Interview

BLAZE (Nobu) : interview exclusive

31/01/2005 2005-01-31 12:00:00 JaME Auteur : kimkim avec l'aimable participation de non-non

BLAZE (Nobu) : interview exclusive

Interview avec Nobu, clavier du groupe Blaze


© Maverick
Le rendez-vous est fixé à 13h dans les bureaux de Maverick, à une station de métro de Shibuya. Après avoir trouvé le bâtiment, en forme de cube noir, nous sonnons pour entrer, et nous montons les marches du bâtiment, après qu'on nous ait ouvert. On peut apercevoir du matériel de musique rangé sur les côtés. Une femme nous accueille avec un gentil sourire : la manager du groupe. Puis elle nous fait remarquer: "NOBU est juste derrière vous !". Je sens effectivement une présence: je me retourne, et je le vois, dressé devant moi, je suis impressionné par sa taille… Il me tend sa carte avec un grand sourire, et nous invite à patienter un moment dans la petite salle de réunion. La demoiselle nous sert un thé en attendant, NOBU arrive 5 min plus tard. Après l'introduction habituelle, l’interview démarre.

KimKim : Bonjour NOBU, tout d’abord merci pour le temps que vous nous accordez, est-ce que vous voulez bien vous présenter aux fans européens, s’il vous plait?

NOBU : Bonjour je m’appelle Masuda Takanobu et je suis le clavieriste de BLAZE.
Je suis vraiment heureux de pouvoir donner cette interview. Nous allons parler aujourd'hui de notre musique ainsi que de mon jeu, en espérant que cela vous donnera envie d’écouter notre musique.

KimKim : BLAZE existe depuis 29 ans. Pourquoi avoir attendu aussi longtemps pour sortir cet album?

NOBU : Nous n’avons pas toujours joué durant ces 29 années, nous avons aussi fait une pause de 10 ans à peu près. Et puis en 1995 nous nous sommes réunis à nouveau pour jouer ensemble : c’est à ce moment-là que la flamme est revenue, comme au bon vieux temps. Nous avons donc sérieusement commencé à enregistrer à partir de l’année 2000. Le groupe existait depuis 23 ans, mais tout le monde était très occupé, alors on ne travaillait ensemble que lorsque l'on trouvait des moments de libre. Et nous avons fini l’album récemment.

KimKim : Les morceaux contenus dans cet album sont ceux qui ont été joués durant toute la carrière de BLAZE?

NOBU : Oui, il y a 10 morceaux dont un morceau instrumental qui a été composé en 2000.
Le reste a été composé entre 1975 et 1980. SHIGE le leader du groupe, composait les morceaux à cette époque-là.

KimKim : Votre style se rapproche du vieux rock des années 70, c’est une façon pour vous de vous exporter ?

NOBU : Tout d’abord, la petite différence est que notre musique a un son d’ancien hard rock british. On compare souvent notre son au groupe anglais Deep Purple: au tout début des années 70, le hard rock anglais a été lancé par Deep Purple et Led Zeppelin. Nous avons été très influencés par ces groupes pendant notre jeunesse, la base de notre musique vient de là. Et c'est dans années 80 que le rock américain a fait son entrée, avec des groupes que nous connaissons tous aujourd'hui, comme Aerosmith ou bien Bon jovi. Ensuite vers 84 Deep Purple a intégré des musiciens américains au sein de leur groupe, ce qui a un peu américanisé leur style, qui est devenu un mélange de son british des années 70 avec une petite pointe de soul.
BLAZE est lui aussi un groupe de Hard Rock qui a suivi ce principe, mais plus dans la catégorie Rock Européen que Rock Américain: Comme SHIGE, notre leader, nous aspirons tous à un style de hard rock Européen.
Je pense que les styles américain et européen sont complètement différents, je veux dire qu'au Japon le rock américain est synonyme de beau temps, de clarté, de joie, de dynamisme etc, mais nous préférons un style plus sombre et mélancolique, c’est pourquoi nous avons choisi d’illustrer cet album à l’image de l'ancienne Europe. Nous visons ce genre de musique.

KimKim : Nous savons que vous aimez l’orgue Hammond, d’où vous vient cette passion ?

NOBU : Quand j'étais petit, j’ai fréquenté une école maternelle catholique, et c’est en allant à l’église que j’ai entendu un orgue pour la première fois. A ce moment là, j’étais vraiment en admiration devant ce son si particulier. Et j’ai commencé à aimer l’orgue. Si bien que lorsque j’ai commencé à entrer dans le monde de la musique, à l’âge de 15 ans, je me suis beaucoup intéressé au son de l’orgue, et j’ai compris à quel point j'aimais ce son.
J’aimais beaucoup écouter la musique du musicien français Michel Polnareff quand j’étais au collège, il joue également de l’orgue et j’adorais ce qu’il faisait. Je ne comprends pas le français mais je continue de l’écouter encore aujourd’hui…
En ce qui concerne l’orgue Hammond, c’est à l’âge de 15 ans que j’en suis tombé amoureux. Je vais être un peu technique dans mes propos mais l’orgue Hammond utilise une amplification qu’on appelle « cabine Leslie » (ampli à rotor): quand je l'ai entendu pour la première fois je me suis demandé d’où pouvait bien venir ce son si particulier. Le jour où je suis allé à un concert et que j’ai vu cette cabine Leslie tourner, j’ai compris ce que c’était réellement. Et depuis je continue à l’utiliser dans ma musique ; c’est plus qu’une passion, je pense que je préfère ce son à un celui d'un orgue d’église.

KimKim :
Eh bien, moi, j’ai commencé l’orgue Hammond grâce à vous !

NOBU: Ah! merci beaucoup ! (rires) Et en écoutant B’z ?

KimKim : Humm.. non à partir de Hamada Mari! (Ancien rock Japonais)

NOBU : Non c’est pas possible !!? Ah! y’a des gens comme vous en Europe ?? (rires)

KimKim : Avez-vous pensé à faire une vidéo pédagogique sur l’orgue Hammond ?

NOBU : Je doute que mon style puisse aider à l’apprentissage du clavier, et puis je n’ai jamais vraiment pensé à enseigner. Je pense avoir mon propre style et je n’ai pas spécialement envie de l’apprendre à d'autres. Je suis juste content qu’on m’écoute.

KimKim : Quels sont vos clavieristes préférés ?

NOBU : J’aime beaucoup les clavieristes de rock progressif. En particulier un groupe appelé « Jeunesse », c’est devenu mon groupe préféré.

KimKim : Y’a-t-il des artistes japonais que vous appréciez ?

NOBU : Eh bien récemment, il y a un groupe que j’écoute assez souvent, love psychedelico. Ils ont un style de vieux rock, je trouve ça super sympa, leur musique sonne un peu comme de la musique européenne! Ensuite, j’aime bien B’z et bien sûr l’Arc~en~ciel aussi (rires).

Non-Non : Vous avez collaboré avec pas mal d’artistes populaires jusqu'à présent, mais y’ a-t-il d’autres musiciens avec qui vous aimeriez travailler aujourd’hui ?

NOBU : Bien sûr, j’ai envie de collaborer avec l’étranger. Je ne peux pas vous dire avec qui exactement, mais j’ai déjà pensé intégrer le groupe Deep Purple, par exemple. J’y ai vraiment pensé sérieusement! (rires). J’ai aussi déjà collaboré avec des célèbrités japonaises. Donc, si je devais m'associer à des musiciens, ce serait maintenant avec les musiciens étrangers que j’apprécie, et monter un groupe de rock progressif… Et donc pour cela je dois apprendre à parler leurs langues et c’est là que je bloque…

Non-Non: Ah oui donc la langue est indispensable…

NOBU: Oh oui, donc comme vous le savez dans le groupe B’z il y a des musiciens américains, en ce moment, et comme je suis leur seul musicien de session japonais, on a du mal à communiquer ensemble. Comme j’ai du mal en anglais c’est un peu compliqué. Dans les loges par exemple, on sent l’Amérique! (rires). Comme je ne parle pas très bien anglais, je ne peux qu’écouter et répondre par
« oui oui »… je comprends quand même à peu près ce qu’ils me disent.

Non-Non : Ca doit être difficile pendant les tournées, j’imagine…

NOBU : Oh! Oui! (rires) Mais jouer avec eux est très stimulant!
Ils sont très différents par rapport à des japonais…

KimKim: Comment avez-vous rencontré Tak Matsumoto ?

NOBU: Et bien, je le connais depuis plus de 20 ans: nous travaillions dans la même compagnie musicale à l’époque, c’est à ce moment là que nous nous sommes rencontrés pour la première fois. Il était encore musicien de studio, comme moi, et c’est ensuite qu’il a arrêté ce travail pour créer son propre groupe, B’z, qui marchait très bien. Mais même avant ça, on avait pas mal travaillé ensemble, sur des concerts de Hamada Mari.

KimKim : Vous êtes le clavieriste de B’z depuis plus de 11 ans, allez vous continuer ?

NOBU : Oui, cela va faire 11 ou 12 ans que nous jouons ensemble, je ne peux pas prédire l’avenir mais lorsqu’ils ont besoin de moi ils m’appellent. Tout peut arriver, par exemple s'ils veulent changer d'ambiance pour B’z, ils peuvent aussi changer les musiciens. Il y a deux membres principaux dans ce groupe (Tak matsumoto et Inaba Koshi) , ils sélectionnent donc le reste des musiciens en toute liberté. Ou aussi pendant un an j’ai pris congé et ils ont tourné avec d’autres musiciens. Je ne suis pas leur clavieriste permanent, donc je ne sais jamais si je serais encore là au prochain concert. Il est possible qu'ils n’aient pas besoin de moi parfois, ou alors que moi je ne puisse pas jouer à certains moments. Mais j’apprécie beaucoup ce groupe et c’est toujours un plaisir de jouer avec eux, donc si je pouvais être tout le temps avec eux ça me plairait beaucoup.

KimKim : Vous composez vous-même vos parties au clavier ?

NOBU : Hmm, je fais plus des arrangements en fait. Lorsque je dois jouer sur un morceau c’est pratiquement toujours moi qui compose mes parties clavier. Par exemple, avec B’z, je compose les parties où il n’y a pas de clavier à la base, je fais mes arrangements afin de pouvoir jouer avec eux en live. Et en professionnels, ils me laissent faire et me font confiance. Ils peuvent par exemple me dire "tu peux me mettre une partie clavier ici ?" ou bien "il n’y a pas de clavier normalement, mais tu peux faire quelque chose ?". Ils me demandent en fait de faire quelque chose de sympa et original, ou cherchent à savoir si je peux faire quelque chose. Le plus important en fait n’est pas d’avoir une bonne technique mais d’être original et avoir de l’idée. Si on a du mal à proposer un truc bien, même si on est bon techniquement, on peut nous dire "bon si tu n'y arrives pas tant pis". Donc je me dis toujours "il faut que je fasse un truc sympa", c’est ma façon de penser.

KimKim : Avez-vous pensé vendre à l’étranger ?

NOBU : En fait, on voulait sortir DANGER ZONE à l’étranger, car on avait jugé que cet album était tout à fait exportable. C'est pour ça que nous avons écrit les paroles en anglais. Depuis le début, l’objectif n’était pas de vendre à l’étranger, mais de vendre de l’étranger. Nous voulions en quelque sorte sortir cet album en tant que groupe sans nationalité (anonyme).

KimKim : Si vous en aviez l’occasion, viendriez-vous faire un live en Europe ?

NOBU : Oui! J’aimerais beaucoup faire cette expérience. Je ne sais pas comment les européens réagiraient, mais j’ai entendu dire que notre style ne marcherait pas vraiment en Europe….

KimKim : Il y a des fans de hard rock anglais en Europe.

NOBU : Vraiment…? Je suis au courant de l’engouement que les gens ont pour le "visuel" en Europe, et j'ai une image plutôt "Punk" de l'Angleterre, mais j’ai l’impression que le vieux hard rock n’est pas très populaire…

Non-Non: Et bien il semble qu’il y ait pas mal de festivals de rock en Europe, ils en font la promo sur leurs sites et appellent des groupes. Je pense que cela peut être une occasion pour vous, de vous exporter.

NOBU : Si une telle occasion se présente, appelez nous!
Si j’en crois ce que vous me dites, on a plus de chance de trouver un public en Europe qu’au Japon.

KimKim : Quel conseil pouvez-vous donner aux jeunes clavieristes en Europe?

NOBU : Ah c’est donc vous qui voulez avoir ce conseil en vérité (rires)? Y’en a beaucoup qui jouent dans des groupes en Europe?

KimKim : Oui oui!

NOBU : Quel genre de musique? Des reprises?

KimKim : Du Hard Rock, de la J-Rock, du visuel etc

NOBU : Alors pas seulement pour l’Europe mais pour tous les musiciens: j’ai aimé des musiques et j'essayais de copier ce que j’entendais. Dès que j’y arrivais, j’étais trop content, je n’arrêtais pas de jouer, je ne mangeais plus, et je faisais cela sans cesse: je copiais la musique que j’aimais. Comme il n’y avait pas encore de lecteur de mini-disques à l'époque, je me débrouillais avec un magnétophone (rires), il y a des moments ou je n’entendais pas très bien mais j’ai fait tout mon possible pour y arriver. C’est un bon souvenir quand j’y repense aujourd’hui. Il y avait des moments comme ça, je travaillais vraiment énormément certains morceaux, jusqu'à ce que j’arrive à les jouer. En travaillant de cette manière je pense qu’il y a forcément un moment où on se dit « ah si c’était moi je le jouerais plutôt comme ça », donc je conseille de travailler jusqu'à ce que vous en arriviez à vouloir personnaliser ce que vous entendez.

KimKim : Vous êtes fan des vieux trains, d’où vous vient cette passion ?

NOBU : Ah! non c’est pas possible vous savez ça aussi ?? (Eclats de rire) Mais en France aussi, vous avez des passionnés de trains, il me semble. Cette passion… je ne sais pas trop comment c’est arrivé mais j’aime ça depuis tout petit. Je me souviens qu’il y avait toujours un petit train à côté de mon oreiller, avec lequel je jouais très souvent (rires).

KimKim : Avez-vous un message pour l’Europe ?

NOBU : J'aime l’Europe depuis longtemps et c’est grâce à des musiciens européens que j’ai découvert la musique, grâce à des artistes comme Michel Polnareff ou Deep Purple. Ils m’ont donné envie de commencer la musique. Bien sûr j’aime aussi la musique américaine comme The Carpenters, mais la musique que nous jouons aujourd'hui est très européenne. J’ai aussi été particulièrement influencé par la musique classique... enfin tout cela pour vous dire que j’adore vraiment la musique européenne. Et savoir que vous appréciez notre musique nous fait très plaisir et nous vous en sommes très reconnaissants. J’espère établir un lien amical avec l’Europe. Je vous respecte tant au niveau de votre musique que de votre culture, et je suis heureux de savoir qu’il y a aussi chez vous des personnes qui aiment notre culture, c’est vraiment génial. Surtout si cela peut créer des opportunités pour nous rapprocher, pour communiquer, pour établir un lien amical entre nous. J’en suis très heureux.
PUBLICITÉ

Artistes liés

PUBLICITÉ