Dossier

That's Nip-Hop !

25/05/2006 2006-05-25 12:00:00 JaME Auteur : Niok-

That's Nip-Hop !

Dossier complet sur That's Nip-Hop produit par Soundlicious ainsi qu'une interview de Sae qui s'occupe d'eux en France


© Soundlicious
Le projet était ambitieux : faire découvrir et participer quelques artistes français au B-Boy Park, événement majeur du hip-hop japonais. A travers That’s Nip-Hop, Soundlicious nous fait donc vivre le voyage du Wanted Posse et de Triptik qui, pendant une semaine, ont vécu une expérience incroyable, en totale immersion au pays des samouraïs du mic.

B-Boy Park (what’s that sh*t ?)

Créé par Crazy A, l’un des membres du mythique Rock Steady Crew, cette sorte de festival de la culture hip-hop japonaise est Le rendez-vous à ne pas manquer !
Durant trois jours s’enchaînent battles de DJs, de MCs et de breakeurs venus de tout l’archipel et même d’ailleurs. Garant d’un hip-hop intègre, et restant dans une optique totalement pacifiste mais dynamique, le B-Boy Park est avant tout l’exemple même de ce dont est capable cette scène japonaise qui, tout en restant discrète, continue de grossir et d’évoluer année après année. Quel cadre, plus que ce B-Boy Park, aurait donc pu mieux convenir à ce projet d’échange franco-nippon ?
Il ne restait donc plus à Sae (du label Soundlicious) qu’à convaincre nos frenchies de prendre l’avion, direction Tokyo, afin qu’ils s’imprègnent de l’art de rue japonais tout en exportant leur style et leurs sons.

That’s Nip-Hop, Baby !

Au lancement du DVD, la première baffe est donnée par l’animation du menu. Entre style dépouillé et classe, les différentes transitions que nous a concocté Walee pour ce DVD sont vraiment une réussite (au même titre que la jaquette). Au niveau des choix dans le menu, même recette que d’habitude avec les traditionnels sous-titres (en français ou en japonais), choix de chapitres, lecture simple et autres bonus. On regrettera toutefois l’absence d’un livret en plus du DVD, proposant photos et autres textes explicatifs. Mais trêve de bavardages et passons aux choses sérieuses.

Ce film documentaire, d’environ 1h30, emmène donc le spectateur au Japon afin de profiter des nombreux events du B-Boy Park édition 2003. Tout un programme avec en vrac : la finale endiablée d’un battle de DJs, un concours de break où l’impressionnant Junior du Wanted Posse fait honneur au french-style, un battle de MCs (discipline connue par le grand public notamment grâce au film "8 Miles") entièrement traduit pour notre plus grand plaisir, la visite du label Future Shock (l’un des plus gros label indépendant du nip-hop), ou encore un mini-concert du groupe Triptik devant un public japonais assez réceptif, etc. Tout ceci est aussi entrecoupé par des bouts de vie où nos acteurs se transforment en vrais gosses, émerveillés par ce pays si atypique qu’est le Japon.

Ce qui étonne surtout ici, c’est l’aspect respectueux qui se dégage de l’évènement, autant du côté français que japonais. "On se croirait en 83, ça fait chaud au coeur" dit un Dabaaz qui semble vraiment sincère. 1983, où les années H.I.P H.O.P de Sidney commencèrent, l’époque bénie du hip hop français. Et on le comprend, en voyant les sourires sur les visages de tout le monde, et les adversaires se saluer chaleureusement à la fin de chaque manche de la compétition.

Par contre, durant les épreuves, c’est une toute autre ambiance qui se dégage. Les B-boys présents sont prêts à tout pour gagner, les provocations sont légion et chacun donne le meilleur de lui-même. Le spectacle est donc très largement assuré.

Les bonus ne se résument par contre qu’à des rushs (parties non gardées pour le film final) assez lourds à digérer directement après le film mais néanmoins assez intéressants. On notera tout de même une interview enrichissante de Crazy A sur les raisons qui l’ont poussé à créer le B-boy Park, sa vision du hip-hop etc.

Avis

Tout ceci nous donne au final un film fort intéressant, classieux et bien tourné, malgré quelques problèmes techniques mineurs qui le parsèment, et surtout une très bonne entrée en matière dans la monde du Nip-hop.

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Interview avec Sae (Soundlicious) :

D’abord, j’aimerais savoir comment t’es venue l’idée d’un tel projet et comment tout s’est organisé ?

Au tout début, je voulais faire connaître la musique française au Japon et la musique japonaise en France, sans savoir vraiment comment faire ni avoir de projet précis. Puis ça s'est mis en place dans ma tête, au fil de mes rencontres avec divers artistes autant en France qu'au Japon, l'événement déterminant dans tout ça ayant été ma découverte du B-Boy Park.
Une fois que j'ai su ce que je voulais faire, il a d'abord fallu trouver les artistes prêts à "me suivre", c'est-à-dire qui comprennent mon projet ou du moins me fassent confiance. J'avoue qu'à l'origine, je voulais emmener le Saïan Supa Crew et pas de danseur. Mais bon, le projet a encore évolué et au final, l'équipe telle qu'elle est dans le DVD a été constituée. En fait, ça a surtout été dur pour le financement : je pensais naïvement trouver un producteur pour le projet et j'ai cherché du soutien, mais en vain. Alors on s'est débrouillé avec ce qu'on avait.

Pourquoi Triptik et le Wanted Posse ?

Triptik, parce que parmi les rappeurs que j'avais contacté à l'époque, ce sont eux qui ont été les plus réceptifs au projet. En ce qui concerne le Wanted Posse, je prenais des cours de house avec Baba, alors je lui ai parlé de mon idée et il m'a dit : "Je suis en train d'économiser pour partir au Japon, justement !". Du coup, ça tombait bien !

Y a-t-il eu des problèmes techniques pendant le tournage et pendant le montage ?

On n'a pas eu de réel problème technique. Sur place, il fallait surtout gérer le chargement des batteries des caméras et veiller à ce que les caméramans aient toujours des cassettes DV vierges. D'ailleurs, pour la finale de Junior, j'ai dû interrompre l'arbitre parce que le caméraman qui filmait sur scène n'avait plus de matériel ! Mais pour combler, cet arbitre nous a fait une petite démo sympa, dont on a mis la vidéo sur le site.
Sinon, pour le montage, comme Mathieu (aka Doc Morzy) travaillait à Montpellier et que moi, je suis sur Paris, on a pas mal avancé par mail, surtout pour le montage des interviews et MC Battles. Au final, je suis fière du travail qu'on a réussi à faire, parce qu'on a tout mené à bout avec peu de moyens et en petite équipe.

Quels sont les retours que tu as eu à propos du DVD au Japon ?

Pour le moment, je n'ai pas eu beaucoup de retours, parce que peu de personnes l'ont et pour le moment, je n'ai pas le temps de les contacter pour savoir ce qu'ils en pensent. J'en saurai plus la prochaine fois que j'irai à Tokyo.

Après ce voyage en 2003, des artistes japonais sont venus en France. Pourrait-on savoir lesquels, pourquoi, et si tout s’est bien déroulé ?

En France, il y a de plus en plus d'évènements hip-hop et surtout de battles de danse. Et on y voit de plus en plus de danseurs japonais. Je pense que les échanges se font naturellement, entre réseaux de danseurs. Je n'ai pas participé à ça. Enfin, je n'en ai pas eu l'occasion.
Suite au voyage de 2003 et parallèlement au montage du DVD, je me suis concentrée sur le site www.thatsniphop.com , mais aussi sur la diffusion de rap japonais sur Génération (avec Cohiba de Catharsis Project) et la distribution de CDs de productions hip-hop françaises (Triptik, Drixxxé, Réel Carter…) au Japon. Plus récemment, j'ai aidé Réel Carter à être signé dans l'archipel. Son album est dans les bacs là-bas depuis avril !

Qu’en est-il de votre projet avec Suika (groupe de rap poétique avec un contre-bassiste, des percussions et une grande influence jazzy... à ne pas louper !) ? A quand une sortie de CD ? Des concerts prévus en France ?

Nous avons commencé à travailler sur Harvest for the stripes, le premier album de Suika. Le but est de le sortir cet été. En ce qui concerne un concert du groupe en France, je pense qu'on commencera à l'envisager en 2007. Mais bon, chez Soundlicious, nous avons encore plein d'autres projets... A suivre !

Un grand merci à Sae pour cette mini-interview.
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