois fois oui, parce que loin d’être un amalgame d’influences mal digérées comme on aurait pu le croire à la lecture de ma chronique, c’est un single au son moderne, certes, que certains n’hésiteront pas à appeler « néo-métal » et comparer, encore une fois, à Dir en grey, mais qui a réussi ce virage que les Dir et plus généralement le néo-métal ont raté : innover en restant soi-même et ne pas s’extraire de certains carcans pour s’enfermer aussitôt dans d’autres.
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