Et bien, deux maxi-singles mis sur le marché à une semaine d'intervalle, mais ne serait-ce pas l'équivalent d'un mini-album que The GazettE vient de nous offrir là, divisé en deux, suite à une innovante trouvaille de leur service marketing, qui devait sans doute se sentir frustré de ne pas pouvoir proposer plus de deux ou trois versions par sortie ? Jaurais pourtant envie de me faire lavocat du diable et de dire que ce ne sont pas uniquement des basses raisons mercantiles qui ont guidé ce choix. Pas exclusivement en tout cas puisquon peut voir se dessiner une ligne de séparation assez nette entre le son de REGRET, qui représente le côté plus traditionnel de The GazettE, plus mélodique et avec un son plus "chaud" et Filth in the beauty qui va vers l'innovation et un son plus typés métal moderne, les deux derniers morceaux des deux CD servant en quelque sorte de pont vers l'autre catégorie. D'ailleurs, ce maxi ne goûtera pas au vertige des plus hauts sommets des classements Oricon mais se classera néanmoins 9e puis 19e dans le classement des singles les plus vendeurs, avec la -Optical Version-. Et bien, puisque le public japonais ne semble pas tellement apprécier ce petit retour aux sources, rien ne vous oblige à vous ranger à lavis de la masse sans vous faire votre propre avis... ou au moins lire cette chronique.
Aucun regret
Vu le titre de la chanson-éponyme, on misait sur une ballade et on n'a pas eu tort, c'en est bien une ! Pas une ballade pop comme Reila, Sumire ou Cassis mais une gentille chanson entraînante - si c'était une chanson d'amour, cela serait une chanson d'amour heureux, dun amour qui sait quun jour, il touchera à sa fin, mais qui se contente de vivre fiévreusement, sans peur ni regret dans le présent. Oublions mes pâles tentatives pour définir lambiance de ce maxi et intéressons-nous à la musique en elle-même bien quil ny ait pas grand chose à dire, REGRET reste une chanson classique, sans lopposition couplet brutal/refrain mélodique pourtant si chère à The GazettE et qui ferait presque penser à Machibôke ni kôen de
et Shiawase na hibi issus leur période indies. Néanmoins « faire penser » ne veut pas dire « être semblable » et ce que le son de The GazettE a perdu en naïveté, en cette touchante sincérité propre aux groupes indies, il la largement compensé grâce à la plus grande maîtrise dont fait preuve le chanteur et au soin attentif qui a été porté aux arrangements. Seul regret pour REGRET : la voix de Ruki pas assez mise en avant au mixage et un peu trop écrasée par les guitares.
C'est une bonne cuvée de The GazettE, calibrée pour plaire à tous et c'est peut-être pour cela que je préfère la chanson suivante, Psychedelic Heroin, à la personnalité plus affirmée, dans un style qu'on pourra comparer à Silly God Disco façon pop-rock et avec des beaux refrains mélancoliques. Et on n'oubliera pas de mentionner le solo de guitare virevoltant, loin de celui du premier morceau qui se traînait sans enthousiasme. Ajoutez à cela une ambiance très «pseudo-années 70 » jazzy, Kai qui offre ici à la batterie le rôle dun véritable instrument, pas celui dun métronome monotone, et Ruki qui samuse à parsemer le morceau de « houhouhou » très peu virils mais définitivement rock : voici venir Psychedelic Heroin !
Finis les sanglots longs de la voix de Ruki à la sincérité douteuse, The GazettE a bel et bien retrouvé la pêche qui le caractérisait à une période pas si lointaine mais déjà Worthless War, le dernier titre du maxi, vient achever cette sorte de retour vers le passé puisque ce titre regarde, louche même, du côté de Filth in the beauty. Le sample bien sympathique qui ouvre ce dernier morceau, débouche hélas sur un bourrinage sans grâce et le chant rappé de Ruki qui signe là son grand retour. Les refrains sauvent néanmoins le morceau, ils sont dans la même veine que tous les autres de ce maxi, mélancoliques mais délivrés avec une certaine énergie, que dis-je, une énergie certaine ! Sinon, rien dautre à signaler dans cette chanson mi-figue mi-raisin, ne parvenant pas à capturer la grâce de la mélancolie des deux chansons qui lont précédée, pas plus quà envoyer lauditeur dans une frénésie dheadbanging. On pourrait le rapprocher du maxi Zakurogata no yûtsu Miseinen Zetsu mais avec des couplets arrangés pour accueillir le chant rappé et javoue que sans que cela soit rédhibitoire, on peut trouver des mélanges plus heureux.
Avis
Ce quon pourra adorer ou reprocher à ce maxi, cest la bonne volonté indéniable avec laquelle il suit son concept : mélancolie et énergie. Cest assez répétitif et rien némerge vraiment bien quon puisse être charmé par lhomogénéité de lensemble ou tomber sous le charme de la thématique. Enfin, REGRET est le maxi calibré pour satisfaire les anciens fans : si vous ne vous sentez pas une âme d'aventurier et surtout si le dernier morceau vous a déplu, ne vous aventurez pas du côté de Filth in the beauty. Sinon foncez écouter ce que The GazettE a inventé de nouveau - et d'étrange.
Quand à savoir sil vous faut la -Auditory- ou la - Optical Impression -, et bien, la question est bien plus épineuse quen ce qui concerne Filth in the beauty, la dernière chanson nétant pas dépourvue dattraits... Donc si vous voulez à tout prix entendre Ruki rapper encore un peu, demandez la -Auditory Impression-, sinon rabattez-vous sur le clip.
Le packaging, très esthétique, reprend les mêmes tons sépia flatteurs que Film Bug I, auxquels sopposent les couleurs primaires - noir et un peu de rouge - du trait des illustrations et qui nous dévoile à lintérieur un disque à la laiteuse blancheur virginale, seulement ornée dune rose grise (oui, bon et des crédits, comment ai-je pu oublier les crédits).
Sinon rien de plus à dire, vous aimez sans doute Gazette pour être arrivé à la fin de cette chronique, c'est un single de Gazette, simple et honnête, sans expérimentations superflues, alors qu'attendez-vous encore avant de vous ruer dessus ?