Le projet était ambitieux : faire découvrir et participer quelques artistes français au
B-Boy Park, événement majeur du hip-hop japonais. A travers
Thats Nip-Hop,
Soundlicious nous fait donc vivre le voyage du
Wanted Posse et de
Triptik qui, pendant une semaine, ont vécu une expérience incroyable, en totale immersion au pays des samouraïs du mic.
B-Boy Park (whats that sh*t ?)
Créé par
Crazy A, lun des membres du mythique
Rock Steady Crew, cette sorte de festival de la culture hip-hop japonaise est Le rendez-vous à ne pas manquer !
Durant trois jours senchaînent battles de DJs, de MCs et de breakeurs venus de tout larchipel et même dailleurs. Garant dun hip-hop intègre, et restant dans une optique totalement pacifiste mais dynamique, le
B-Boy Park est avant tout lexemple même de ce dont est capable cette scène japonaise qui, tout en restant discrète, continue de grossir et dévoluer année après année. Quel cadre, plus que ce
B-Boy Park, aurait donc pu mieux convenir à ce projet déchange franco-nippon ?
Il ne restait donc plus à
Sae (du label
Soundlicious) quà convaincre nos frenchies de prendre lavion, direction Tokyo, afin quils simprègnent de lart de rue japonais tout en exportant leur style et leurs sons.
Thats Nip-Hop, Baby !
Au lancement du DVD, la première baffe est donnée par lanimation du menu. Entre style dépouillé et classe, les différentes transitions que nous a concocté
Walee pour ce DVD sont vraiment une réussite (au même titre que la jaquette). Au niveau des choix dans le menu, même recette que dhabitude avec les traditionnels sous-titres (en français ou en japonais), choix de chapitres, lecture simple et autres bonus. On regrettera toutefois labsence dun livret en plus du DVD, proposant photos et autres textes explicatifs. Mais trêve de bavardages et passons aux choses sérieuses.
Ce film documentaire, denviron 1h30, emmène donc le spectateur au Japon afin de profiter des nombreux events du
B-Boy Park édition 2003. Tout un programme avec en vrac : la finale endiablée dun battle de DJs, un concours de break où limpressionnant
Junior du
Wanted Posse fait honneur au french-style, un battle de MCs (discipline connue par le grand public notamment grâce au film "8 Miles") entièrement traduit pour notre plus grand plaisir, la visite du label
Future Shock (lun des plus gros label indépendant du nip-hop), ou encore un mini-concert du groupe
Triptik devant un public japonais assez réceptif, etc. Tout ceci est aussi entrecoupé par des bouts de vie où nos acteurs se transforment en vrais gosses, émerveillés par ce pays si atypique quest le Japon.
Ce qui étonne surtout ici, cest laspect respectueux qui se dégage de lévènement, autant du côté français que japonais. "On se croirait en 83, ça fait chaud au coeur" dit un
Dabaaz qui semble vraiment sincère. 1983, où les années
H.I.P H.O.P de
Sidney commencèrent, lépoque bénie du hip hop français. Et on le comprend, en voyant les sourires sur les visages de tout le monde, et les adversaires se saluer chaleureusement à la fin de chaque manche de la compétition.
Par contre, durant les épreuves, cest une toute autre ambiance qui se dégage. Les B-boys présents sont prêts à tout pour gagner, les provocations sont légion et chacun donne le meilleur de lui-même. Le spectacle est donc très largement assuré.
Les bonus ne se résument par contre quà des rushs (parties non gardées pour le film final) assez lourds à digérer directement après le film mais néanmoins assez intéressants. On notera tout de même une interview enrichissante de
Crazy A sur les raisons qui lont poussé à créer le
B-boy Park, sa vision du hip-hop etc.
Avis
Tout ceci nous donne au final un film fort intéressant, classieux et bien tourné, malgré quelques problèmes techniques mineurs qui le parsèment, et surtout une très bonne entrée en matière dans la monde du Nip-hop.
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Interview avec Sae (Soundlicious) :
Dabord, jaimerais savoir comment tes venue lidée dun tel projet et comment tout sest organisé ?
Au tout début, je voulais faire connaître la musique française au Japon et la musique japonaise en France, sans savoir vraiment comment faire ni avoir de projet précis. Puis ça s'est mis en place dans ma tête, au fil de mes rencontres avec divers artistes autant en France qu'au Japon, l'événement déterminant dans tout ça ayant été ma découverte du
B-Boy Park.
Une fois que j'ai su ce que je voulais faire, il a d'abord fallu trouver les artistes prêts à "me suivre", c'est-à-dire qui comprennent mon projet ou du moins me fassent confiance. J'avoue qu'à l'origine, je voulais emmener le
Saïan Supa Crew et pas de danseur. Mais bon, le projet a encore évolué et au final, l'équipe telle qu'elle est dans le DVD a été constituée. En fait, ça a surtout été dur pour le financement : je pensais naïvement trouver un producteur pour le projet et j'ai cherché du soutien, mais en vain. Alors on s'est débrouillé avec ce qu'on avait.
Pourquoi Triptik et le Wanted Posse ?
Triptik, parce que parmi les rappeurs que j'avais contacté à l'époque, ce sont eux qui ont été les plus réceptifs au projet. En ce qui concerne le
Wanted Posse, je prenais des cours de house avec
Baba, alors je lui ai parlé de mon idée et il m'a dit : "Je suis en train d'économiser pour partir au Japon, justement !". Du coup, ça tombait bien !
Y a-t-il eu des problèmes techniques pendant le tournage et pendant le montage ?
On n'a pas eu de réel problème technique. Sur place, il fallait surtout gérer le chargement des batteries des caméras et veiller à ce que les caméramans aient toujours des cassettes DV vierges. D'ailleurs, pour la finale de
Junior, j'ai dû interrompre l'arbitre parce que le caméraman qui filmait sur scène n'avait plus de matériel ! Mais pour combler, cet arbitre nous a fait une petite démo sympa, dont on a mis la vidéo sur le site.
Sinon, pour le montage, comme
Mathieu (aka
Doc Morzy) travaillait à Montpellier et que moi, je suis sur Paris, on a pas mal avancé par mail, surtout pour le montage des interviews et MC Battles. Au final, je suis fière du travail qu'on a réussi à faire, parce qu'on a tout mené à bout avec peu de moyens et en petite équipe.
Quels sont les retours que tu as eu à propos du DVD au Japon ?
Pour le moment, je n'ai pas eu beaucoup de retours, parce que peu de personnes l'ont et pour le moment, je n'ai pas le temps de les contacter pour savoir ce qu'ils en pensent. J'en saurai plus la prochaine fois que j'irai à Tokyo.
Après ce voyage en 2003, des artistes japonais sont venus en France. Pourrait-on savoir lesquels, pourquoi, et si tout sest bien déroulé ?
En France, il y a de plus en plus d'évènements hip-hop et surtout de battles de danse. Et on y voit de plus en plus de danseurs japonais. Je pense que les échanges se font naturellement, entre réseaux de danseurs. Je n'ai pas participé à ça. Enfin, je n'en ai pas eu l'occasion.
Suite au voyage de 2003 et parallèlement au montage du DVD, je me suis concentrée sur le site
www.thatsniphop.com , mais aussi sur la diffusion de rap japonais sur
Génération (avec
Cohiba de
Catharsis Project) et la distribution de CDs de productions hip-hop françaises (
Triptik,
Drixxxé,
Réel Carter
) au Japon. Plus récemment, j'ai aidé
Réel Carter à être signé dans l'archipel. Son album est dans les bacs là-bas depuis avril !
Quen est-il de votre projet avec Suika (groupe de rap poétique avec un contre-bassiste, des percussions et une grande influence jazzy... à ne pas louper !) ? A quand une sortie de CD ? Des concerts prévus en France ?
Nous avons commencé à travailler sur
Harvest for the stripes, le premier album de
Suika. Le but est de le sortir cet été. En ce qui concerne un concert du groupe en France, je pense qu'on commencera à l'envisager en 2007. Mais bon, chez
Soundlicious, nous avons encore plein d'autres projets... A suivre !
Un grand merci à
Sae pour cette mini-interview.