Entrevue avec Yoko Hamasaki

C'est au début du mois dernier que Yoko Hamasaki, chanteuse principale du groupe URBANGARDE, a dévoilé non pas une mais deux sorties en solo. La première est une version remastérisée de son premier album Film noir (2010) et aujourd'hui intitulé Film noir ultime, et quant à la seconde il s'agit de son troisième album : BLIND LOVE. JaME s'intéresse aux idées créatives et décisions cachées derrière ces deux albums au cours d'une entrevue avec la chanteuse de J-pop sensuelle.

Quel a été votre développement personnel en tant qu'artiste avant l'aboutissement de votre troisième album Blind Love ?

Hamasaki : J'ai l'impression d'avoir évolué de bien des manières. Mon approche concernant l'écriture des paroles a changé du tout au tout par rapport à avant et je suis plus disposée à insuffler mes véritables sentiments dans les mots, même quand je me sens très vulnérable.

Qu'est-ce qui vous a incité à remastériser votre premier album Film noir pour donner Film noir ultime ?

Hamasaki : Film noir continue d'être une part importante de mon histoire personnelle, toutefois durant la préparation de BLIND LOVE j'ai voulu saisir l'opportunité de présenter mon travail passé sous un nouveau jour. Maintenant quand vous écoutez l'album, vous voyez qu'il s'intègre mieux avec mon style de production actuel.

Comment s'est passée votre collaboration avec le producteur Toshiki Kadomatsu ?

Hamasaki : J'ai été très heureuse d'avoir la chance de travailler avec M. Kadomatsu ; à l'origine, ma mère était fan de lui et j'ai grandi en écoutant sa musique quand j'étais plus jeune. M. Kadomatsu est un musicien et un chanteur incroyable. Notre collaboration m'a fait prendre conscience de ma propre gamme musicale. C'était comme voir une chanson de ma création porter des vêtements auxquels je n'avais jamais pensé et qui lui allaient immédiatement à ravir !

Vos nouveaux clips sont présentés dans un cadre carré et la vidéo de FORGIVE ME alterne les encadrés carrés et rectangulaires. Qu'avez-vous à dire sur le style visuel de vos nouveaux MVs ?

Hamasaki : Je pense avoir créé une esthétique unique. Nous avons discuté des thèmes contenus dans les paroles et le réalisateur du clip a développé l'aspect visuel pour qu'il se fonde parfaitement dans la musique. Je ne pense pas que les chansons auraient eu le même impact émotionnel de toute autre manière que ce soit.

Quelle est la symbolique du pitaya que vous tenez dans la vidéo de BIBLE ?

Hamasaki : C'est un symbole qui s'accompagne d'un impact à la fois en monochrome et en couleur. J'aimerais que les gens lui trouvent une signification qui leur est propre lorsqu'ils visionnent la vidéo, quand la musique et les images ne font plus qu'un. Ce sera vrai quoi qu'ils décident.

Quel est le lien entre le concept terrestre d'amour et le divin dans BIBLE ?

Hamasaki : La Bible est quelque chose qui représente les règles pour beaucoup de personnes, n'est-ce pas ? On en vient à penser : quelles sont mes propres règles ? Y a-t-il une loi créée par une puissance supérieure et qui génère des personnes comme moi ? Au moment d'écrire cette chanson, j'ai pensé à la Bible au sens d'un amour intense où le "vous" brûle de part en part le concept du "moi" et détruit ce qui a été conçu pour former quelque chose de nouveau.

Que pouvez-vous nous dire de la conception de la moralité du personnage central de FORGIVE ME ?

Hamasaki : Je comprends le réflexe de considérer le "professeur" dans les paroles comme un adulte dans un contexte scolaire, et donc pourquoi les gens portent un jugement là-dessus. Mais pour moi, le "professeur" est quelqu'un que vous rencontrez et qui dispose d'une plus vaste expérience de la vie. Cela fait de l'élève quelqu'un qui se sent disposé à voyager en direction de moments nouveaux et inconnus sans catégoriser ces choses comme étant "correctes" ou "mauvaises". La moralité est créée par les personnes qui regardent et non pas par celle qui vit l'expérience.

JaME aimerait remercier Yoko Hamasaki et Resonance Media de lui avoir accordé cette interview.