Interview

Interview avec Mary's Blood

22/12/2019 2019-12-22 08:00:00 JaME Auteur : ChrisN Traducteur : Lucy C.H.

Interview avec Mary's Blood

Les têtes d’affiche du Metal Matsuri, qui a eu lieu à Londres en octobre dernier, nous parlent de leur nouvel album “CONFESSiONS”, de féminisme et de leurs plans pour l’avenir


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Elles sont arrivées au sommet du metal au féminin et pourtant on les voit rarement sur des scènes autres que celles de leur pays natal. En octobre dernier enfin, Mary’s Blood se sont aventurées sur les scènes londoniennes, une première très attendue dans le cadre du festival Metal Matsuri, qui se déroule sur deux jours et qui présente une affiche exclusivement nippone et, en occurrence, quasi-exclusivement féminine !

Et ce n’est pas tout : ce concert a coïncidé avec la sortie européenne de leur dernier album, CONFESSiONS. Malgré le rythme hâtif de ce weekend, Mary’s Blood ont pris le temps de répondre à nos questions, la guitariste SAKI ayant gentiment proposé ses services d’interprète. 


Bienvenues au Royaume-Uni ! Et SAKI, joyeux anniversaire!

SAKI : Oh, merci ! 

EYE, RIO, MARI et YASHIRO: (applaudissement)

C’est votre première fois en Europe, alors c’est comment d’être là?

MARI : Nous sommes tellement contentes d’être là !

Vous pensez revenir en Europe bientôt ?

SAKI : Oui, on y pense. Ce serait super de revenir très bientôt.

Dans le cadre d’un festival ?

SAKI : Ou peut-être en tournée, une tournée en tête d’affiche. On aimerait bien le faire.

Vous êtes au Royaume-Uni, là où le heavy metal est né. Est-ce qu’il y a des groupes de heavy metal anglais qui vous ont particulièrement influencées ?

MARI : Oui, pour moi ce sont Iron Maiden et Judas Priest !

RIO : Les Sex Pistols.

SAKI : Ça ce n’est pas du metal, elle aime le punk !

RIO : Oui, j’adore les punks !

Aujourd’hui vous venez de lancer votre nouvel album CONFESSiONS par le biais le JPU Records en Europe. Vous voulez nous faire un petit commentaire là-dessous ?

SAKI : Nous avions déjà signé un contrat lors de notre troisième album qui s'appelait FATE. On l’avait sorti avec Victor au Japon, puis en Europe avec JPU. Puis, on a changé de label. Notre quatrième album, Revenant, est sorti avec une autre société. En fait il y a avait eu un problème de communication, du coup nous n’avions pas pu le sortir avec JPU. Cette fois-ci nous nous sommes mises en contact avec JPU pour que l’on puisse encore travailler avec eux.

CONFESSiONS est une fusion de différents styles. Leyla a une touche du Moyen Orient, Hello est plutôt pop, High 5 est rock’n’roll. Et pourtant, votre style a tendance à être très metal. Qu’est-ce qui vous a inspirées à essayer de différents styles ? 

EYE : Nous avons fait ce que l’on aime bien faire !

SAKI : Pour notre quatrième album, nous avons travaillé avec une danseuse du ventre. Nous l’avons invitée pour danser lors de notre dernier concert, du coup nous avons joué de la musique style oriental. Puis moi, je suis allée à un cours de danse de ce genre, c’est de là qui vient Leyla. Après, vu que RIO adore le punk, High 5 est né de cet esprit là. Notre objectif était de mixer le punk avec nos racines metal, du coup voilà… nous avons pop, punk, rock’n’roll, chacune a rajouté ce qu’elle aime le plus. 

Donc on peut dire que cet album reflète bien vos personnalités ?

SAKI : Tout à fait, chacune de nos personnalités.

Tu as parlé d’un changement de label...

SAKI : Effectivement, pour notre quatrième album.

Et vous avez aussi changé de producteur à ce moment-là. Votre entente avec le producteur Okano Hajime a changé la façon dont vous travaillez ?

RIO : Il est très compétent et on le voit comme un mentor. Et puis, il est quelqu’un de très fun !

Alors, le travail est devenu plus fun ?

RIO : Vous avez tout compris !

MARI : Monsieur Okano est comme un membre du groupe. Il parle comme s’il était un des nôtres, pas comme un producteur. Il a des conseils très avisés sur les paroles, sur comment on joue, vraiment comme s’il était sur scène avec nous.

Et vu qu’on parle de nouveaux membres, YASHIRO est avec vous ici à Londres. Elle collabore avec Mary’s Blood depuis un moment, mais elle n’a jamais intégré le groupe officiellement. Comment est-ce que vous travaillez ensemble ?

SAKI : C’est une solution très pratique d’avoir ses contributions à la guitare. Elle fait de nous un ensemble plus soudé car si nous avions plusieurs guitaristes, on aurait besoin de répéter plus avec chacun d’entre eux. C’est bien mieux quand on a une seule guitariste. YASHIRO a plein d’autres boulots et projets au Japon, elle est très prise, c’est pourquoi elle ne rejoint pas le groupe officiellement.

YASHIRO : Je crois que le mieux pour Mary’s Blood est de garder les choses comme ça. Il y a un équilibre entre les quatre membres du groupe, c’est aussi pour ça que je ne suis pas un membre officiel.

Vous êtes un groupe exclusivement féminin. Il nous semble aussi qu’il y a de plus en plus de girls bands au Japon, mais cette tendance n’a pas pris en Europe. Qu’est-ce que vous pensez du fait qu’il y a plus de girls bands au Japon qu’ici ?

SAKI : Je ne suis pas sûre. Cela n’engage que moi, mais je pense que c’est le style des instrumentistes occidentaux. Ils jouent d’une façon masculine, puissante. Au Japon, nous ne sommes pas très puissants physiquement, donc le genre s’est aussi ouvert aux groupes féminins. Il y en a tellement de girls bands connues au Japon, on ne sait pas trop pourquoi !

Est-ce qu’on vous voit uniquement comme un groupe musical féminin, ou avant tout comme un groupe d’heavy metal à part entière ?

MARI : Ça dépend de l’audience.

SAKI : Les audiences japonaises aiment classer les choses dans des cases. Même dans le heavy metal, le marché n’accepte pas trop les groupes avec une chanteuse femme, où quand toutes les instrumentistes sont des femmes. Mais il y a plein de fans différents, c’est pour ça qu’il y de plus en plus de groupes féminins. Peut-être… je ne sais vraiment pas, demandez aux audiences !

Est-ce que le fait que vous êtes un groupe féminin vous donne plus de liberté pour jouer dans de différents genres ?

MARI : C’est une question intéressante.

Disons, si Bruce Dickinson chantait du soul, les gens crieraient “NON” !

SAKI : Tout à fait, mais si nous chantons une chanson pop, personne ne dit rien. C’est véridique comme remarque.

Vous avez aussi joué au festival NAON no YAON, qui comprend quasiment que des groupes féminins à l’affiche. Est-ce que les fans de ce genre de festival sont aussi surtout des femmes ? C’est une question intéressante puisque le féminisme moderne divise les esprits et fait une séparation très marqué entre hommes et femmes. Comment est-ce que les audiences japonaises réagissent à un événement qu’avec des artistes femmes ?  

SAKI : Vous savez, le Japon est comme qu’une petite île à l’extrême orient, on n’a pas de mouvements comme le féminisme, ou au moins ce n’est pas aussi flagrant qu’en occident. Je ne suis pas sûre, mais je crois qu’en même temps nous sommes très ouverts, par exemple avec l'homosexualité. Nous acceptons tout le monde. Le NAON no YAON existe depuis trente ans, il me semble. Le festival a été fondé par SHOW-YA, le premier groupe de metal féminin au Japon. Et d’ailleurs, pour la première fois, le staff ne comprend que des femmes. 

Nous avons le même management [que SHOW-YA], et notre président en parle souvent. Il dit que dans les années 1980 il y avait beaucoup de groupes de metal, mais quasiment que des groupes masculins, la musique était jouée par des hommes. SHOW-YA, ce n’était pas la même chose. Tout le monde les méprisait parce qu’elles étaient des femmes. C’est là qu’elles ont décidé de fonder un festival pour les groupes féminins et pour les artistes femmes. Peut-être que c’est là qui a commencé le mouvement d’émancipation des musiciennes japonaises. Ce n’est pas intentionnel car c’était il y a trente ans, mais le fait est qu'aujourd'hui personne ne nous regarde de haut, y compris les hommes dans notre métier. Aujourd’hui personne ne nous méprise parce que nous sommes des femmes. 

C’est un débat très intéressant, mais c’est difficile de parler de comment les choses étaient dans les années 1980. Ces derniers temps, il y a tellement de groupes de filles qui veulent jouer au NAON no YAON, c’est devenu un festival énorme au Japon. On ne pense même plus au genre des artistes. Dans le public, il y a des hommes comme il y a des femmes. Personne ne s’en soucie.

Récemment, vous avez joué un concert pour votre dixième anniversaire, A Decade of Queens. Pouvez-vous nous en parler ?

EYE : C’était génial, trop contente de l’avoir fait !

Quand vous regardez en arrière, est-ce qu’il a des moments de votre carrière qui vous ont particulièrement marqué ?

EYE : C’était justement notre dixième anniversaire, on s'est éclatées

En dix ans, beaucoup de groupes se séparent et cessent leurs activités, mais vous êtes toujours ensemble et en forme.

RIO : Il faut remercier nos fans pour leur soutien. C’est magnifique de pouvoir continuer à jouer ensemble en tant que groupe après dix ans, et c’est grâce à eux, nous leur en sommes très reconnaissantes. 

Où est-ce que vous vous voyez d’ici dix ans ?

SAKI : SHOW-YA disent qu’elles veulent continuer. Elles font partie du même groupe depuis 35 ans. Jouer 35 ans avec les mêmes membres est un exploit incroyable. Nous voulons faire pareil, continuer à jouer ensemble, c’est quelque chose qui nous tient à cœur. 

Et pour finir, est-ce que vous avez un message pour les lecteurs de JaME ?

SAKI : Nous avons beaucoup de projets pour l’avenir, alors restez avec nous et j’espère vous revoir très bientôt !

JaME remercie Mary’s Blood et Orion Live pour cette interview.


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