Interview

DAITA : interview exclusive

07/12/2004 2004-12-07 12:00:00 JaME Auteur : KimKim avec l'aimable participation de Non-Non (+edit: Polochon)

DAITA : interview exclusive

Interview exclusive avec DAITA, ex guitariste lead de SIAM SHADE


© DAITA
Après 12H de vol et 3H de Shinkansen en direction de Tokyo, traversant la vague de jeunes excités du week-end à Shibuya, je me rends lentement vers le lieu de rendez-vous.
Arrivé dans le hall de l'hôtel, je vois le manager de M. D. avec qui nous parlons de JaME et de ses projets pour le futur. Après 10min de conversation, son portable sonne. Eh oui, c'est M. D. au bout du fil, qui nous attend! Le manager fait les présentations, échanges de courtoisies et de cartes de visite, nous nous rendons au restaurant de l'hôtel et l'interview commence enfin...

KimKim: A quoi avez-vous pensé lorsque vous avez composé EUPHONY?
DAITA: Le 3eme morceau de cet album [Suna No Shiro] est en fait le premier à avoir été composé et enregistré, pour en faire une maquette, que j'ai apporté chez SONY Record. Je recherchais avant tout des sonorités orientales dans ce morceau. Ensuite, SONY a voulu exploiter ces sonorités orientales et m'a proposé de faire un album dans cet esprit. Il y a déjà eu des concerts mélangeant guitare électrique et orchestre pour réarranger des morceaux de classique connus, mais je n'avais jamais entendu ce genre de duo sur des compositions originales jusqu'à présent.
J'ai donc voulu être le premier à le faire, et j'ai composé EUPHONY. Je me suis aussi dit que ça serait une bonne idée de faire jouer des musiciens étrangers pour l'enregistrement de cet album et je l'ai fait avec un orchestre en Chine. Lorsque je compose, je fais attention à ce que le morceau ne soit pas seulement en fusion avec moi-même mais aussi avec les instruments.

Non-Non: On a pu lire dans une interview pour un magazine que vous avez d'abord composé EUPHONY au clavier et que vous avez ensuite tout retranscrit à la guitare, ce qui a vraiment été difficile...
DAITA: Comme ce sont des morceaux où ma guitare est au cœur de l'orchestre, pendant l'arrangement, j'ai expliqué à l'arrangeur comment j'allais jouer mes morceaux afin qu'il puisse créer un son pour ma guitare et l'insérer comme il le ferait pour un violon ou tout autre instrument à cordes ou cuivre que l'on retrouve dans des orchestres. Nous avons fait les arrangements dans cet esprit.
Les musiciens qui jouent d'un instrument de musique classique n'aiment pas quand les sons d'une gamme se percutent (car la guitare ne fait pas partie d'un orchestre, les sons de la gamme peuvent se superposer avec des guitares), j'ai donc fait attention à ces deux types de sons s'accordent sans se heurter.
Enfin, quand j'ai composé cet album, comme j'ai une formation de pianiste au départ, j'ai recherché les mélodies en pianotant sur le clavier, parce que si je l'avais fait directement à la guitare les morceaux auraient eu une sonorité de guitare. C'est à la fin, pendant l'arrangement final, que j'ai retranscrit toutes ces mélodies à la guitare.

N: Vous avez tout composé au clavier depuis le début?
DAITA: Il n'y a que [Suna no Shiro] que j'ai composé a la guitare.

K: Vos deux albums [DIRECT CHORD] et [EUPHONY] ont des styles différents. Voulez-vous en essayer d'autres?
DAITA: Il est possible que l’année prochaine, un projet d'album avec une partie chantée se concrétise. D'un autre côté, j’aimerais aussi refaire un album solo avec un style différent de ce que j’ai proposé en solo jusqu'à aujourd’hui et même faire un nouveau concert. Ces deux projets n’ont aucun lien mais ce que je propose sera différent d’[EUPHONY].
J’aimerais faire du rock pur. Comme à la base j’adore le Rock progressif je voudrais faire un album dans ce style.
Je pense que mélanger un morceau de rock progressif, long à la base, et un morceau plus compact pour en faire un morceau de temps normal pourrait donner quelque chose de bien.

N: Et pour votre prochain album, vous avez l'intention de tout produire, comme vous l'avez déjà fait pour [DIRECT CHORD]?
DAITA: Je n'en suis pas sûr, car je rencontre pas mal de musiciens et je crois qu'il y a de fortes possibilités pour que nous enregistrions ensemble.

N: Pensez-vous jouer un jour avec des musiciens étrangers?
DAITA: Si j'ai le temps j'y penserai et si il y a des musiciens qui veulent tenter l'aventure, je suis partant!

K: Y a-t'il des musiciens avec qui vous aimeriez collaborer?
DAITA: Ouhla oui il y en a beaucoup (rires), par exemple RUSH, un groupe de rock canadien que j'adore!

N: D'ailleurs vous êtes allé voir un de leurs concerts dernièrement, n'est-ce pas?
DAITA: Oui je suis allé voir les voir en concert à Chicago. Mais même au Japon il y a plusieurs personnes avec qui j'aimerais jouer, donc si une occasion se présente… j'aimerais bien essayer avec tous les musiciens que je rencontre!

K: Y a-t'il des musiciens Japonais que vous aimez particulièrement?
DAITA: Pour commencer, Kyosuke Himuro (NDJ : pour qui il joue en ce moment) et j'ai aussi une certaine affection pour les musiciens avec qui j'ai pu travailler, on se comprend mutuellement dans notre musique. Il y a aussi pas mal d'artistes qui passent à la télé et la radio que j'apprécie.
Je ne peux donc pas vraiment donner de préférence.

K: Y a-t'il des musiciens européens que vous appréciez?
DAITA: Ummmm (gêné) il y en a beaucoup... J'aime U2 et en hard-rock il y a Scorpions et Judas Priest que j'ai aimé en même temps.
Il y a aussi des groupes de rock anglais que j'ai l'occasion d'écouter.

K: Que pensez-vous du phénomène J-Rock en Europe?
DAITA : Le japon est un pays insulaire, un peu renfermé sur lui-même.
Le Japon à une culture unique et un style qui lui sont propres. Si bien que, que ce soit au niveau de la mode, de la musique, ou autre, nous l'arrangeons à notre manière. Nous avons notre propre sens du beau et le fait de savoir que l'Europe le comprenne et l'apprécie me fait très plaisir. Et savoir que les Européens aiment la musique de Siam Shade (qui a conservé au Japon un style de musique qu'ils aimaient, sans arrangement spécial pour le commerce) et la comprennent, me fait également énormément plaisir. J'aimerais qu'ils en apprennent d'avantage.

K: Il y a en ce moment en Europe des jeunes guitaristes qui reprennent vos morceaux, quels conseils pouvez-vous leur donner pour composer?
DAITA: Lorsque je compose, la technique est bien sûr importante, mais comme je suis un guitariste mélodique, j’accorde une très grande importance à la mélodie, à l’ambiance du morceau, l’imagination. Entraînez-vous jusqu'à ce que vous sentiez la guitare vivre dans le morceau. Ecoutez le plus de musique possible, apprenez de ce que vous écoutez et vous verrez que mêler ce que vous écoutez à votre propre sensibilité permettra la naissance d'une nouvelle musique.
En ce qui me concerne, c'est en écoutant de la musique Européene que j'ai crée EUPHONY, donc je serais très content si, à l'inverse, un musicien européen influencé par la musique japonaise pouvait créer quelque chose, comme je l'ai fait avec EUPHONY.

N: J’ai un ami guitariste qui a des crampes à force de jouer vos morceaux en tapping (technique de guitare), quels exercices pouvez vous lui conseiller pour qu’il puisse tonifier ses doigts et son poignet?
DAITA: Le mieux est de jouer le plus souvent possible, sans relâche. Quand vous avez un moment de libre jouez encore et encore, les muscles du guitariste vont se développer et les progrès arriveront naturellement. Pour le poignet, essayez de jouer très rapidement, et de jouer les rythmes difficiles.
C'est bon pour votre poignet… Mais il ne faut pas en faire trop, car vous savez, trop jouer ça fait mal au poignet! (rires)

K: Au fait, on peut régulièrement voir des photos de vos voyages, repas, etc.: est-ce que vous êtes déjà venu en France ? Aimez-vous notre cuisine ?
DAITA: La cuisine Française est un luxe au Japon vous savez... (rires)
Je suis bien entendu déjà allé dans un restaurant français, mais pas très souvent. Vous savez, les Japonais voient la cuisine française comme une cuisine luxueuse et raffinée, ce qui fait que beaucoup de Japonais n'osent pas y aller.
C’est un peu comme le Kaiseki japonais (rires) (NDJ : Petits plats de cuisine japonaise traditionnels de luxe).
J'ai d'ailleurs un ami qui vient d'ouvrir un restaurant français récemment, je pense aller y faire un tour mais je ne suis pas un spécialiste.

N: Etes-vous déjà venu en France?
DAITA: Non pas encore mais j'aimerais bien !!! Mais j'ai un ami qui est allé faire une partie de ses études en France.

N: Vous aimez voyager n'est-ce pas?
DAITA: Comme je ne suis jamais allé en Europe j'aimerais bien y aller.

N: Qu’aimez-vous dans les voyages?
DAITA: Bien entendu les cultures, les paysages des villes. Toutes ces choses m'inspirent, un peu comme si je voyageais pour composer.

N: Vous aimez voyager depuis votre jeunesse?
DAITA: Depuis le collège en fait, avec mes camarades nous avons pas mal voyagé ensemble.

N: Et vous composiez pendant ces voyages?
DAITA: Ouh laa non non pas encore! (rires)

N: Vous aimez les GYOZAS on dirait. (raviolis grillés) (rires)
DAITA: Ha ha ha ! Les GYOZAS s'accordent bien avec une bonne bière!

K: J'ai entendu dire que vous aimez les Ramen: pouvez vous en conseiller aux français?
DAITA: Vous pouvez manger des RAMEN en France??? (Très surpris)

K: Oui sans problème ! Il y a même une rue à Paris dédiée à la cuisine japonaise! (NDJ: la rue Sainte Anne, pour les non-parisiens)
DAITA: Ahh bonnnnn---- (En admiration)

K: Vous regardez un peu le sport Français?
DAITA : J'aime beaucoup l'équipe de football française, en particulier Henry et Zidane.

K: Savez-vous que les fans européens vont aussi sur votre page perso sur le net?
DAITA: Quoi!? comment ça? (Surpris)

K: Facilement, grâce à internet. Mais comme tout est écrit en Japonais, ils ne peuvent malheureusement pas lire. Avez vous l’intention d'en faire une version anglaise?
DAITA: Oui, on avait rapidement parlé d'en faire une.

N: Mettre beaucoup de photos comme vous le faites est une très bonne chose!
DAITA : Sur Internet si on ne met pas de photos, ce n'est pas vraiment intéressant je pense.
En tout cas moi c'est ce que je ressens lorsque que je surfe sur le net.

N: Pour changer de sujet, je suis allé voir votre concert au Shibuya O-East, c’était absolument génial.
Je n’aurais jamais pu imaginer qu’un concert de rock instrumental puisse être aussi bien, c’est une belle réussite. Vous le prépariez depuis longtemps?

DAITA: La préparation s’est faite assez rapidement mais les répétitions ont commencé deux semaines avant le concert.

N: Vous avez tout de suite choisi les musiciens qui allaient jouer avec vous pour ce concert?
DAITA: A partir de Mai. J'ai commencé à proposer à plusieurs musiciens de jouer pour ce concert à partir de février, mais comme tous ces musiciens sont des gens très populaires ils tous dû tenir le planning de leurs propres concerts et en plus celui des répétitions: ils travaillaient en binôme avec d’autres concerts, ça avançait doucement.

N: Vous avez donné ce concert un lundi, donc beaucoup de fans habitant loin des grandes villes n'ont pas pu venir, c'est dommage.
DAITA: Oui je sais bien... Alors regardez mon DVD !

N: Je suis très contente car il n'y a aucune coupure dans ce DVD, tout le live y est.
DAITA: Oui, si j’ai voulu faire ce DVD ce n'est pas dans le but d'une vente générale mais pour ceux qui n’ont pas pu venir au concert.
(NDJ: Il dit vrai, d'ailleurs ce DVD n'est pas disponible dans les magasins de musique, on ne pouvait le trouver que par correspondance, par le biais de son site).

N: Vous avez tout de suite pu dresser la set-list de ce concert ?
DAITA: 1 ou 2 mois avant le live, on a dû réfléchir au programme du concert au moins une ou deux fois. En particulier le choix des morceaux, leur ordre etc. De toute façon, il n'y a pas autant de morceaux à trier que ça! (rires)

N: Vous avez joué tous les morceaux de vos deux albums et trois morceaux de VOLCANO HIGH.
DAITA: Au début, je n’avais pas l’intention de jouer les morceaux de cet album. Mais après avoir vu les réactions sur mon site, où les fans disaient vouloir que j'en joue, j’ai décidé d'en jouer quelques un, et j'ai donc aussi choisi des musiciens pouvant les jouer.

N: Ce sont d’ailleurs les musiciens qui ont joué avec vous pour la présentation de VOLCANO HIGH.
DAITA: M. Saino à la batterie et Okanda à la basse. M. Saito aux claviers avec qui j’ai joué lors du Himuro tour, l’année dernière. Enfin M. Nakano comme technicien, qui n’avait pas fait partie de ces musiciens.

K: Votre DVD ne se vend pas encore en Europe mais il y a tout de même des fans qui ont pu se le procurer, qu'en pensez-vous?
DAITA: Je suis vraiment très content! (rires) Mon live solo a commencé cette année et je ne savais absolument pas comment cela allait se passer par la suite.

N: Il faut absolument que vous veniez faire un concert en Europe! Il y a déjà des groupes de rock japonais qui viennent faire des concerts en Europe.
DAITA: Oui cela serait vraiment génial!
(…En lisant les dates de concerts sur le site de JaME:) Tiens dans 10 ans moi aussi je vais m’habiller en VISUAL KEI, pour voir (Eclate de rire)!

N: En tant que musicien soliste, en groupe ou même lors d’enregistrements en studio, je pense qu’il y a diverses formes d’activités musicales à explorer: quelle est la vision que vous avez de l’artiste idéal?
DAITA: Aujourd’hui encore, je cherche à être le seul et unique dans mon genre, différent de tous, que personne ne peut imiter.
Lorsque j’ai choisi ma guitare pour la première fois et que j'ai cherché à en jouer, les musiciens qui m’influençaient avaient tous cette manière de voir les choses. J'aimerais devenir comme eux. Il est rare de trouver des artistes uniques aujourd'hui, avec une grande originalité.
Continuer à faire ce qu’on aime et réussir dans le show-business est quelque chose de très difficile, mais RUSH par exemple, un groupe que j'adore, fait partie de ces artistes uniques qui y parviennent, tout en gardant leur originalité et leur image. J'espère moi aussi faire partie de ces gens exceptionnels.

N: Et cette idée n'a pas changé aujourd'hui?
DAITA: Oui, elle n'a pas changé, et même à l'époque de SIAM SHADE j’avais déjà cette idée en tête, pensant au fond de moi-même que c'était juste un passage pour poursuivre ce but. Je pense qu'une vie ne serait pas suffisante pour faire ce que je veux faire musicalement, mais tant que je le peux, j'aimerais encore apprendre, voir, faire ce que j'aime et vivre des expériences excitantes. Je suis d'une nature impatiente et on a du mal à m'arrêter. Un peu comme au Rugby quand on court toujours vers l'avant sans qu'on puisse vous arrêter, vous voyez? (rires)

K: Pour finir, avez vous un message pour vos fans européens?
DAITA: Je suis vraiment surpris de la notoriété de SIAM SHADE en Europe, alors que nous nous sommes séparés.
Les membres du groupe ont tous un travail solo actuellement et nous avons tous un style, un son différents de ce que nous faisions dans le groupe. J’ai grandi en écoutant beaucoup de musique classique, je suis donc depuis toujours très intéressé par la musique européenne. Allier cette musique à la mienne est donc une chose naturelle, car elle m'a influencé, et ce serait génial si, grâce à la musique, nous pouvions établir entre nous une sorte de petit pont reliant l’Europe au Japon.
Si j’ai aussi la chance de pouvoir faire un concert en Europe je viendrai avec plaisir. Continuez d’écouter ma musique!
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