Interview

Interview : Hideki

21/07/2006 2006-07-21 12:00:00 JaME Auteur : kimkim et Non-non Traducteur : Graziella

Interview : Hideki

Entretien avec Hideki ex. Siam Shade


© J-ROCK
Au bureau de J-ROCK situé à Setagaya, nous avons obtenu une interview de Hideki (ex-Siam Shade). Hideki, un grand et séduisant homme, entre dans la pièce avec son manager, il s’asseoit dans le sofa et l’interview commence. Il nous parle de son départ de Siam Shade, de son premier lancement en solo, de la formation d’Acid et de sa poursuite en solo. Il nous raconte aussi des moments uniques avec Siam Shade. Dans la vie de tous les jours, les gens gardent leurs distances envers les autres, mais Hideki est franc et honnête. Sa pureté semble à la fois fragile et dangereuse. Sincèrement, beaucoup de monde va apprendre à quel point sa vie incarne le rock et la libre expression.

Tout d’abord, félicitations pour votre album "Toki ga owaru made tada", pour les fans étrangers, pouvez-vous vous présentez ?
Je trouve cela plutôt étrange de se présenter. Peu importe, enchanté de vous connaître !

Quand avez-vous commencé à envisager une carrière solo ?
C’était juste avant de commencer la tournée d’Acid, vers mars 2005.

J’ai été surpris quand vous avez changé votre fonction de leader pour celle de clavieriste dans Acid.
Bien sûr que vous l’avez été ! Je pense que c’est bien. Je ne m’oppose pas au fait de chanter les chansons en tant que leader, mais si les gens se demandent "qu’est ce que fait Hideki ?" et qu’ils s’aperçoivent que je ne chante pas, alors ils commencent à chercher qui chante vraiment et finissent pas voir que les musiciens sont des inconnus. Quelqu’un dira « Hideki est au clavier ! » et je suis sûr que tout le monde répondra : "quoi ? ". Vous ne croyez pas ? Je crois que c’est bien d’attirer l’attention des gens. J’essaie de faire un groupe fort et c’est mieux de le faire si je ne suis pas le centre d’attention.

Beaucoup de monde vous préfère en tant que chanteur et leader, donc, ils ont été un peu gênés.
Je crois que les choses ne sont pas si simples dans la vraie vie. Ma jeunesse s’est achevée avec Siam Shade. Au Japon, la plupart des gens qui me connaissent pensent que dès que je chante c’est avec Siam Shade. J’ai tiré un trait sur tout ça lorsque j’ai arrêté ce groupe. Je me dis toujours :"je ne ferais plus jamais ça ! C’est trop difficile d’être chanteur et leader d’un groupe".

Acid est totalement différent de Siam Shade.
Dans le cas de Siam Shade, les musiciens étaient bien connus. Désormais la plupart des gens ne savent pas grand-chose des membres de mon nouveau groupe. Quand j’ai commencé à jouer avec Acid, les gens comparaient avec mon ancien groupe. J’ai donc décidé de changer de position pour faire taire les comparaisons.

Mais Hideki, vous avez une forte présence et même si vous jouez au fond de la scène les gens vous regardent.
Hé bien, il est vrai que les membres d’Acid ne sont pas encore à l’aise,donc, si je m’éclate en jouant le public me regarde. C’est pour ça que je joue indépendamment. Maintenant, Acid prend de la notoriété et le groupe a vraiment l’impression que le public vient pour le voir. Ça les encourage beaucoup s’ils doivent faire un gros concert. Il est donc préférable qu’ils jouent par eux-même, ensuite, je m’ajoute à eux. Bientôt les choses iront mieux. Je pense qu’il nous faudra encore un peu de temps, un an je pense.

Le fait qu'à nouveau vous commenciez une carrière solo,c'est pour permettre à Acid de prendre son envol ?
Pour être honnête, je suis un homme qui ne change plus d’avis lorsqu’il est décidé, mais, par chance, il y a eu une proposition de maison de disques lorsque Acid avait un peu de mal. Juste avant ça, ils avaient joué au Club Look à Chiba. Après le concert ils sont venus me voir pour me dire : Hey ! C’était trop excitant !". A ce moment, j’ai pensé "c’est ce qui me manque". Actuellement, il y a des avantages à m’avoir dans le groupe, mais, il y a aussi des inconvénients. Ils connaissent déjà les avantages mais ils vont apprendre les inconvénients.

Récemment, nous avons interviewé Acid, et ils ont laissé entendre qu’ils essaieraient par divers moyens d’exprimer leur personnalité.
Oui. Sur la scène musicale, un groupe qui évolue devrait toujours avoir une arme secrète. Acid a besoin de ce petit quelque chose et je leur fais bien comprendre.

Pourquoi avez-vous choisi Masahide SAKUMA pour cet album ?
Une fois, j’avais dit : "j'aimerais bien travailler avec M. SAKUMA , c’était il y a 7 ans, quand j’ai commencé avec Siam Shade. Avant, on s’auto-produisait, mais nous avons parlé avec une maison de disques et nous sommes parvenus à la conclusion qu’il était préférable d’avoir un producteur. C’était juste avant la sortie de notre tube «1/3 no junjo na kanjo». A ce moment là, les ventes n’étaient pas si bonnes,ce qui ça a confirmé notre idée. On nous a demandé qui on voulait alors, on a répondu : «On veut travailer avec M. SAKUMA ».

Pourquoi lui ?
Quand j’écoutais Boøwy et l’Arc~en~ciel, je trouvais les parties vocales magnifiques. J’ai pensé que c’était un aspect important qui manquait à Siam Shade, donc j’ai voulu travailler avec M. Sakuma. De toute façon, si ça n’avait pas eu lieu, j’aurais été frustré. Maintenant que j’ai recommencé une carrière solo je lui ai demandé et il a accepté. Finalement j’ai réussi là où j’avais échoué il y a 7 ans, c’est le plus important pour moi.

Sur cet album, Makoto Takahashi (ex-Boøwy) et Toshimitsu Nagai (membre de soutien de Glay) se sont joints à vous.
Ils font parti de la «famille» Sakuma.

Comment s’est passé l’enregistrement?
Hé bien, au début j’étais effrayé car tout le monde était tranquille. (Rires)personne ne parlait, alors j’ai pensé «Euh ! J’ai fait quelque chose de mal ?» (Il éclate de rire). Au départ,j’ai été déstabilisé par cet atmosphère.

En entrant en studio, vous avez travaillé rapidement ?
Oui. Nous avons enregistré 2 chansons par jour, et nous jouions ensemble, «3 2 1 go !». C’était complètement différent. Que puis-je dire… les musiciens étaient des pros depuis longtemps, donc ils avaient un vrai groove, qui sonnait «unique». Honnêtement, si je pouvais retravailler avec M. Sakuma, je ferais de la meilleure musique car je peux m’ouvrir à lui. (Rire) je crois qu’on peut dire qu’ils sont aussi réservés que bon et talentueux musiciens.

Parlez vous beaucoup lors d’un enregistrement ?
Oui beaucoup ! (Rires), je suis toujours comme ça, très tendu. Je me déshabille et je crie :«Ouhhhhhhhh» (rires) donc durant cette session je m’isolais dans un coin de la pièce en me tenant les genoux (il éclate de rire).

Est-ce que le thème de «strat» sur cet album évoque votre état d’esprit actuel ?
Oui.

Cet album contient la ballade «toki ga owaru made tada…» Et la chanson « koe ni… » du 1er album solo Punk Drunker, qui est un mélange de différents styles. Etait-ce difficile de choisir des chansons et de les composer ?
J’ai écrit pas mal de chansons, et quand j’ai commencé à travailler avec M.Sakuma je lui ai fait écouter mes compos et je lui ai demandé de choisir. Je suis musicien et il y a des chansons que je veux chanter, ainsi dès que nous travaillons ensemble, je veux les laisser travailler tranquillement. J’aime toutes mes chansons donc peu importe le résultat. Mon plus grand intérêt était de travailler avec M. Sakuma ; si j’avais de la musique sans opinion externe, alors notre collaboration n'aurait rimé à rien.

Vous avez réalisé un rêve, non?
J’ai toujours envie de faire ce qui m’est impossible. Par exemple, si tu veux une glace et que tu n’as pas assez d’argent pour en acheter une, quand tu auras de l’argent tu en mangeras autant que possible ! (il éclate de rire) je suppose que tout le monde fait ce genre de chose, non ? et la 1re fois que tu as de l’argent tu manges des gâteaux et des frites jusqu’à ce que ton estomac éclate ! (Rire)

C'est donc M. Sakuma qui a choisi «koe ni…»?
Pour être honnête, quand j’ai fait mon premier album, Punk Drunker, j’ai ressenti des regrets, comme si ma démo était meilleure ! (Rires) donc j’ai réessayé… mais ma démo restait toujours meilleure ! Il y a des fois comme ça, où l’on n’arrive pas à faire mieux que la démo. «koe ni…» est une chanson très importante pour moi et je veux qu’elle soit aussi cool que possible, mais c’est dur de recréer. Jouer dans un groupe c’est mieux, car je peux dire ce que je veux aux membres «c’est pas comme ça ! fais comme ça !» (Rires) si beaucoup de gens travaillent ensemble sur un enregistrement, c’est plus difficile d’agir comme ça. Par exemple, je parle beaucoup, parfois, mais, je peux être silencieux en d’autres occasions. Ça veut dire que je dois collaborer. J’ai enregistré deux fois «koe ni… », parce que je sais comment M. Sakuma peut la changer.

L’enregistrement de cette chanson donne l’impression d’être en live.
C’est l’arrangement de M. Sakuma.

La première chanson de l’album, «outsider» est puissante et lourde, la partie vocale est un cri comme pour «flight adviser» de Punk Drunker II, n’est-ce-pas ?
Oui, j’aime la musique profonde où je n’ai pas besoin de m’occuper d’autre chose que du chant, ce qui convient à ma nature. Je veux à chaque fois repousser mes limites, pour voir quelle puissance a ma voix. Je suppose que peu de gens peuvent la chanter, en criant puis juste après chanter la mélodie. La plupart ne pourrait pas chanter comme ça, même les étrangers qui ont de forte voix. C’est ma limite, mais je veux encore la repousser.

La chanterez vous lors de vos concerts ?
Bien sûr !.... Mais, c'est pas sûr que je puisse (Eclat de rire). En concert, l’atmosphère, et, plein d'autres choses encore, m'aident, donc, ça me va bien. Mais, je ne veux pas chanter des choses trop difficiles(Rires), je ne veux pas me casser la voix.

La seconde chanson «Mujun no panorama» a une mélodie impressionnante, comme beaucoup d’autres chansons populaires. La 3e, «DNA» est une chanson mélancolique sur laquelle votre voix s’adapte bien. Allez-vous les sortir en single ?
Je ne pense pas, non. Bientôt je vais commencer Gekkan Hideki (Hideki mensuel) et sortir un single par mois.

Seront-ils fait totalement de nouvelles chansons ?
Mes atouts de vente seront «un son hard et des mélodies accrocheuses» donc je pense revenir à ça.

Je pense que la 4e «Sensou hantai» ouvre de nouveaux horizons par rapport à vos chansons plus anciennes. Votre chant semble différent.
Actuellement je me définis comme un charmant gars "punk-rock", qui aime des groupes comme Laughin’Nose. Par exemple, des chansons punk comme «Fine Weather Day » et «jumping junkie» de Siam Shade me ressemblent. Quand j’ai voulu faire «sensou hantai» avec Acid, ça a été refusé car cela ne collait pas au style du groupe (rires). Quand la guerre du Golf a débuté, j’ai désapprouvé, mais je ne pouvais pas arrêter les chars. Donc, j’ai écris cette chanson avec un rêve, qui serait qu’on la chante tous ensemble en concert. Malheureusement le monde, et même Acid ne semble me comprendre.(Il éclate de Rire)

Les membres d’Acid chante le refrain pour cette chanson.
Bien sûr, oui, et même si le style d’Acid est différent, on ne pouvait l’imaginer sans.

Vraiment ? Je pensais plutôt que cette chanson était influencée par Acid.
Hé bien, dans Acid il y a un gars punk qui me comprend, car, on a les mêmes goûts, son nom est Masa (Masamitsu) (rires).

La 5e «Maria» est une chanson d’amour, n’est-ce-pas ?
Oui, Junpei (le chanteur d'Acid) s’inquiétait pour ça. Je ne sais pas pourquoi mais il y a beaucoup de gens malades autour de moi. (Rires)

Vous voulez parler de «malades mentaux» ?(Rires)
Oui, les malades mentaux me suivent (rires). Peut-être est-ce parce que j’en souffre également, et que nous nous rapprochons naturellement.(Rires)

Revenons à la musique. Le single «toki ga owaru made tada… » qui est sorti le 3 août 2005 est une ballade différant totalement de votre style initial. Aviez-vous besoin de ce changement ?
A ce moment là, je m’inquiétais trop sur le fait que je ne savais pas quel était mon chemin, et si c’était bon ou non d’avoir été dans Acid. J’ai toujours été un fonceur et quand surgissent des barrières je m’inquiète, j’agis par impulsion et je deviens contradictoire. Donc, je pensais que je devais quitter Acid. Mais quand j’ai vu leur concert, je me suis dit qu’ils étaient cool, et que, ce que j’avais fait auparavant n’était pas une erreur. Une autre raison, c'est que je suis un pionnier de J-ROCK Compagny, donc je pensais contribuer à la compagnie. Le résultat est que c’était une erreur, parce que les choses étaient vouées à l’échec. Je pense que ces expériences révèlent ma voie. Je devrais dire que faire des erreurs dans le passé est bénéfique dans le futur.

Ce n’était pas du tout une erreur.
Si. Ce single a grimpé dans les classements indies. Je sais que je devrais écouter les gens autour de moi, mais si je travaille comme avant, je le ferais dans mon style rock. Peu importe, je suis heureux d’avoir travaillé avec M. Sakuma. Je ne pouvais avoir mieux que ces secondes places en classement indies, et je ne pouvais pas gagner le top des classements major et Yu-sen qu'avec Siam Shade. Avec eux, on pensait «pourquoi on est pas n°1 ?» et «a-t-on besoin de la 1ère place indies ou en major ?» (Rires). Lorsque l’on s’est séparé, j’ai commencé en terrain indies, mon objectif était d’avoir la 1re place ! Maintenant je veux la veux en major et Yu-sen !

Votre chanson «Tokyo souchi» est une chanson puissante, plus proche de votre style d’origine, non ?
A la base, j’aime le heavy et le hard rock, donc j’écris des chansons dans cette veine. J’ai écris la ballade « toki ga owaru made tada… » parce que le président de J-ROCK m’a dit qu’il ne comprenait pas quand je chantais, et par conséquent il voulait un morceau compréhensible (il éclate de rire). J’ai donc écrit cette chanson pour lui. Un membre de l’équipe technique l’a aimé et m'a conseillé de la produire. L’histoire a commencé avec ma démo et puis ça a évolué. (Rire)

Dans votre maxi single il y a la traduction des titres en anglais. Est-ce pour que les étrangers puissent comprendre ?
Les japonais ont un proverbe qui dit : la grenouille dans le puits ne connaît rien du monde" et, donc, nous avons besoin des anglais pour devenir "la grenouille qui verra le monde". Avant d’avoir exporté mon 1er album, Punk Drunker, je pensais ne jamais le faire. Maintenant les japonais, comme Hoobastank, commencent à envisager l’export et en tant que japonais on n’est pas mauvais pour les mélodies assez populaires.

Je le pense aussi et beaucoup de personnes aiment les mélodies japonaises.
Honnêtement, je ne pensais pas que les gens aimaient tant nos mélodies. Mais quand j’ai demandé à Richie Kotzen de jouer la partie guitare de « Marmalade», il n’a pas arrêté de dire «J’adore cette chanson!» encore, et encore. Finalement, il est rentré chez lui en la chantant. En ce moment je crois que les étrangers aiment ce type de chanson tant que la barrière de la langue sera surmontée.

Bien sûr, en anglais, c’est plus accessible, mais je crois que si les étrangers aiment vraiment la chanson, ils l’écouteront même en japonais.
Je suis d’accord. Par exemple «sukiyaki song» (ue no muite arukou en japonais, par Kyu Sakamoto) est populaire à l’étranger.

Vous avez déjà sorti deux albums solo. Pour le 1er, vous aviez joué avec des musiciens américains, pour le 2e c’était avec le guitariste japonais Katsuya. Ces deux albums sont excellents. J’ai l’impression que votre musique va au-delà du style purement japonais, et à une infinité de possibilité.
Eh bien, je suis un génie, après tout, non ? Mais je ne peux aller trop au-delà de certaines limites car je ne parle pas anglais (rire).

Vous êtes sûr? Vous chantez bien en anglais, non ?(Rires)
Pas vraiment, j’essaie de faire de mon mieux. J’ai appris la phonétique avec Tim (un américain qui l’aide à écrire en anglais).

Pourtant les étrangers croient que vous maîtrisez bien la langue.
Ah ! Ah ! Ah ! mais je n'ferais mieux de ne pas aller à l’étranger. Mais, niveau langue, Kim (Acid) qui est coréen, est au Japon depuis seulement 2 ans et il maîtrise parfaitement le japonais.

Faut environ 2 mois pour se faire à une langue étrangère.
On revient toujours chez soi au moment de s’y faire.(rires) Quand je suis allé aux U.S.A, c’était pour 2 mois d’enregistrement, hé bien, je suis rentré, juste, au moment où je commençais à comprendre.

Est-ce parce que vous aimez le Japon, que vous n'allez pas à l'étranger ?
Je suis plus casanier que je n’aime le Japon.

Quand vous partez en tournée, regrettez vous votre maison ?
Oui ça me manque. Dans Siam Shade, dès que j’avais un jour de repos je rentrais chez moi. J’avais des chats et je devais m’en occuper. Un jour, j’ai pris le shinkansen et comme il a été arrêté à cause d’un tremblement de terre, quand je suis arrivé le concert avait déjà commencé. Alors j’ai dû monter sur scène dès mon arrivée.

Oui ! Je connais cette anectode, jusqu’à votre arrivée, le groupe faisait un jam pour gagner du temps.
Oui ! J’avais pas mal de pression, parce que, quand je suis arrivé, j’ai entendu la musique de la salle et je me suis dit : «oh non!» (Rires).

Vous portiez des vêtements de sport et vous êtes resté debout sur la scène.
J’étais en vêtement de tous les jours ! Et je suis monté sur scène avec mon sac à dos (il éclate de rire).

C'était plutôt drôle.
Au début j’ai pensé «si tu pouvais travailler comme ça, ça serait drôle !» mais ça n’allait pas du tout. J’ai réalisé qu’il nous manquait une bonne répétition.

Pensez vous exporter vos deux albums solo, Punk Drunker et Punk Drunker II ?
Bien sûr que j’y pense. Je veux faire de la musique pour les étrangers aussi. Ensuite, quand ils écouteront ma musique ils se diront «cet artiste est vraiment bon !». L’anglais est plus pratique car c’est la langue universelle.

j’avais demandé à Acid «puisque vous avez un coréen parmi vous, en l'occurence Kim, pourquoi ne pas faire une chanson en coréen » ?
Je crois que le japonais ne colle pas au rock, et c’est la pire langue asiatique. Le coréen est le meilleur pour cela. Auparavant Siam Shade avait sorti en Corée un album en langue anglaise. Le japonais, là-bas,est strictement interdit, donc, on ne pouvait chanter qu’en anglais.

C’était l’album "Siam Shade VII" ?
C’était terriblement dur ! (rires)

Qu’est-ce qui était dur ?
Vous n'allez pas me croire ? On m’a prévenu de la sortie de l’album 15 jours avant !! J’ai halluciné, car, j’étais passé dans l’émission radio de DJ Asai, et il m’a dit «j’aime Siam Shade, mais votre anglais craint ! » alors, j’ai répondu «ok !la prochaine fois ça sera mieux, vous ne vous en plaindrez pas, sur le prochain album». Et 15 jours après, on m’a demandé de sortir un album. C’était quelque chose comme «S'il te plaît, tu le finis dans 2 semaines» . J’ai pensé «oh mon dieu ! J’ai dit ça ?» (il éclate de rire), si mon anglais ne s’améliore pas, j’ai peur que les gens m'en fasse la remarque. Mais, j’ai dit à Tim que c’était trop court et que je ne le ferais pas. Après on a commencé un entraînement spécial.

J’ai lu ça dans un magazine, vous avez eu une dispute avec Tim.
Oui, on s’est disputé. Imaginez : j’écris des paroles en anglais, ce qui me demande un gros effort, et lui, qui me dit « Hideki, tu penses quoi de cette fille ? Elle a des gros … non ? » et, j’ai pensé « attends ! je suis trop occupé pour mater cette fille ! » (Rires).

Je crois que Tim vivait à Nagano et que la 1ère fois que vous êtes allé chez lui, il vous a recommandé de prendre un bain en plein air et vous avez dit « j’ai pas le temps. Ce n’est pas le moment pour ça ! ».
Oui. Je reconnais que j’étais nul en anglais, et je voulais d’abord finir mon travail. Mais après je voulais l’accompagner n’importe où l’on trouve des nichons et un bain, mais pour Tim c’est, d’abord, la détente. Lors de l’enregistrement de «get a life», on s’est bien engueulé et on a tout arrêté. On ne bossait pas assez et on allait droit dans le mur. J’ai utilisé un jour de repos pour enregistrer. J’ai appris à mes dépends qu’il faut d’abord finir son travail avant de s’amuser, mais Tim n’a toujours pas compris ça. (Rires)

Je me rappelle que vous avez dit quelque chose de très bien «je ne devrait pas rendre les gens autour de moi mécontent quand je crée».
C’est Tim qui l'a dit. J’ai fait du sport et je pense comme un athlète «il n’y a pas de pression sans épreuve». J’ai toujours pensé que si je devais souffrir ensuite je serais satisfait. Mais Tim m’a dit «c’est faux, si pendant la création de l’album quelqu’un est mécontent alors après ça ne pourra pas rendre heureux tout le monde». Je me suis dit qu’il avait pas tort. Alors, j’y ai fait attention pendant un moment. Je veux me concentrer sur mon travail, j’ai bien pris en compte ce que pensait Tim. Quand ma passion n’égale pas celle des autres musiciens qui travaillent avec moi, j’essaie d’améliorer la communication. Parfois je les engueule, parfois je les supplie. Je crois qu’en tant que professionnels on doit bosser dans le respect.

Je ne savais pas que Siam Shade VII avait été fait en si peu de temps.
Ça été un gros effort pour moi. Je n’ai pas beaucoup dormi.

Est ce que cet album est le fruit de votre ambition envers l’export ?
Peut-être, oui. Une fois j’ai fait un concert sur la scène du Yoyogi first Gymnasium, où de nombreux VIP de la télé étaient invités. J’ai dit ; «je ne veux plus apparaître à la télé». Les membres et le public, très surpris, ont dit «oh non !!! C’est un mensonge ! ». Je pensais que c’était bon pour Siam Shade, car, si j’avais continué d’apparaître à la télé il aurait fallu faire des chansons plus populaires encore et nos fans ne nous auraient pas suivi.

C’était à la fin de la tournée Monkey Science Tour ?
Oui. Juste avant ça, il y a eu un rush à la maison de disques, et le single «kumori nochi hare» venait d’être mise au générique du drama «oni no sumika » (Kyoko Fukada en est l’actrice principale). On était excité et on se disait «le titre c’est "la maison du démon", donc on peut bien faire une chanson hard. On va finalement tout casser avec ! ». Après on nous a dit « désolé mais ça colle pas à l’esprit du drama ». On était déçu, alors j’ai écrit une autre chanson en espérant qu’elle serait choisi par l’équipe du drama. Lors de la rencontre, j’ai demandé qui choisissait les chansons et tout le monde a dit c’est pas moi ». Après discussion, on s’est dit qu’on loupait un truc et on a décidé de ne plus apparaître à la télé. Ensuite on s’est consacré à l’enregistrement pendant un an et on s’est amélioré en tant que musiciens.

C’était pour Siam Shade VI, non ?
Oui. Après, on a fait une tournée mais les salles étaient à moitié remplies malgré le nombre croissant de fans. On prenait des grosses salles car on était devenu un gros groupe, même si on ne passait pas à la télé. A ce moment, on s’est dit qu’on ne pouvait attirer l’attention des gens sans passer à la télé, car ils penseraient qu’on était fini. C’était stupide. Pendant la tournée cette impression a grandi dans mon esprit. Mais finalement à Yoyogi quand j’ai vu 11 000 personnes dans la salle ! Je me suis dit «je dois penser à mes vrais fans, je m’en fous des autres !» alors j’ai décidé de ne plus jamais passer à la télé. (Il éclate de rire)

A ce moment là, vos managers ont-ils été surpris ?
J’ai été sermonné par le président, et il m’a dit «qu’est ce que tu dis ?! T’es malade !» (il éclate de rire). Mais les gens m’ont compris. La maison de disques a été très embêtée, et ne savait plus quoi faire de nous, ils nous ont envoyé à la conquête de fans occidentaux. Donc, on a fait l’ouverture de Motley Crue, et on a joué en Corée en tant que premier groupe japonais pour le Pusan International Rock festival 2000. Je crois que ça été un bon choix car on a gagné des fans.

Désormais il semble que les japonais ont plus de facilité pour s’exporter. Je crois que si Siam Shade avait continué, il aurait bien marché à l’étranger.
Quelqu’un m’a dit de reformer Siam Shade, mais j’ai refusé. Je suis sûrement celui qui le voudrait plus le refaire, mais ça ne marcherait pas. Désormais je peux jouer avec des professionnels de la musique et ça me plaît. Leur but est de donner le meilleur d’eux mêmes, et ils se disent les meilleurs musiciens japonais. C’était très strict mais positif.

Siam Shade est toujours aussi populaire.
Quand je fais les concerts d’Acid, les jeunes groupes me reconnaissent et me disent être influencés de Siam Shade. Le but de ce groupe était de jouer au Budokan. On a atteint notre but et on a répondu à toutes les attentes. Donc, je crois qu’on a tous été satisfait, au bout du compte.

Les gens, moi inclus, qui écoutent de la musique occidentale, lorsqu’ils entendent Siam Shade ils remarquent surtout les instruments.
Normalement une maison de disques ne nous laisse jamais jouer comme ça. Durant l’enregistrement, on a joué très dur jusqu’à ce que M. Akashi (producteur de Siam Shade IV) nous accable car aucun d'enre nous ne faisait attention à l'opinion de l'autre. Imaginez ça pendant un mixage ! Chaque membre disait «augmente MON son » (il éclate de rire). D’habitude Daita disait un truc comme «je crois que la guitare droite (celle de Kazuma) et trop forte. Augmentez moi mienne pour que se soit égal ». Ensuite, « maintenant c’est la gauche qui doit être augmentée» puis, «vous pouvez égaliser la gauche et la droite» et les augmentations n’arrêtaient plus. (Rires) il n’y a que Natchin qui ne disait rien. Mais je crois que les artistes doivent avoir ce genre d’attitude, c’est la rock attitude et Daita l’avait. J'ai toujours aimé son jeu de guitare et je pense que c'est un grand guitariste.

Tous les membres de Siam Shade paraissaient très cool pendant les concerts.
Tout simplement parce qu’ils étaient bons musiciens. Récemment, les membres d’Acid sont devenus meilleurs parce que je leur ai donné des conseils. Ils sont en train de devenir aussi cool que Siam Shade. Ils ont vite grandi et qu’ils n'ont que 20 ans. Ils ont joué avec heath (ex-X Japan), je les ai envié. Je me souviens qu’à 19 ans je faisais de la merde ! (il éclate de rire). A cet âge, j’étais roadie et je ne faisais pas du tout sur scène. Acid a joué avec des grands musiciens malgré leur jeune âge. Quand j’ai vu leur concert je pensais qu’il avaient bien 23-24 ans, je crois que les fans seront surpis également de savoir leur âge.

Avez-vous formé Acid pour être à nouveau dans un groupe ? Acid a un style très différent de Siam Shade, vouliez-vous changer de style ?
Oui, j’aime bien le nouveau son rock. Comme je voulais évoluer, j’ai introduis un nouveau son pour «jumping junkies» et «adrenaline». J’ai envie de pouvoir évoluer avec les temps. Un peu comme un boxeur je fais des uppercuts, des droites, des directs, et des fois, je tire la langue. Dans Acid je veux développer autre chose que dans Siam Shade.

Etes vous conscient du parcours de Siam Shade ?
Chaque jour je compare Acid et Siam Shade, pensant à ce qu’on a fait et comment étaient nos performances. (Rires) Maintenant, Acid sort de l’ombre de Siam Shade.

Je trouve que vous avez une voix magnifique. Avez-vous été dans un groupe au lycée avec Natchin ?
J’aime chanter. J’ai joué longtemps du clavier et écouté Billy Joel, je m’amusais à le copier. Mon père aimait le karaoké donc on avait une machine chez nous.

Quelles chansons chantiez-vous ?
«pusan kou e kaere» ou «kita sakaba». Avant, les vieux karaoké n’avaient que des chansons comme ça, aussi les chansons des Checkers et «Oyoge ! Taiyaki-kun ».

J’aimerais vous entendre au karaoké.
Je ne chante plus de chansons populaires maintenant. Je chante juste Luna Sea et quelques mélodies populaires.

Pourquoi en chantez vous pas dans les events du fan club, «Oyoga Taiyaki-kun» par exemple ?
Ca serait un peu la honte car les fans d’Acid sont plutôt jeunes. Les membres d’Acid ne connaissent pas le personnage Maetel de «ginga tetsudou 999» (galaxie express 999) ! J’ai mis sur mon répondeur Maetel (il imite sa voix) «je suis Maetel, Hideki est en voyage sur la Milky way… » (Rires). Quand un membre du groupe m’appelle pour la 1re fois, il me dit « hé !c’est quoi ça ? C’est trop bizarre !». Je lui répond «c’est Maetel !» alors, il demande «c’est qui Maetel ? C’est trop nul et étrange » (il éclate de rire). Ils ne connaissent pas non plus les séries Taimu Bokan, on ne parle juste que de Gundam.

On a entendu dire que vous alliez être plus actif à l’étranger. Pouvez vous nous dire quelles seront vos futures activités ? Désirez-vous être producteur ?
Je suis un sang-bouillant. M. Sakuma et M. Akashi ont en commun qu’ils sont calmes et patients. Je suis un gars qui aime bouger, donc quand je regarde les concerts d’Acid ça m’excite ! Un peu comme si je courrais sur scène en hurlant « Allez ! Encore ! Encore !» (Rires). Et ensuite ils disent «désolé, mais la prochaine chanson est une ballade et se sera la fin de notre show ».(Il éclate de rire) Mais, j’ai grandi et je suis un peu plus calme, mais j’ai été très sévère envers Acid au début.

Vous aimez faire de la musique, êtes vous accro?
Je n’ai aucun autre hobby, je suis tout le temps en train d’écrire des chansons chez moi.

Mais vous êtes heureux d’en faire ?
Bien sûr, je suis un musicien comblé ! Je peux faire ce que j’aime et manger grâce à ça !

C’est difficile de tourner et de faire de la musique tout le temps.
Un jour, j’ai dit à Acid : «Hey ! Vous devriez travailler un peu mieux ! Pourquoi vous ne le faites pas ?! ». Ils m’ont répondu «Hideki, tu peux gagner de l'argent avec la musique, mais nous on fait des petits boulots et on ne peut pas faire tout le temps de la musqiue". «Je vois». Après j’ai réfléchi à ce que je pourrais faire pour eux, alors j’ai quitté le bureau un moment et je leur ai versé un salaire, sauf aux plus jeunes, chaque mois pour qu’ils puissent vivre. J’ai compris ce qu’ils ressentaient. Je suis un homme qui a un regard menaçant donc je ne pouvais laisser passer des interviews à cause de petits boulots. Natchin aurait pu le faire, mais pas moi. Je lui ai demandé un jour «Faisons des petits jobs ensemble», aussi, on a lavé des cadavres, porté des poulets, fait plein de boulots durs tout en continuant notre groupe. C’était très dur.

HIDEKI, votre look est loin d'être celui d'un japonais et, je trouve que vous êtes beau, pensez vous que pourriez avoir du succès à l’étranger ? En vous regardant on ne devine pas votre nationalité.(Rires) je ne suis pas si populaire au Japon, mais un peu à l’étranger. J’ai été en Allemagne, une fois, j’ai été en Roumanie, en tant que volontaire, et je suis passé en Allemagne. C’était le lendemain de Noël, et toutes les boutiques étaient fermées. Mais c’était pas grave j’avais un Coca et un hamburger du McDonalds, et c’était délicieux (rires). Je crois qu’il y avait quelque chose dans le Coca (rires).

En Allemagne, la musique japonaise est populaire.
Mes anciens copains de karaoké jouent du hardcore et sont actifs en Allemagne. Quand j’ai essayé de faire du hardcore, ils m’ont dit «ne fais pas ça Ima-chan ! (C’est son surnom) tu dois faire de la musique populaire ! » (Rires) vous en croyez pas que c’est bizarre venant de gens qui font du hardcore et qui sont populaire avec ça ?!

Cette musique semble être plus populaire à l’étranger. Je crois que vous devriez vous lancer aussi en faisant la musique que vous voulez.
Avec Siam Shade, on pensait faire des concerts à l’étranger en portant des masques et je voulais seulement chanter des simples mots pendant que les autres jouaient.

Sur votre blog, il y a pas mal d'idées comme GEKKAN HIDEKI, (un single sortant chaque mois avec le magazine). Aimez vous ce concept ?
J'aimerais que ça marche mais je n’y pense pas constamment. Une révolution, dans la musique, n’est possible qu’avec des idées nouvelles. Par exemple, quand tout le monde tourne à droite, je tourne à gauche, mais c’est un état d’esprit. Je fais toujours des choses qui sont cool et qui peuvent tout révolutionner. La plupart des gens s’exilent dans le sud où il fait bon, moi je vais au nord. Ça n’a pas d’importance mais être en dehors d’un groupe est important pour moi, ça me permet de réfléchir à de nouvelles choses.

Durant votre période dans SIAN SHADE, vous aviez pris part à une œuvre envers les enfants souffrant du SIDA. Ça marche ?
Depuis l'année dernière, j’ai pensé visiter la Roumanie, mais Mr Moriwaki de NGO (partisan du même organisme) me l’a déconseillé. Il pense que c’est mauvais de donner sans cesse alors que ça peut les empêcher de travailler, et donc, de s’appauvrir, qu’ils devraient trouver d’autres moyens. Par exemple, il pense que c’est mieux de faire un système auto gestion comme des vignobles, pour qu’ils subviennent à leurs besoins. De toute façon, je reçois de l’argent par les fans et je veux faire quelque chose de bien avec.

Merci de nous avoir accordé du temps, pouvez-vous adresser un message pour vos fans étrangers ?
Je suis très heureux que tant de monde s’intéresse à mon travail. Si les gens veulent encore de moi, alors je ferais des concerts. Si vous venez au Japon, venez à mes concerts. On peut aller n’importe où dans le monde, la relation avec le public reste toujours la même. Et grâce au public, on continue à se donner à fond. Et s’il vous plaît achetez les albums originaux, pas les piratés ! (Rires). Et pour finir, je cherche la mère de mes enfants ! (Il éclate de rire).

Remerciements à J-ROCK pour avoir arrangé l’interview et au photographe d’Hideki.
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