Chronique

ZIGZO - THE BATTLE OF LOVE

02/11/2012 2012-11-02 05:00:00 JaME Auteur : Mainmain

ZIGZO - THE BATTLE OF LOVE

La bataille sera rude pour obtenir l'amour des fans.


© JaME
Album CD

THE BATTLE OF LOVE

ZIGZO

Après presque dix ans d'absence, ZIGZO se reforme en 2012 afin de parader à l'Akasaka Blitz pour une nuit intitulée THE 2nd SCENCE ZIGZO. Pour coïncider parfaitement avec la sortie d'un vrai nouvel album, la tournée à venir lui emprunte son nom, THE BATTLE OF LOVE. Au sommaire, quatre artistes ayant vécu ce que beaucoup considèrent comme l'envol du visual kei, le début des années 90. On retrouve notamment Ryo et Den, respectivement guitariste et bassiste, ex- et actuels membres de BY-SEXUAL, une formation de punk elle aussi repartie tout récemment sur les scènes du Japon après une longue ellipse. Vient ensuite le jeu de batterie détonant de Sakura, premier batteur de L'Arc~en~Ciel et également en poste chez BY-SEXUAL, tiens donc. On conclut avec Tetsu Takano, la première voix de MALICE MIZER, très vite éclipsé par ses successeurs, mais caractéristique d'une époque à part, et par la suite connu pour son entrée de plain-pied dans le punk avec Nil.

Ce qui étonne quand on lance ce disque, c'est la grande part - que l'on pourrait écrire avec une majuscule - accordée à ce genre, lâché par des chanteurs à la voix tellement éraillée à force de gueuler qu'ils transfigurent soudainement le message qu'ils délivrent. Pas tellement étonnant quand on voit le line-up qui a quand même pas mal donné dans ce style ! Au travers de la déferlante de talent qui prend place dans cette suite de douze pistes, c'est un peu de passé qui se joint à un présent sous hormones de croissance pour vieux contestataire, sans jamais céder au remplissage. Une ballade mollassonne peut-être ? Jamais ! On préfère privilégier le 4/4 et un tempo bien bâti qui tape du pied, des refrains chantés en chœur pour un effet bœuf immédiat, et Sakura qui se défonce même sur les morceaux les plus simples et sort de son drumset un son grondeur envahissant, en fusion avec la ligne de basse. Les guitares ne sacrifient pas la musicalité à leur devoir rythmique, les compositions catchy sont ainsi barbouillées de riffs entraînants et de petites inventions amusantes. Ainsi, ça et là on retrouve quelques chansons presque hors-sujet, I'm in Love se taille la part du lion de la composition entraînante avec un petit riff de guitare moqueur arpégé et un refrain qui passerait pour ridicule chez The Cro-Magnons, un autre groupe de punk au chanteur cinglé, c'est la base dans le genre.

Ce qui surprend enfin, c'est l'importance accordée à Tetsu. Un superband tel que ZIGZO se devait, comme au temps jadis, de mieux gérer son statut et plutôt que de bien le répartir, l'essentiel du travail d'écriture semble avoir été confié au chanteur. Le résultat : la formation ne sonne plus comme avant sa séparation. Logique dans un sens, puisque dix ans se sont écoulés et que d'autres plus influents et attendus que ça s'y sont cassé les dents. C'est donc ici que se situe la faiblesse de ZIGZO, celle d'être un énième super-groupe au son bien trop posé et pas assez nourri d'influences. Là où l'on aurait pu espérer un melting-pot impressionnant de punk et de pop comme avant la dissolution, une véritable représentativité des membres, de l'expérimentation pourquoi pas, c'est en réalité un album de Nil avec un line-up différent que nous tenons entre nos doigts. Bien sûr, il reste la petite touche personnelle accordée à de trop rares instants : le solo de guitare sèche à la mode gitane dans Medicine Man est vraiment inattendu, la courte introduction de guitare de Honoo na aoku yuru qui ferait blêmir d'envie Mana et son floyd, et que dire de Madamada qui clôt l'opus en toute originalité avec un jeu de guitare sexy ! Cependant si vous écoutez plus avant la discographie de Nil, vous ferez bien vite le rapprochement. Ce n'est pas non plus comparable à la violence de Karasu no Me ou de Don't Leave me Alone, Not!, mais il vous faudra quelques secondes d'écoute à peine pour vous faire une idée. Toutefois cette faiblesse reste une force en soi puisque ce son formaté n'en paraît que plus homogène. Rarement un revenant aura livré pareil retour sur scène !

L'élément principal qui pourrait nuire à la réception de cet album c'est encore la voix si particulière de Tetsu. Cet organe aigu pourra en agacer certains, autant voire plus que durant sa période MALICE MIZER. Depuis qu'il a repris la musique avec ZIGZO, sa voix s'est affirmée en conservant ce côté dissonant qui lui sied bien et il aime bien forcer dessus quand la musique le demande, ce qu'elle fait souvent ! Le mélange de rock et de punk emporté par ce groupe que l'on constate soudé et cohérent force le respect et pas la moindre fausse note ne filtre dans THE BATTLE OF LOVE. Certains regretteront l'absence du jeu tambour battant de Sakura ou celle de morceaux pop-punk emblématiques qui pourraient remplacer Tonight, I will fall ou Himawari. Cependant, les jeunes loups du milieu ont bien du souci à se faire quand une telle qualité les guette du coin de l’œil !
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