Interview

Interview de LibaTion

07/12/2022 2022-12-07 08:00:00 JaME Auteur : JBH

Interview de LibaTion

L'équipe de JaME a eu l'opportunité de s'entretenir pour la première fois avec le duo franco-japonais LibaTion le 28 octobre dernier.


© LibaTion

C'est en ce bel après-midi d'octobre que nous retrouvons le duo de musique expérimentale franco-japonais LibaTion* une semaine après leur concert au salon d'automne de la Villette.

Après nous être donnés rendez-vous devant la librairie internationale Smith&Son (ex WSmith&Son) au 248 rue de Rivoli dans le 1er arrondissement de Paris, nous décidons d'aller interviewer le duo, en face, dans le jardin des Tuileries.


Bonjour LibaTion, alors tout d’abord, merci de nous recevoir !

LibaTion [Joël] : Bonjour!


Etant donné que c’est la première fois qu’on se rencontre pouvez-vous vous présenter à nos lecteurs?

LibaTion [Joël] : Oui, c’était à l’initiative de TomokoLibaTion à la base. C’était il y a 4/5 ans. A vrai dire ce n’était pas du tout prévu le duo que nous formons. Ça s’est fait à la suite d’un concert qu’elle organisait pour ses élèves parce qu’elle est professeur de piano aussi. Et il se trouve qu’à la fin de ses concerts elle joue des pièces et pour celui-ci elle m’a proposé de la rejoindre au piano acoustique et à la basse pour composer un morceau original et voilà c’est de là qu’est parti LibaTion.


Comment décririez-vous le style musical de LibaTion ? C’est assez particulier, il y a de multiples influences…

LibaTion [Joël] : Alors…oui exactement ! La question est très simple mais c’est toujours difficile de répondre parce qu’il y a beaucoup d’influences diverses et variées.

Donc quelles sont vos principales influences ?

LibaTion [Joël] : Chez Tomoko, beaucoup de jazz… [Tomoko] : Moi, j’ai travaillé le classique d’abord et après je suis venu en France pour apprendre le jazz. [Joël] : Du jazz classique, de la pop aussi…

J’ai l’impression qu’il y a aussi pas mal d’influences new wave…

LibaTion [Joël] : exactement ! Oui vous m’enlevez les mots de la bouche. Je viens de ce milieu, post punk, gothique, new wave.

JaME : New wave occidentale ou aussi japonaise ?

LibaTion [Joël] : les deux. J’apprécie aussi beaucoup les groupes japonais. J’ai beaucoup écouté les groupes gothiques japonais, ce qu’on appelle le positive punk

Auto Mod ?
LibaTion [Joël] : Auto Mod oui ! Beaucoup d’Auto Mod, Mme Edwarda etc.

Dans votre premier album "Sortie de route" vous mêlez le français et le japonais, est-ce une volonté de votre part ou est-ce naturel ?

LibaTion [Joël] : naturellement oui. On s’est dirigé vers le français parce que…
[Tomoko] : on ne parle pas l’anglais [Rires]
[Joël] : donc français/japonais. Beaucoup de français. Du japonais aussi parce qu’évidemment c’est Tomoko qui s’occupe des textes en japonais.

JaME : Et comment se passe le processus de création ? Qui compose ? Qui écrit ?

LibaTion [Joël] : Je dirais que c’est assez classique aussi. Il y a deux cas de figures : le cas où chacun compose, on a chacun nos chansons, nos compositions, l’écriture et puis on s’échange les maquettes. Ensuite on affine comme un groupe classique et puis le côté un peu plus rock où l’on compose à deux. Voilà ce sont les deux cas de figures principaux. Un exemple concret : sur un des morceaux de Sortie de route par exemple Confession, il y a Tomoko qui jouait un motif au clavecin. Je trouvais ça très chouette et donc j’ai pris ce motif pour l’arranger, on a affiné ensemble, elle a écrit les paroles et pour le coup c’est venu de Tomoko mais comme j’ai composé la plus grande partie et fait l’arrangement, elle s’est chargée d’écrire les textes en japonais par exemple.

Justement en parlant de textes. De quoi parlez-vous dans vos textes ? Quel (s) message(s) voulez-vous faire passer ?
LibaTion [Joël] : Je dirais qu’ il n’y a pas de message ou concept en soi .

De quoi vous inspirez vous ?

LibaTion [Joël] : En tout cas pour le premier album Sortie de route . Je dirais que la ligne directrice c’était la religion. En fait on l’a utilisé comme fil conducteur. La religion…plus particulièrement le rapport qu’on a avec le péché mais d’une façon plus globale, la condition humaine, comment on se comporte face à la repentance, la solitude, voilà ce genre de choses.

Comme sur Au-delà ? [NDA : morceau sur lequel on entend des chants bouddhiques]

LibaTion [Joël] : Oui. C’est ça ! Une possible vie après la mort aussi.

Et pour l’instant quels sont les retours des spectateurs/ auditeurs ?

LibaTion [Joël] : Moi ce que je ressens, enfin je ne sais pas ce que tu en penses toi Tomoko, c’est plutôt bien reçu mais la question qui revient souvent c’est : « mais quel style de musique faites-vous ? » [rires]. Alors ça c’est très récurrent. Parce que les gens ont besoin d’être rassuré un peu avec des catégories.

Quel genre de public vient vous voir ?

LibaTion [Joël] : D’une manière générale, dans les endroits où l’on joue il y a une tendance un peu post-punk en effet. Un public un peu arty qui s’intéresse aussi aux différentes formes d’art.

Donc ce ne sont pas forcément des gens qui s’intéressent à la musique japonaise…

LibaTion: Non pas nécessairement. Il y a des Japonais parce qu’il se trouve que Tomoko est Japonaise du coup il y a aussi des Japonais.

Avez-vous joué dans d’autres pays ou avez-vous l’intention de le faire ? Au Japon notamment…

LibaTion [Tomoko] : Oui. On a joué au Japon pendant la période de COVID. [Joël] C’était notre première expérience à l’étranger

Où ça ?

LibaTion [Joël] : Exactement à Kyoto et Kobe. Et on va renouveler cette expérience justement à Kobe. C’était prévu mais avec le corona ça a été annulé.

Alors du coup avez-vous constaté des différences dans les réactions du public ou est-ce la même chose?

LibaTion [Joël] : Le public japonais est quand même très réceptif et puis j’ai remarqué aussi qu’ils accordent beaucoup d’importance à l’objet. Là-bas ils achètent encore des disques. Ça ça m’a fait très plaisir même si je le savais déjà. Ils ont ce truc du travail bien fait donc ça c’était vraiment très plaisant.

D’ailleurs en parlant de la pandémie de COVID-19 comment avez-vous vécu ce moment ? Qu’avez-vous fait ? Ce n’était pas trop frustrant de ne pas pouvoir vous produire sur scène ?

LibaTion [Joël] : Alors évidemment la première frustration c’était la scène. C’était bloqué. Certaines dates ont été annulées. On en a eu une un peu par chance quand on était au Japon mais je dirais qu’on ne l’a pas trop mal vécu en fait parce que… [Tomoko intervient] …on était au Japon. [Joël] Oui la première période.

C’était plus libre ?

LibaTion [Joël] : Oui. Et heureusement, moi j’étais content de rester plus longtemps. [rires] L’album a été reporté maintes fois et on est resté plus longtemps finalement.

Et vous en avez profité pour composer ?

LibaTion [Joël] : Bien sûr ! C’était l’occasion justement…c’est pour ça qu’on n’était pas trop frustré en fait. On a continué à élaborer des contacts là-bas, ça s’est bien passé d’ailleurs. On a eu de bons contacts pour les prochains concerts et on en a profité pour composer les nouveaux morceaux.

LibaTion [Joël à Tomoko] : Toi tu n’as pas mal vécu le corona hein ? [Tomoko] : Non non.

[Joël] : J’ai eu beaucoup de témoignages. I y a eu des dépressions mais nous en fait pas du tout. Ça n’a pas changé grand-chose dans notre manière de travailler [rires] .

 Quelles sont vos prochaines échéances de concerts et de projets en général ?

LibaTion [Joël] : Les prochaines dates ? Je pense dans à peu près un mois, on devait jouer dans 10 jours mais Tomoko a quelques problèmes de santé là en ce moment, elle peut difficilement se mouvoir donc je dirais dans un mois la prochaine date et surtout le plus important c’est la sortie du prochain album, c’est la priorité.

Justement en parlant de ça, lors de votre dernier concert à la Villette vous avez parlé de la sortie du second album.

LibaTion [Joël] : Oui.

Pouvez-vous nous en dire plus sur cet album ?
LibaTion [Joël] : En effet, là il est en cours d’enregistrement. Les compositions sont pratiquement finies après il y a des petites choses relatives à l’arrangement, à la production et à la différence avec le premier album c’est que cette fois-ci on va travailler avec un ingénieur du son qui est un très bon mixeur et qui va s’occuper aussi du mixage. C’est le studio mythique Le Garage , un studio assez connu dans le milieu, qui a fait sa réputation dans les années 80 avec notamment Rita Mitsouko et tous ces groupes qui sortaient un peu du post-punk donc voilà c’est la différence avec le premier album qui sera mixé par quelqu’un de compétent [rires]

Il n’y a pas de dates de sortie prévue ?

LibaTion [Joël] : On vise début 2023 si c’est possible.

Et sinon au niveau de la composition, des textes, ça reste dans la même lignée ou est-ce assez différent ?

LibaTion [Joël] : Pareil. C’est toujours à peu près la même configuration. Un peu des deux.

Les mêmes thématiques ?

LibaTion [Joël] : Cette fois on a changé un peu. On a pris le parti de…alors je vais vous révéler une exclusivité [rires]. En gros le thème ce sera un peu l’hallucination. Ça fait un peu écho justement à ce que l’on a vécu, à ce dont on parlait tout à l’heure pendant les périodes de confinement. L’hallucination c’est-à-dire où est la frontière entre la réalité et la fiction /le rêve parce que c’était une période assez bizarre. Pour moi c’était un peu la quatrième dimension qu’on a pas si mal vécu que ça. Voilà. C’est un peu la thématique du prochain album.

Avez-vous un dernier message à faire passer à nos lecteurs ?

LibaTion [Joël] : Oui. Venez nombreux ! Ecoutez-nous attentivement ! Et puis que dire d’autre ? Tomoko ?

[Tomoko] Attendez !... C’est difficile…

[Joël lui dit qu’elle peut s’exprimer en japonais]
[Tomoko s’exprime en japonais]

[Joël intervient] : Achetez l’album !

[Tomoko continue de s’exprimer en japonais]

[Joël traduit ce que Tomoko dit en japonais] : Venez nous voir en concert et appréciez nos lives ! On est en période de dématérialisation mais quand même c’est bien de voir les gens en vrai.

OK. Merci beaucoup !

LibaTion : Merci !

N.B: * LibaTion signifie: "répandre du vin en guise d'offrande en l'honneur d'une divinité", et par extension ou abus de langage, cela désigne une beuverie dixit Joël.

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