Live Report Exclusif

Asian Kung-Fu Generation en concert à Paris

04/12/2019 2019-12-04 21:58:00 JaME Auteur : Lucy C.H.

Asian Kung-Fu Generation en concert à Paris

Les mythiques Ajikan étaient en concert à Paris jeudi dernier - les ressentis de ceux qui étaient sur place.


© ASIAN KUNG-FU GENERATION - All Rights Reserved

Jeudi 28 novembre. Le boulevard de Clichy trépide avec sa foule disparate. Sous le Moulin, les néons ont jeté l’éponge depuis un moment - le nom de la célèbre revue apparaît déformé, soit quatre braves lettres rouge vif, soit trois lettres jaunes solitaires. La Féerie s’est ici couverte d’un voile un peu vieillot, où serait-ce une partie du fameux esprit bohème du quartier? A côté de ce symbole, usé et prosaïque comme la plupart des attractions parisiennes, une petite salle de concert quasiment inconnue du grand public. Il faut d’abord franchir le cordon des costard-cravates qui fument sur le trottoir en sirotant des verres hors de prix, puis traverser le bar, espace ordinaire à fauteuils en faux-cuir, puis pousser les lourdes portes du fond qui donnent sur le Saint Graal. 


La salle des Backstages est certes petite, mais c’est comme si le temps y était suspendu. Téléphones interdits, pas de barrières, nous sommes encouragés à nous entasser près de la scène, où des figures anthropomorphes testent déjà micros et amplificateurs. Les demoiselles montent sur le poteau de la colonne de son, la fosse se serre pour laisser passer notre photographe, aucun autre petit écran brillant qui tente d’enregistrer avec le numérique ce qui devrait être ressenti avec le tympan. Machine à remonter le temps, retour aux sources des gigs sauvages de la fin du siècle dernier ?


Les billets se sont vendus comme des petits pains quelques heures après leur mise en vente, l’espace est plein à craquer. Les visages qui attendent le grand moment sont bavards : ils viennent de Lille, de Marseille, de Belgique, d’Alsace... ils viennent parce qu’ils suivent le groupe partout en Europe, ils viennent parce qu’ils veulent écouter les génériques des séries animées de leur enfance, ils viennent parce qu’ils voyagent souvent en Extrême Orient, ils viennent du métal, du hip-hop, de la pop, des idoles. Asian Kung-Fu Generation, le groupe formé en 1996 à Yokohama, peut s’enorgueillir de la foule hétéroclite qu’il attire. La bonne musique alternative, c’est un peu ça : les arrière-salles, les arrière-cours, chaque espace creux habité par une pépite à laquelle il vaut le coup de tendre l’oreille, que ce soit un riff magistralement joué à la guitare par Kita, ou bien un acolyte qui nous raconte comment il s’est laissé entraîner vers l’univers du rock nippon.


Sur scène, même état d'esprit. Pas de froufrous, pas de flaflas. Masafumi Goto, le frontman et chanteur, ne s’embête ni à ranger de petites lunettes rondes ou des tenues sorties tout droit du catalogue Uniqlo de 1992, ni le franc sourire qui habite son visage sans âge. Kita, à sa droite, qui a probablement déjà passé la quarantaine, bouge avec l’engouement du gamin qui se lance dans son premier solo-garage de air guitar. Tout à gauche, Yamada n’a pas mine de rockstar mais sa basse est puissante et nette, mur porteur sur laquelle reposent les éléments plus fins de la sonorité de l’ensemble. Et nous peinons à voir Ijichi derrière sa batterie, mais nous l’entendons certes, pédales et baguettes qui percutent à la vitesse du son, roulements qui fouettent les tympans à coups de bruit et de fureur.


La setlist surprend : certes, Hometown (le dernier album du groupe paru en 2018) est le fil rouge, mais l’ensemble reste représentatif de la carrière de ce groupe hors norme, dans sa temporalité et dans sa nostalgie. C’est avec grand extase que la foule reçoit des titres de Sol-fa (2004), Fanclub (2006), Magic Disk (2010) où même Hokai Amplifier (2002), sans oublier des morceaux qui ont servi de générique à des animés incontournables, comme Rewrite (Fullmetal Alchemist, 2004), Blood Circulator (Naruto, 2014), et Re:re: (Erased, 2016). Un total de 19 chansons où règne distinctement le ressenti pop-rock, morceaux puissants qui jouent au cache-cache avec des ballades plus poignantes, le tout relié par un travail vocal à la fois mélodieux et cru. Tamisé, puis rauque. Velours, puis béton. C’est la spécialité de Goto, qui d’ailleurs se révèle un bon causeur. Il parle à peine la langue de Shakespeare et encore moins celle de Voltaire, mais il réussit à engager son auditoire avec simplicité et bonhomie. Il nous explique que la France est spéciale pour lui car son père avait un très bon ami français, qu’il a déjà joué à la Machine et au Bataclan, qu’il allait prendre le temps de visiter la ville lumière. Sait-on comment dire que quelque chose est très, très, très cool en japonais ? Mecha, mecha, mecha sugoi, selon lui, pour les linguistes parmi nous. 


A cette prestation déjà relativement longue selon la coutume japonaise se rajoutent les cris des acolytes, qui ont vu les heures voler là où il vole le temps bien passé, suppliant un rappel. Un rappel d’abord prononcé à la française, puis à la japonaise. En-co-ré, puisqu’il faut s’assurer d’être compris, peu importe le reste. Et si le public en demande, Ajikan assure. Nous finissons en beauté avec Kaigan Doori (notre coup de coeur de ce groupe et véritable manifeste contre la société de consommation), suivi de Soranin (Soranin, 2010) et de l’incontournable Haruka Kanata (Naruto, 2004), qui suscite toujours une tonnerre d’applaudissements de la part de ceux qui ont passé le virage du siècle plaqués devant leur télé, les yeux rivés sur le bonhomme à la combi orange.


"Qu’est-ce que ce groupe a de si spécial?" demandons-nous sur le chemin du retour en descendant les escaliers de la butte. Ce n’est pas un cas d’école de succès fulgurant puisqu’ils n’ont connu le feu des projecteurs que près d’une décennie après leurs débuts. Ce n’est pas de la frime non plus (nous pouvons vous dire que le merchandising et babioles proposés sur la petite table du fond nous auraient certainement coûté plus cher que toute la garde-robe du groupe lui-même). Et ce n’est certainement pas la sublime qualité littéraire des paroles, puisque nul n’en comprend assez pour chanter un refrain sans l’écorcher (ce qui d’ailleurs semble pas mal amuser ceux qui sont sur scène). Serait-ce la franchise et la spontanéité, voire la générosité d’un groupe qui prend un vrai plaisir à rencontrer ses fans français ? C'est bien ce qu’il nous semble. 


Pour les curieux ou pour ceux qui ont la mémoire courte, nous vous rappelons la setlist :


1. Clockwork (Hometown, 2018)

2. Hometown (Hometown, 2018)

3. Angou Waltz (Fanclub, 2006)

4. N2 (Landmark, 2012)

5. Siren  (Solf-fa, 2004)

6. Easter (Wonder Future, 2015)

7. Senseless (Fanclub, 2006)

8. Standard (Wonderfuture, 2015)

9. Blood Circulator (Blood Circulator, 2016)

10. Circus (Hometown, 2018)

11. UCLA (Hometown, 2018)

12. Walk in the wild land (Kouya Wo Aruke, 2017)

13. A lost dog and beats of rain (Magic Disk, 2010)

14. Re:Re (Sol-Fa, 2004)

15. Yellow (Can’t Sleep, 2018)

16. Rewrite (Sol-fa, 2004)

17. The survivor’s march (Best hit AKG, 2013)

18. Living Now (Ima o Ikite, 2013)

19. Boys & Girls (Hometown, 2018)


----------- encore ----------


20. Kaigan Doori (Sol-Fa, 2004)

21. Soranin (Magic Disk, 2010)

22. Haruka Kanata  (Hokai Amplifier, 2003)

 







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