Tout débute avec une idée, une envie, une image. Jojo Hiroshige, alors lycéen dans les années 70, est familier avec la musique de Morita Douji, qu'il écoute à l'occasion dans des cafés à Kyoto, chez lui, il improvise déjà à la guitare et se tourne tout naturellement vers le noise. Dans sa tête, une idée s'est formée, celle d'interpréter les compositions de la chanteuse dans un environnement bruitiste et chaotique. En 1990, il rencontre Mineko Itakura à un concert de son groupe à peine formé, Angel'in Heavy Syrup. Cela éveille quelque souvenir chez Jojo, et une idée jusque-là enfouie au fond de lui revoit le jour, la voix qui se posera sur les compositions de Morita Douji, celle qui lui rendra honneur, se révèle enfin. Dans la foulée, il devient producteur du trio (puis quatuor un peu plus tard) de la demoiselle et sort leur premier album en 91 sur Alchemy Records.
Les arrangements sont assez vite terminés, une première sélection de 3 titres passent à la moulinette noise de la machine Slap Happy Humphrey. Les paroles restent inchangées, la musique aussi, quelques légères modifications cependant pour laisser de l'espace aux délirants apostrophes bruyants du père Jojo. À la guitare sans fil, on retrouve Hiroaki Fujiwara œuvrant pour Subvert Blaze, également signé chez Alchemy, qui fait résonner de ses cordes au son cristallin les quelques accords des compositions originales. Mineko chante la douleur et la tristesse que Morita Douji avait tant d'aisance à faire véhiculer. Sa voix comme vaporeuse se marie aux notes et accomplie avec grâce ce que l'on espérait : une jolie reprise, tout simplement.
L'on suppose la première apparition du groupe sous forme enregistrée en '92 avec la participation à la compilation Aiyoku Jinmin Battle Royal, compilation consistant en quelques reprises d'artistes nationaux et internationaux, tels que Can, Black Sabbath, Mari Sono, Masahi Sada, Elvis et bien sûr Morita Douji, reprises, donc, réalisées par les artistes de chez Alchemy, à savoir T.Mikawa, Miyu Uemura, Monsieur Tsuyama Atsushi, Aja Gong, Great Muda, Jojo, Hiroaki Fujiwara et Mineko (sous le nom Slap Happy Humphrey, évidemment).
Mais revenons à nos moutons, il y avait donc 3 titres, l'un paru sur la compilation, Gyakkosen et les deux autres, parus sur le petit EP Chiheisen sorti en 93/94 aux zuhéssa sur le label Public Bath. Cet EP contient Chiheisen, donc, ainsi que Sentimental Street. Bien évidemment, pas besoin de le sortir sur l'archipel, puisqu'un album sort quelques mois plus tard : Slap Happy Humphrey, contentant ces deux titres et une trouzaine d'autres, sur Alchemy et la même année, chez Public Bath de l'autre côté de l'eau.
Quelques fâcheux problèmes avec les avocats de la dame forcent les bonshommes à retirer les disques de la vente. En résultera une fascination de la part des fans, pour un disque quasi (on peut tout de même, avec un peu d'effort) introuvable. Les activités du groupe sont à ce jour complètement nulles, forcément, mais peut-être que si les avocats se dérident un peu on peut espérer revoir un jour les disques, dans de toutes nouvelles et belles éditions.
